Algérie - Sidi Abou Ishaq Ettayar

MARABOUT DE SIDI BOU ISHAQ ET-TAYAR



Les ruines énigmatiques de ce petit monument occupent un tertre près d'une source, à gauche et aux trois quarts de la rente qui, à travers d'anciens cimetières, conduit à Sîdi Bou-Médiène. On peut les considérer comme une annexe de ce village. Elles remontent vraisemblablement au début du XIV siècle et l'édifice dont elles sont les restes dut faire partie d'Eubbâd es-Sefli. Ces ruines se composent d'abord de quatre arcades en briques, groupées de manière à former un quadrilatère. Une cinquième arcade s'appuyant au pilier Sud-est du quadrilatère, indique l'existence antérieure d'un second quadrilatère prolongeant à l'Est le premier; des substructions de murs dessinent encore le carré sur les trois autres faces. D'autre part, une amorce d'arcade parfaitement visible au milieu de la face Ouest du pilier Sud-ouest fait supposer qu'un troisième quadrilatère prolongeait vers l'Ouest le monument. Enfin, à l'extrémité Est de la cinquième arcade, maintenant isolée, un mur de 3 mètres part transversalement dans la direction du Sud. Un pignon presque intact le surmonte, et une porte basse le perce; l'arcade brisée de celte porte est décorée sur la face extérieure par une succession de très jolies découpures à festons et à lambrequins indiquant une bonne époque de l'art moresque; les arcades du monument, qui ont l'orientation Est-Ouest, sont brisées; celles qui ont l'orientation Sud-Nord sont en plein cintre.
L'eau d'une fontaine, adjacente aux ruines des substructions qui dessinent le quadrilatère oriental, s'écoule dans des bassins de pierre grossièrement creusés.
Quelle put être la destination primitive de ce petit édifice, qui passe, d'après la tradition, pour contenir les restes de Sidi-Bou-Ishâq et-Tayyâr(1). Fut-il tombeau ou oratoire? La présence de pierres tumulaires dans le quadrilatère, qu'une coupole pouvait recouvrir semblerait s'accorder avec cette tradition. Mais le niveau assez élevé qu'occupent aujourd'hui les châhed dont nous parlons ne permet pas de supposer qu'ils soient ceux du saint en l'honneur de qui fut élevé le monument. On peut affirmer, dans tous les cas, qu'il y eut là une de ses superpositions de sépultures dont les exemples sont si fréquents. Mais, l'importance des dépendances pourrait faire voir dans ces ruines les restes d'un petit oratoire(2); les tombes, aujourd'hui apparentes, occuperaient le sol d'une ancienne mosquée (3). Les substructions du mur oriental du deuxième quadrilatère offrent une échancrure fort visible: ne marquerait-elle pas l'emplacement d'un ancien mihrâb, orienté à l'Est-Sud-est comme ceux des anciennes chapelles d'Eubbâd es-Sefli? D'autre part, Duthoit dit que l'arc oriental (il désigne vraisemblablement par là la petite porte basse du mur transversal à pignon) faisait communiquer la salle couverte avec une cour. La position de la fontaine, affectée primitivement aux ablutions, se trouverait ainsi expliquée.
Mentionnons, enfin, la présence, dans un champ situé à quelques mètres au Sud-est de cet édifice, de ruines en pisé qui nous révèlent l'existence à cette place d'un bâtiment assez considérable.
Des fouilles seules, en amenant la découverte de débris ou d'inscriptions, pourraient fixer définitivement sur le plan et l'emploi primitif de ce petit monument.


NOTES :
1- Le Bostân (notre manuscrit, p. 112), dit de ce personnage « Ibrahim le secours suprême, c'est-à-dire Abou-Ishàq et-Tayyàr, est un des plus grands saints. Il mourut avant la fin du VII siècle de l'Hégire. Son tombeau à El- Eubbâd est fort visité et bien connu par ce fait que les vœux formés auprès de lui sont exaucés. » Le nom A'Et-Tayyâr « le volant » aurait été donné à ce personnage parce qu'il avait la faculté surnaturelle de voler en l'air (Cf. Gold- ziher. Moham. Studien, II, p. 294). D'autre part, Brosselard (Revue africaine, août 1859, p. 413, note 2), le confond mal à propos avec Abou-lsliàq-lbrâhim- et-Tenesi mort sous le règne d'Abou-Said Otsmàn et sur lequel on peut consulter Histoire des Beni-Zeiyân (p. 23 et suiv).
2- Le Bostân cite une mosquée de Sidi ET Tayyàr mais sans autre indication (notre manuscrit, p. 189).
3- Comp. Doutté, ap. Journal asiatique, [W)'l, p. 180.




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