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Loin des intérêts rentiers, démystifier le secteur privé national et international productif



Loin des intérêts rentiers, démystifier le secteur privé national et international productif
Le débat actuel portant sur le projet de Loi de Finances 2016 est totalement biaisé, assimilant tous les opérateurs privés à une oligarchie financière corrompue, qui risque de faire fuir les capitaux, alors qu'avec la crise financière aigue qui s 'annonce, l'Algérie a besoin de rassembler, et des solutions concrètes réalistes.Je conseille à mes amis du secteur privé d'éviter une médiatisation excessive qui pourrait être mal interprétée tant par les partisans du socialisme de la mamelle que la majorité de la population, devant agir en réseaux discrets pour plus d'efficacité. Une entente avec le gouvernement souvent nécessaire de par le monde, ne sauraient signifier soumission totale si le secteur privé veut acquérir une crédibilité. Mais, les représentant du secteur privé ne saurait être les porte-paroles du gouvernement qui a ses propres structures devant représenter la conscience collective et maximiser l'optimum social. Il faut être pragmatique car de par le monde n'existe pas de capitalisme sauvage. Comme l'étatisme bureaucratique rentier est une utopie néfaste devant concilier efficacité économique avec une très profonde justice sociale. Il semble bien que certains responsables ont besoin d 'un renouveau cultuel pour s'adapter au nouveau monde, ne connaissent pas le dossier des privatisations ou font semblant pour des raisons populistes, ou formatés par l'ancienne culture des années 1970. Les fondateurs du communisme l'URSS et la Chine réalisent une transition maîtrisée vers l'économie de marché. Il s'agit de lever les voiles idéologiques de ce dossier, et surtout d'analyser les expériences internationales, certaines ayant abouti à des échecs, d'autres à des réussites, dossier éminemment politique, c?ur avec la démonopolisation, des réformes structurelles. Jeter les bases d'un véritable partenariat public-privé et ouvrir à l'investissement privé des secteurs actuellement sous le monopole des entreprises publiques sont les actions qu'il faudrait entreprendre pour permettre au pays de se défaire de sa dépendance vis-à-vis des hydrocarbures et mettre son économie aux normes internationales. Deux formules sont à adopter par l'Algérie. Il faudrait ouvrir les capitaux des entreprises publiques aux opérateurs privés et démonopoliser certains créneaux en permettant au privé d'investir dans des secteurs où seules les entreprises publiques ont actuellement le droit d'investir. Pourquoi les autorités publiques et notamment le ministère de l'Industrie a peur de parler de privatisation. C'est pourtant ce qu'ont fait de nombreux pays pour faire de leurs économies respectives de véritables économies de marché.1.-Quel est l'objectif stratégique de la privatisation ' L'on ne doit pas confondre privatisation et démonopolisation complémentaire, tous deux, processus éminemment politique, allant vers le désengagement de l'Etat de la sphère économique afin qu'il se consacre à son rôle de régulateur stratégique en économie de marché. La privatisation est un transfert de propriété d'unités existantes vers le secteur privé et la démonopolisation consiste à favoriser l'investissement privé nouveau. L'objectif de la démonopolisation et celui de la privatisation doivent renforcer la mutation systémique de la transition d'une économie administrée vers une économie de marché concurrentielle. La privatisation ne saurait s'assimiler au bradage du patrimoine public - Pour cela, elle doit favoriser une grande efficience de l'économie donc la croissance et la création d'emplois, substituer des critères de gestion économiques à des critères politiques, éliminer les rigidités administratives, alléger les contraintes budgétaires, contribuer à la compétitivité et à la modernisation des places financières. Les privatisations présentent l'avantage de renforcer la capitalisation boursière d'une place, d'augmenter considérablement le nombre des transactions et d'améliorer la liquidité du marché et, partant, la capacité d'attraction de l'épargne étrangère. Elle doit permettre de lutter contre les rigidités syndicales, la promotion de certaines entreprises sur le plan commercial et auprès des