Algérie - A la une


Pages de résistance
La guerre de Libération algérienne contre le colonialisme français a inspiré des milliers d'ouvrages. Dans ce maquis de références, Nicolas Aubert, auteur de Editeurs et éditions pendant la guerre d'Algérie, 1954/1962, montre dès l'introduction que ce conflit a intéressé les éditeurs de toutes les tendances présentes dans le champ politique français.Personne n'avait le monopole de cette thématique malgré des frilosités dans l'engagement en faveur de l'indépendance de l'Algérie. Pour montrer l'ampleur des ouvrages consacrés à la Révolution algérienne entre 1954 et 1962, l'auteur parle de plus de mille titres publiés durant cette période : 15% de 1954 à 1956 ; 35% de 1957 à 1959 et 50% de 1960 à 1962.L'auteur analyse ces chiffres en ces termes : «Ces trois périodes présentent une unité du point de vue de la configuration du champ éditorial et de la radicalisation des débats, accrue à compter de la Bataille d'Alger, puis des premiers discours gaullistes relatifs à l'autodétermination». Cette masse importante d'ouvrages donna à la cause algérienne une grande visibilité et suscita un large mouvement de sympathie autour des malheurs vécus par les Algériens durant la guerre.A la fin de ce remarquable travail de thèse, le lecteur se trouve en possession d'une mine d'informations sur tout ce qui a été publié, y compris du côté du mouvement national pour accélérer la politisation du peuple et la prise de conscience révolutionnaire. Et, dans le même esprit de cette bibliographie, riche par ses références et thématiques, on peut lire un livre très important de l'époque sur la torture qui vient d'être réédité, La pacification, livre noir de six années de guerre en Algérie, du défunt HafidKeramane. Il faut rappeler que La pacification a été publié la première fois en 1960 aux éditions de La Cité-Editeur. Ouvrage fondateur, car il n'a pas perdu de son actualité et de son originalité. A l'indépendance, Hafid Keramane se verra refuser d'être accrédité en tant qu'ambassadeur d'Algérie en France à cause de ce brûlot contre des pratiques honnies de l'armée coloniale en Algérie. Dès le premier chapitre, l'auteur explique quelles sont les méthodes et les instruments employés pour rendre la torture efficace.Ainsi, cette pratique barbare se décline de différentes façons en commençant par l'utilisation de l'électricité qui offrait aux tortionnaires l'avantage de ne pas laisser de traces durables. Mais il y avait aussi les supplices à l'eau, au feu et au fer, sans oublier celui de la corde où le prisonnier est suspendu, les mains et les pieds liés. L'auteur évoque aussi les supplices psychologiques pour ébranler le résistant et le faire craquer. L'auteur n'omet pas de citer les lieux de la capitale où la torture se pratiquait, à savoir la villa Sésini, la villa Esso, ou les abris du ravin de la Femme sauvage.Après avoir rappelé le contexte dans lequel se pratique la torture, Hafid Keramane, dans un chapitre intitulé Mon passage chez les parachutistes, donne la parole à une victime arrêtée le 4 février 1957 par les parachutistes du colonel Bigeard. Le lecteur tressaille d'effroi devant tant d'horreur et de sauvagerie. Le livre fourmille d'informations sur les disparus et propose une étude approfondie sur le droit international et son traitement de la question de la torture. Pour sa part, Salah Laghrour propose une autre thématique liée à la guerre de Libération, à savoir une biographie consacrée à son frère aîné et intitulée AbbèsLaghrour, du militantisme au combat, Wilaya I (Aurès-Nemamchas). Cette biographie comporte des témoignages de compagnons d'armes de ce grand révolutionnaire, des documents, des souvenirs familiaux et de nombreuses photographies. On apprend que Abbès Laghrour, né en 1926 à n'Sigha, tout près de Khenchela, a fréquenté l'école coranique et l'école publique. L'instruction lui permet de mieux comprendre la situation des Algériens à l'époque. Il intègre rapidement les rangs du PPA/MTLD et milite dans ce parti jusqu'à la scission entre centralistes et messalistes et la création du CRUA.Suite à la réunion historique du comité des vingt-deux, le 25 juillet 1954 à Alger, qui décide du déclenchement de la lutte armée à partir du 1er Novembre 1954, Abbès Laghrour est nommé à la coordination générale des actions et liaisons avec Ben Boulaïd pour le transport des armes et l'obtention des dernières instructions. Il aura aussi le privilège de déclencher la lutte de libération au niveau de la ville de Khenchela en s'attaquant au commissariat de la ville.Le commando désigné pour cette opération réussira sa mission. Après la disparition de Mostefa Ben Boulaïd, la Wilaya I a connu quelques problèmes dus à la succession de ce grand moudjahid. Abbès Laghrour essaya de trouver des points de convergence entre les protagonistes avant d'être tué dans des circonstances non élucidées. Ces trois essais apportent aux passionnés de l'histoire algérienne et, éventuellement aux chercheurs, des éclairages et des informations d'une grande importance sur la guerre de Libération nationale que l'on n'a pas fini de défricher.





Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)