Machaâl Chahid rend hommage au moudjahid Ali Zamoum

C'est à Ighil Imoula, dans la commune des Ouadhias, à Tizi Ouzou, que Krim Belkacem, Amar Ouamrane, Mohamed Boudiaf décident, dans la demeure des frères Zamoum, de commencer les préparatifs pour la confection puis la diffusion de la Déclaration du 1er Novembre. Mme Zamoum, Na Louisa, veuve du moudjahid Ali Zamoum, décédé en 2004, raconte dans le détail les grandes figures de la Révolution, notamment ceux de la Kabylie qui sont passées par cette demeure. Malgré ses quatre-vingt ans, elle a la mémoire intacte et parle à l'aise dans les deux langues. « On savait qu'ils préparaient quelque chose, mais on ignorait la date », la région est habituée à « des actions de résistance des militants nationalistes contre le système colonial dés 1947 », nous dit-elle. Le jour du tirage de la Déclaration du 1er Novembre, on fit ramener d'Alger, Laichaoui, un journaliste pour la frappe. Il s'aperçut d'une phrase inachevée et alerta Ali Zamoum qui lui interdit d'en ajouter quoi que ce soit. « Il faut en référer à Krim » qu'il alla rejoindre à Tizi Ouzou, à une trentaine de kilomètres de là. « Ce dernier lui donna raison et l'erreur en question fut rectifiée », ajoute Na Louisa qui souligne par là la solennité de l'événement mais aussi la concertation sur tout ce qui se fait. Fait surprenant, mais que l'on comprend aisément, dû aux impératifs de la clandestinité, Mme Zamoum dit ne pas avoir vu le visage de Krim (qui était pourtant un habitué des lieux avec son mari et le reste du commandement de la Révolution) qu'à la télévision. La Déclaration fut saisie chez les Zamoum mais « le tirage des stencils s'est fait à la ronéo chez Idir Rabah », précise la veuve d'Ali Zamoum. Le choix de Ighil Imoula par les dirigeants de la Révolution n'était pas fortuit, c'est un bastion de la révolution, une forteresse inexpugnable, perchée sur les hauteurs, dominant tout le reste. Le village fut choisi de 1851 à 1854 par le résistant Si Mohamed Lemdjed Benadelmalek, dit Boubaghla, comme son PC pour coordonner la résistance en Kabylie. Le village de Ighil Imoula compte de nombreux chahid, 19 avaient décidé de lancer à partir de là les premières actions de harcèlement de l'ennemi. On citera les Belaïd Saïd , Halet Amar, Aziz Boudjema, Abdelaoui Amar, ahia Ali et Yahi Ali. Au complexe culturel et historique ouvert en 2000, tous les faits d'armes de la région sont jalousement conservés, des coupures de presse, des photos de militants, celle des Six historiques... Au musée, en fait la maison où a été tirée la Déclaration de Novembre, le comité du village s'affairait ce jeudi à préparer la commémoration de l'événement. Seules la photo des six qui ont déclenché la Révolution, des copies de la Déclaration de Novembre sont accrochées aux murs. « La machine qui a servi au tirage sera ramenée de la maison des Zamoum, à la fin des travaux », s'excuse un des volontaires du comité de village. Ces jeunes seront distingués par une médaille remise par l'association Machaâl Echahid, « pour leurs actions de bénévolat et pour leur amour pour l'hisoire de leur village » , souligne Mohamed Abbad, président de l'association. L'association a tenu aussi, en ce 60 e anniversaire de la Révolution, à rendre hommage au moudjahid Ali Zamoum, décédé en 2004, un de ceux qui ont participé à la confection et à la diffusion de la Déclaration du 1er Novembre. La veuve de ce dernier a reçu la distinction de son mari des mains du président, Abbad, en présence de militants des différentes wilayas historiques, la III, la IV et la Zone autonome dont certains malgré leur état de santé ont tenu à faire le déplacement.