investisseurs étrangers, favoriser et promouvoir des équipes de managers et développer une classe moyenne porteuse de dynamisme social. Aussi, la privatisation est avant tout un processus de restructuration globale de l'économie avec des incidences politiques et sociales de recomposition du pouvoir, expliquant les résistances des tenants de la rente qui se servent au niveau du secteur d'Etat, les gagnants d'aujourd'hui n'étant pas forcément ceux de demain. Car un texte juridique n'est pas suffisant ( ce n'est qu'un moyen) et devient un leurre s'il n'y a pas d'objectifs cohérents clairement définis avec pragmatisme loin des théories abstraites supposant une nette volonté politique de libéralisation. La privatisation est un élément fondamental d'une politique de relance et doit être au c?ur de la nouvelle politique économique pour trois raisons essentielles : premièrement, sa contribution à l'effort de stabilisation macroéconomique, deuxièmement à la promotion des exportations hors hydrocarbures et troisièmement à la transformation globale de l'économie par la réduction du chômage. En d'autres termes, l'Etat entrepreneur et exploitant direct doit s'effacer peu à peu pour laisser place à un Etat exerçant la puissance publique et qui sera conforté dans ses missions naturelles d'arbitrage et de régulation. Ceci implique le transfert du secteur public à un statut privé de façon à passer d'un système productif foncièrement extensif à un système intensif, le but essentiel étant de mieux gérer les entreprises et de maximiser la création de richesses. En parallèle à ce nouveau " deal " entre l'Etat et les entrepreneurs, une série d'évolutions et de réformes liées à l'environnement économique est à même d'une part, de créer un climat de confiance afin de susciter l'intérêt des investisseurs nationaux et étrangers et d'assurer la crédibilité de l'Etat, d'autre part. Dans ce cadre, la bureaucratie héritage d'une économie administrée constitue une des contraintes les plus fortes dont l'éradication est absolument nécessaire pour insuffler au marché la dynamique et la fluidité attendues. Sur le plan du système financier, il est fondamental de promouvoir l'adaptation du système bancaire et de la fiscalité, actuellement lieu d'importants intérêts de rente. La mise à niveau du système bancaire est un des axes de promotion à privilégier, car c'est au sein de cette sphère que les rythmes de croissance et de privatisation seront arbitrés à titre principal. L'objectif à viser, est d'aboutir à un système bancaire affranchi des ingérences, plus efficient et plus en harmonie avec les exigences d'une intermédiation financière performante et orientée vers l'économie de marché de capitaux. Jusqu'ici, la situation financière des banques publiques a constitué une contrainte qui a inhibé toute velléité de restructuration. Je préconise de simplifier et regrouper dans un cadre plus cohérent, l'organisation institutionnelle chargée d'exécuter une politique désormais plus claire de libéralisation de l'économie et pourquoi pas un grand Ministère de l'Economie scindé en plusieurs Secrétariats d'Etat techniques. Le blocage de l'investissement en Algérie réside en des changements de lois ou d'élaboration de stratégies utopiques, vision bureaucratique, comme on ne combat la sphère informelle,(40/50% de la masse monétaire en circulation avec une concentration du capital argent au profit de quelques oligopoleurs tissant des liens avec certains segments du pouvoir de la sphère réelle), elle-même produit de la logique rentière et de la bureaucratie, par des mesures administratives autoritaires. Il faut s'attaquer à l'essentiel qui est la gouvernance mitigée et la faiblesse de l'Etat de droit, liées à une profonde moralisation de ceux qui gèrent la Cité. Sans visions stratégiques, comment adapter l'Algérie à la mondialisation par plus d'espaces de libertés ' En levant les contraintes d'environnement afin de permettre l'épanouissement de l'entreprise créatrice de richesses, en combattant non par des textes mais réellement cette corruption socialisée qui menace les fondements de l'Etat algérien, poussant la majorité à se tourner vers les valeurs spéculatives, il ne faut pas s'attendre à une véritable relance économique. La dépense monétaire sans compter, c est comme si on remplissait de l'eau au sein d'une citerne trouée, peu d'impacts économiques