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Oum El Bouaghi et Batna votent Bouteflika


Oum El Bouaghi et Batna votent Bouteflika
A. LemiliBizarre cette attitude d'un chef de centre de vote situé en plein centre-ville. Ledit personnage n'avait pas trouvé mieux que d'enfermer à double tour fonctionnaires de l'administration et représentants des candidats dans chaque bureau. Etrange également cette autre attitude d'une vingtaine de policiers, harnachés jusqu'aux dents, dressant une barrière humaine à l'entrée d'un autre centre de vote, celui-là à une trentaine de mètres et de la wilaya et du siège de la sûreté de wilaya et interdisant tout accès aux personnes étrangères. Pourtant, selon les assurances données suite à un communiqué du ministère de l'Intérieur, relayé par celui de la Communication, l'accès aux bureaux de vote lors du dépouillement devait ou sinon pouvait être public. À Batna, cela n'a pas été le cas, du moins pour trois centres de vote autour desquels nous avons gravité et comme ils s'en trouvaient...385 répartis sur l'ensemble des 61 communes.Bien entendu, cela n'induit pas une sorte de conspiration contre un candidat ou un autre et par voie de conséquence à l'orchestration d'une fraude générale. Loin, s'en faut, puisque pour ceux parmi les citoyens qui insistaient et pour certains avec force véhémence, aussi bien les chefs de centre, qui ne faisaient personnellement que dans l'excès de zèle, que les éléments des services de sécurité appréhendant visiblement, et c'était d'ailleurs dans l'air du temps dans la capitale des Aurès, une réaction populaire suggérée à satiété à travers les médias durant les dernières quarante- huit heures ayant précédé le vote.Quoiqu'il en soit, il fallait se rendre à l'évidence, la wilaya de Batna, que l'opinion nationale donnait pour acquise à Ali Benflis, allait démentir toutes les analyses politiques possibles et surtout apporter, d'une part, la preuve de la conviction d'une partie, pour ne pas dire d'une majorité, des électeurs de voter pour le président en exercice et, d'autre part, et de manière générale de la volatilité d'une autre partie d'un électorat dont il relève de la gageure de cerner le fonctionnement mental tant qu'il ne se trouvera pas seul dans l'isoloir.Cette volatilité est telle d'ailleurs que seulement 42,47% des632 253 électeurs inscrits, dont 46,01% de femmes, ont fait le déplacement. C'est dire que finalement le grand gagnant aura été l'abstention.Au fur et à mesure que nous arrivions à faire parler des passants dans la rue et/ou des personnes entrant ou sortant d'un centre de vote, toutes sortes d'interprétations anticipées des résultats du vote ou sinon des explications nous étaient fournies par nos interlocuteurs sur «l'impossibilité d'une victoire de Benflis à Batna». «Il n'y a que trois communes où Benflis pourrait être assuré d'une avance sur Bouteflika, il s'agit de Ras El Ayoun, Takhout et éventuellement Batna», nous dira un journaliste à la retraite enchaînant : «L'explication est vraiment très terre-à-terre, les populations de ces trois communes ont un sens de l'honneur hors du commun, celui lié à leur identité. Or, cet honneur a fait l'objet d'une agression verbale d'un grand commis de l'Etat et qui plus est collaborateur le plus proche du président candidat. Dès lors, il fallait s'attendre à une réaction d'hommes. Sinon, je crois que pour le reste des communes, je n'hésiterais pas à vous dire que leurs habitants ne voteront pas forcément pour Benflis, qu'ils n'ont d'ailleurs pas dans le c?ur. Celui-ci est plutôt considéré comme un... arabe (sic).»Cela expliquerait-il, alors, cette autre réaction des représentants de Benflis dans les bureaux de vote au moment du dépouillement où, étonnés, ils voyaient défiler par tranches les bulletins en faveur du président en exercice. «Ce sont les voix des femmes... des femmes achetées avec la pension qui va leur être allouée prochainement par l'Etat.» Il s'agit bien entendu du projet social consistant à mettre en place une assistance financière mensuelle au profit des femmes divorcées, veuves ayant en charge des enfants mineurs. S'agissant d'un vote de femmes, l'affirmation est plus que plausible, sauf qu'elle est autrement interprétée par d'autres gens : «Les femmes votent massivement dans la région, il est possible comme vous dites qu'elles aient fait le choix de Bouteflika, mais ce n'est très certainement pas pour la personne elle-même, mais pour tout ce qu'elle porte en elle de symboles, notamment la stabilité. C'est à la limite plus une réaction instinctive de mère à l'endroit de sa progéniture que de citoyenne au fait de ses droits ou encore de militante d'une quelconque cause.»En conclusion, tous les scénarii faits autour d'une escalade dans la violence en cas de victoire d'Abdelaziz Bouteflika n'ont pas eu lieu. La ville de Batna ayant été baignée de la plus grande sérénité et même d'un air de fête tout au long de la journée, la nuit aura été de même et seuls des grappes d'enfants s'en donnaient à c?ur joie dans des parties homériques de football sur tout espace qui s'y prêtait pour la circonstance.C'est pratiquement le même scénario qui s'est déroulé à Oum El Bouaghi, une wilaya qu'on aurait dit en marge du temps compte tenu de la distance que semblaient avoir ses habitants par rapport à l'évènement. 43,57% des Canrobertistes se sont exprimés, sur 407 251 électeurs inscrits répartis sur 29 communes, 243 centres de vote et 877 bureaux, et ont également fait le choix d'Abdelaziz Bouteflika à hauteur de plus de 54,11%. Le président en exercice distançant largement celui qui était présenté comme son outsider direct, en l'occurrence Ali Benflis qui totalise 38,74% loin devant Touati 0,43%), Rebaïne (1,14%), Hanoune (1,22%) et l'étonnant Belaïd Abdelaziz avec 4,36%. À Oum El Bouaghi, Benflis a remporté selon les premiers résultats trois communes, en l'occurrence Aïn Babouche, Djezia, Bir Chouhada.Il y a lieu de rendre hommage à la disponibilité des cellules de communication mises en place par l'administration pour assister les correspondants de presse avec une mention particulière pour celle d'Oum El Bouaghi, dont l'animateur, en l'occurrence Amokrane N., n'a eu cesse de se démultiplier pour faciliter au maximum la tâche de ses confrères, venus très souvent de loin pour couvrir un évènement exceptionnel et d'autant plus qu'il se déroulait dans une partie du territoire arbitrairement répertoriée comme région-test d'une élection qui a finalement ressemblé à celles passées.A. L.


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