Mohammed Abassi se rappelle de son frère et de ses deux filles

La démarche plus que louable de l'Association de Taourirt a été saluée par Abassi Mohammed qui, arrivé à Reggane après plusieurs d'années d'exil en France, s'est engagé malgré lui dans la défense des victimes des essais nucléaires. Il fut expulsé vers Algérie le 13 juin 1970 parce qu'il a tout simplement refusé d'accomplir les obligations militaires françaises.«Je me suis dit tant mieux, puisque j'ai toujours souhaité retourner au bercail pour connaître mon père, en plus du fait que Mohammed n'a jamais été français. J'étais agréablement accueilli à l'aéroport par ma famille qui me manquait terriblement. En arrivant à Reggane j'ai pu décrocher un poste d'emploi à l'unité de l'Office des fruits et légumes d'Adrar (OFLA), lequel produisait jusqu'à 250 tonnes de tomates par jour que l'Algérie exportait vers la France et le Canada», se souvient-il.Au fur et à mesure que les années passaient, les terres devenaient stériles et impropres à toute forme d'exploitation. D'où l'explication de la baisse vertigineuse de la production des fruits et légumes dans la région. A cela s'ajoute l'apparition de beaucoup de maladies, des malformations f?tales et de nombreux cas de leucémie. «J'ai eu deux filles, Rafika et Khadidja, nées avec une malformation. Je les ai perdues toutes les deux quand elles avaient atteint l'âge de 14 ans.Mon frère, Djelloul, qui travaillait pour le compte d'une entreprise de vente de matériaux provenant de Hamoudia - site de l'explosion de la première bombe atomique aérienne française au Sahara algérien, le 13 février 1960 - est décédé des suites d'un cancer. Ce n'est qu'à partir de ce moment-là que je me suis rendu compte de l'origine de ces maladies et de ces décès», raconte douloureusement Mohammed.«Les Français ne nous reconnaissent pas pour la simple raison qu'on n'a été inscrits sur le registre de l'état civil qu'après la fin de ses expériences nucléaires. Le pays de Charles de Gaulle a su planifier ses opérations dont les conséquences se répercutent gravement sur la santé de la population à nos jours et pour des milliers d'années à venir», dénonce notre interlocuteur.