et sociaux. La balance devises positive pour l'Algérie, le transfert technologique et managerial, me semblent être les axes essentiels de la redynamisation du tissu productif en déclin où le secteur industriel représente moins de 5% dans le produit intérieur brut. Car la notion de stratégie est historiquement datée, comme en témoigne la privatisation dans les pays capitalistes développés, outre les segments concurrentiels, l'introduction de la mixité au niveau des services publics marchands santé, éducation, eau, énergie, télécommunications. Etant un processus éminemment politique, cette volonté de libéralisation conditionnera à l'avenir largement l'afflux tant de l'investissement étranger que national dont les projets devront rentrer forcément dans les avantages comparatifs euro- méditerranéens et euro- africains qui constituent les espaces naturels de l'Algérie. Cela est intiment lié à l'instauration de l'économie de marché inséparable à l'approfondissement des libertés, de l'Etat de droit, d'une bonne gouvernance et de la Démocratie. 2.-Quelles sont donc les actions à mener pour mener une bonne privatisation 'Le processus de privatisation couplé avec la démonopolisation constitue une étape importante de la transition vers une économie de marché concurrentielle s'insérant dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux, devant être réaliste étant à l'ère de la mondialisation, évitant de vendre des utopies néfastes. Le processus de privatisation comprend plusieurs phases contenues dans un programme subdivisé en plusieurs étapes dont certains constituent un passage douloureux mais déterminant pour l'entreprise et le devenir du pays. Aussi comme cela s'est passé ailleurs, lorsqu'on aborde le cas des institutions financières, des grandes sociétés de services, que l'on traite des activités industrielles selon la branche, la taille, la région, il n'est pas possible de donner un schéma uniforme d'un programme de privatisation. La méthode usuelle consiste à établir d'abord un diagnostic aussi complet que possible comprenant: la situation de l'outil de production, la qualité des produits, la position commerciale, l'analyse de la compétitive avec des normes internationales, le diagnostic financier, le diagnostic fiscal, l'étude de l' environnement local, national et international, l'évaluation du management et la qualification du personnel A l'issue du diagnostic, l'on peut élaborer un scénario de privatisation, accompagné de plusieurs alternatives tenant compte de la politique économique du gouvernement, des contraintes qui s'imposent tant au pays qu'à l'entreprise ainsi que des propositions de choix stratégiques à moyen et long terme. Ces propositions concernent en général: le plan budgétaire, le plan industriel, le plan financier, le plan commercial, le plan d'emploi, et la mise en ?uvre du calendrier. De ce fait, des audits s'avèrent fondamentaux ainsi qu'une large campagne d'explication autour de ce dossier sensible. Le manque de spécialistes dans ce domaine doit être comblé en Algérie autour de cabinets pluridisciplinaires complexes regroupant différentes spécialités. Ces cabinets sont presque inexistants en Algérie d'où l'urgence du regroupement (un cabinet comptable n'étant pas souvent un cabinet conseil de management stratégique), les compétences étant souvent éparpillées à travers le territoire national. L'objectif est d'éviter de faire appel massivement à l'assistance (depuis l'économiste et le juriste au technologue), le poste assistance technique qui est passé de 2 milliards de dollars en 2002 et entre 11/ 12 milliards de dollars entre 2010/2014, greffant lourdement la balance de paiements. Et sans verser dans le chauvinisme aidé transitoirement à la fois par des relations de plus en plus denses entre les Universités/ centre de recherche et les ministères/opérateurs et des cabinets étrangers de renom international dont la finalité est d'asseoir des bureaux d'études locaux solides, le fondement du XXIème siècle du développement étant la bonne gouvernance et le savoir. 3.