Algérie - Elections législatives, parlementaires

Maghreb - Elle vient de réussir une élection saluée dans le monde entier: La Tunisie et nous



Maghreb - Elle vient de réussir une élection saluée dans le monde entier: La Tunisie et nous




Maintenant que notre voisin de l’Est a réussi son expérience, les Algériens sont nombreux à s’interroger aujourd’hui sur la possibilité de voir cette expérience reproduite en Algérie.

Le passage avec succès de l’examen démocratique en Tunisie, une première dans le monde arabe, continue de susciter des commentaires des plus élogieux à travers le monde.

La mission d'observation électorale de l'Union européenne a salué hier des élections “crédibles et transparentes”, des qualificatifs rarement utilisés lorsqu’il s’agit d’observer certaines élections dans d’autres pays arabes ou africains. Encore faut-il qu’ils y soient admis en nombre et en qualité!

La Tunisie a réussi là où beaucoup de pays arabes ont échoué: s’essayer à un exercice démocratique avec un effort soutenu de la classe politique et de la société civile.

En attendant l’évolution politique du pays pour les prochaines années, force est de constater que les Tunisiens ont visiblement su tirer les leçons des expériences douloureuses vécues par d’autres pays, comme l’Algérie, l’Égypte, ou encore la Syrie.

Ni les menaces terroristes ni la diabolisation de l’islamisme, encore moins les difficultés économiques n’ont détourné les Tunisiens de l’essentiel: engager le pays sur la voie démocratique.

Parce que l’expérience peut désormais constituer un modèle, dans un pays qui n’a pas spécialement pourtant de traditions ou de culture démocratique — un argument avancé par Bouteflika pour justifier la politique qu’il avait adoptée dès sa prise de pouvoir en Algérie —, que l’on se met déjà à rêver si l’Algérie, dont l’expérience fut catastrophique, est en mesure d’organiser une transition à la tunisienne.

À voir les réactions de nombreux internautes sur les réseaux sociaux, les commentaires des éditorialistes, on conclut que les Algériens nourrissent beaucoup de frustrations. Dès lors, la question coule de source. Cette expérience peut-elle avoir un impact sur le Maghreb et sur l’Algérie en particulier?

“À court terme, certainement aucun. Un impact est possible si l’ensemble des régimes en place évolue vers des processus de démocratisation. Car il n’y a aucun exemple, dans l’histoire des blocs régionaux, de cas d’intégration régionale entre des régimes non démocratiques”, soutient Louisa Dris-Aït Hamadouche, professeur à la faculté des sciences politiques d’Alger.

Il reste que pour certains politiques, la Tunisie est un exemple à suivre.

“Les élections législatives en Tunisie constituent, pour les gouvernants politiques algériens, un parfait exemple à méditer et une source d’inspiration dont ils devraient tirer profit”, estime l’ancien chef de gouvernement, Ali Benflis, leader du Front du changement.

Les Tunisiens, soutient-il encore, “ont apporté la démonstration irrécusable qu’une transition démocratique ordonnée et apaisée est possible et qu’elle est à la portée de ceux qui y croient et œuvrent avec sincérité à son avènement”.

Selon lui, la réussite des élections législatives en Tunisie “ôte définitivement des mains des gouvernants politiques de notre pays l’argument spécieux de l’échec des processus démocratiques dans les États arabes”.

Faut-il pour autant s’attendre à ce que l’exemple tunisien ait des chances de se reproduire en Algérie?

Pas si sûr pour plusieurs raisons. En plus des différences dans l’évolution historique et sociologique des deux pays, il y a lieu de noter que l’armée ne constitue pas la colonne vertébrale du régime tunisien. Même le régime policier érigé par Ben Ali, et qui semble avoir inspiré Alger ces dernières années, n’a pas déstructuré les espaces d’organisation de la société civile. À l’inverse de la police politique en Algérie qui a détruit tous les cadres d’organisation, la sécurité tunisienne s’était employée à protéger le clan.

Ensuite, l’existence de nombreuses figures politiques, d’acteurs sociaux et de syndicalistes qui jouissent d’une crédibilité auprès de la population, pour ne s’être pas compromis avec le régime en place.

Si en Tunisie, grâce à l’héritage de modernité légué par Bourguiba et poursuivi par Ben Ali, l’islamisme est maintenu à une portion congrue, en Algérie, le régime a tôt fait de l’encourager, dès les années 1970, pour contrer les berbéristes et les communistes.

Aujourd’hui, l’école et le conservatisme aidant, l’islamisme a envahi tous les espaces publics.

Enfin, la disqualification de l’exercice politique, le traumatisme né de la décennie noire, la corruption à grande échelle qui a gangrené tous les segments de la société et le discours sécuritaire à outrance qui permet tous les amalgames et tous les dépassements ont fini par installer la société dans une posture de démission et de résignation.

En dehors de quelques cénacles et quelques franges politiques et sociales intéressées, l’exemple tunisien ne sera vécu que comme “une expérience qui ne nous concerne pas”.

La révolution démocratique peut attendre.

Karim Kebir


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