Omar Aktouf, professeur à HEC Montréal, à Tamanrasset

L'exploitation irrationnelle des richesses naturelles a été présentée, hier, lors d'une conférence-débat animée au siège de l'APW de Tamanrasset par Omar Aktouf, professeur à l'Ecole des hautes études commerciales (HEC) de Montréal (Canada), comme un véritable problème de gouvernance à l'échelle mondiale, mais particulièrement en Algérie qui reste toujours tributaire des hydrocarbures après plus d'un demi-siècle de tentative de diversification économique. L'auteur des livres Halte aux gâchis et La stratégie de l'autruche, publiés respectivement en 2008 et 2002 aux éditions canadiennes, revient sur les risques qui menacent l'économie nationale basée sur des principes et des inventions purement occidentaux, lesquels consistent à "concevoir de la terre un stock infini de richesses pour un maximum de dollars. Pour l'Américain, un arbre n'a de sens que s'il est coupé et transformé en argent. Ce qui se passe au Mexique ou en Amazonie en est un exemple éloquent. C'est une calamité irréversible. On a malheureusement fait de la terre une série de stocks pour en extraire le maximum de richesses. C'est complètement idiot", a-t-il laissé entendre devant une assistance nombreuse constituée d'entrepreneurs, de directeurs de l'exécutif et de responsables d'agences de voyages.Tout en s'appuyant sur l'approche du père de l'économie politique, Adam Smith, le conférencier a été virulent quant aux opportunistes qui tentent de transformer les créateurs de la pensée managériale et l'approche organisationnelle dans le but de plaire à leur clientèle. "Actuellement, les écoles de business ne s'adonnent qu'au business, contrairement à d'autres universités qui consacrent plus de 30% de leur programme aux études anthropologiques, philosophiques et littéraires à l'effet de développer chez l'étudiant l'esprit de la critique et la conception scientifiques, et non de l'inciter au business, ou encore de devenir un simple cadre employable. Les universités doivent former des intellectuels capables de débattre des problèmes et des situations multisectorielles, ainsi que parvenir à critiquer objectivement le pouvoir en place". M. Aktouf a disserté longuement sur les facteurs déterminants de la constitution de richesse en exposant les vertus et l'efficacité du célèbre exemple de la manufacture d'épingles d'Adam Smith relatif à l'accumulation du cycle de croissance dans la pensée capitaliste. Il est utile de noter que cette rencontre, initiée par le comité local de l'Union générale des entrepreneurs algériens (UGEA), s'inscrit dans la perspective de développer les canaux de communication entre le centre universitaire de Tamanrasset et les grandes universités canadiennes.R. K.