-Quelles sont les techniques de privatisation 'Il faut différencier la méthode des techniques de privatisation. Chaque méthode et technique ne sont pas neutres mais traduisent la volonté politique soit de l'accélération rapide ou le gradualisme vis-à-vis des privatisations. Les partisans de l'accélération veulent bouleverser l'ordre économique actuel, tenant compte des résistances des couches sociales attachées à la gestion administrative, qui crient au chaos car durant une période transitoire, la mise en place de nouvelles institutions et mécanismes économiques entrainaient une baisse de l'activité économique. Les partisans du gradualisme veulent agir par étapes pour permettre aux anciennes couches rentières, notamment la nomenklatura bureaucratique de reconvertir son capital argent et éviter qu'elles bloquent les réformes. Nous avons plusieurs méthodes : a. l'offre publique de vente d'actions (bourses des valeurs) impliquant la refonte du système, financier ; b. l'offre publique de vente à prix fixe ; c. la cession d'actions par appel d' offres ; d. le contrat de management par appel d'offres ;e. le contrat de gré à gré pour la privatisation de la gestion ou la cession d'actifs à titre exceptionnel selon la loi car elle favorise les malversations ;f. la privatisation de masse ou populaire favorisant la rupture systémique ;g. la privatisation totale ou partielle au profit des ouvriers et des cadres ; h. la conversion de la dette extérieure en prises de participation. Comme il y a lieu de souligner avec force, que la valeur donnée par chaque technique subit souvent des variations imputables tant à la situation politique et sociale interne qu'aux paramètres internationaux. C'est la demande, c'est- à- dire le marché qui est l'élément déterminant (taux directeur du profit, existant un marché mondial de privatisation) et non l'offre. C'est d'ailleurs avec cette illusion bureaucratique des années 1970/1980 que certains récemment en Algérie croient que c'est l'Etat à décider par une politique volontariste de créer telle ou telle filière. Ces responsables déconnectés des réalités oublient que les filières sont évolutives, comme les cellules d'un corps humain, certaines naissent et d'autres meurent d'où l'importance de la maîtrise du temps et d'une planification stratégique largement influencées par les nouvelles mutations technologiques mondiales. D'ailleurs, l'économie algérienne est appelée à évoluer au sein d'une économie ouverte et assainir des unités non rentables conduit au suicide collectif surtout avec la baisse des recettes des hydrocarbures. Pour preuve, l'assainissement volontariste des entreprises publiques a coûté au Trésor public plus de 60 milliards de dollars entre 1971/2014 et selon un rapport interne au ministère de l'Investissement, plus de 70% sont revenues à la case de départ. Avec un dinar qui se cote en 2014 à plus de 107 dinars un dollar (170 dinars sur le marché parallèle), contre 25 dinars en 1990 et 45 dinars un dollar en 1994 cela n'a pas permis de dynamiser les exportations hors hydrocarbures. Et l'on peut montrer que la dépense publique via les hydrocarbures entre 2004/2013 a participé à plus de 80% du PIB, directement et indirectement (BTPH), ne restant aux entreprises créatrices de richesses que moins de 20%. Cela montre clairement que ce n'est pas une question de capital argent mais aux rigidités structurelles de l'économie algérienne. C'est donc le taux de profit sectoriel mondial qui est indicateur de référence et dans la plupart des pays qui ont engagé la privatisation, il y a eu décote d'environ 20 % par rapport à la valeur déterminée, (en comparaison à des projets neufs) pour attirer les investisseurs nationaux, internationaux. A la lumière tant de l'expérience passée en Algérie que des expériences d'autres pays, outre les problèmes politiques d'un non -consensus déterminant, il convient de se poser la question des contraintes techniques souvent non maîtrisées expliquant la panne du processus de privatisation. Je recense neuf (09) contraintes techniques : a- les -filialisations non opérantes par le passé dont l'objectif était la sauvegarde du pouvoir bureaucratique. Or c'est le fondement de la réussite tant de l'ouverture partielle du capital que d'une privatisation totale¸ b- lié au point précédent, le patrimoine non défini (absence de cadastre réactualisé) pose la problématique de l'inexistence des titres de propriétés fiables sans lesquels aucun transfert de propriété ne peut se réaliser, c- nous avons pu constater des comptabilités défectueuses rendant difficiles les évaluations. L'inexistence du marché boursier (paradoxe en Algérie, pour la première fois de par le monde l'on essaie de créer une bourse étatique, des entreprises d'Etat souvent déficitaires achetant des entreprises d'Etat) comme l'atteste la léthargie de la Bourse d'Alger. Cela rend encore plus aléatoire l'évaluation dans la mesure où le prix réel de cession varie considérablement d'année en année, voire de mois en mois par rapport au seul critère valable qui est le marché et que l'on observe les fluctuations boursières sur plusieurs années. d- la non- préparation de l'entreprise à la privatisation, certains cadres et travailleurs ayant appris la nouvelle dans la presse, ce qui accroit les tensions sociales. Or l'adhésion tant de la population que des travailleurs à l'esprit des réformes est une condition essentielle de sa réussite liée d'ailleurs à une profonde démocratisation de la société. -e- Il y a lieu de prévoir une clause pour la reprise des entreprises pour les cadres - supposant la création d'une banque à risques pour les accompagner du fait qu'ils possèdent le savoir-faire technologique, organisationnel et commercial, la base de toute unité fiable devant être constituée par un noyau dur constitué de compétences, f- la partie non cessible dévolue aux travailleurs contraire à la pratique des affaires caractérisée par la mobilité du capital- devrait être négociée librement par les travailleurs, g- l'organe de suivi de la partie rééchelonnable lorsque le promoteur a des avantages autant que la problématique de l'endettement des entreprises surtout pour la partie devises en cas de fluctuation du taux de change ne sont pas clairement définis. 4.- Pourquoi la panne du processus de privatisation 'Il y a lieu de souligner que la base de la réussite du processus de privatisation doit reposer sur une transparence totale et une large adhésion sociale. Dans les pays développés, le niveau élevé d'éducation favorise la transmission de l'information étant dans une économie de marché structurée. Le contexte algérien (couple monopole/rente dominant) est caractérisé par une productivité insuffisante mono exportateur (pour plus de 95% hydrocarbures bruts); un secteur privé peu préparé à la concurrence internationale ou plus de 80% d'origine familiale avec un mangement stratégique presque inexistant, existant de rares exceptions mais bloqués par la bureaucratie ; un secteur informel dominant produit de la bureaucratie (lié à la corruption) qui tire sa puissance de l'existence de cette sphère mais recelant des entrepreneurs dynamiques, l'obsolescence de bon nombre de segments de production, des capacités de production inférieure à 50% ; une gestion et commercialisation déficiente, une situation financière instable, interne et externe (comme le montrent les dévaluations successives du dinar) ; des tensions sociales avec un chômage important et enfin l'absence du label qualité: services et produits. En cas de non- vision stratégique axée sur la concurrence, le processus de privatisation s'avérera un échec patent avec le risque de passage d'un monopole public à un monopole privé qui ne résoudrait aucunement les problèmes fondamentaux du pays Comme nous l'avons montré dans plusieurs contributions nationales et internationales récentes en posant la problématique du futur rôle de l'Etat dans ses relations avec le marché, il s'agit de faire naître le marché dans un contexte de non -marché à travers cette mutation systémique bouleversant la cohérence des anciens réseaux, pour créer une dynamique nouvelle à travers de nouveaux réseaux acquis aux réformes ( de nouvelles forces sociales) dans le cadre d'une nouvelle cohérence synchronisée avec les mutations de l'économie mondiale. Cette dynamique sociale est seule à même d'éviter ce manque de cohérence et de visibilité dans la politique socio-économique dont les changements perpétuels de cadres juridiques (fonction des rapports de force au niveau du pouvoir) en est l'illustration. Il y a plusieurs centres de décisions politiques, atomisant les décisions et rendant volontairement opaques les décisions, traduisant le non- consensus. Je recense cinq contraintes institutionnelles en Algérie : Premièrement, la concentration du pouvoir entre les mains d'un ministre, étant à la fois juge et partie ne favoriserait- elle pas les délits d'initiés alors que la base de la réussite de cette opération complexe est une totale transparence et un suivi dans le temps de ces opérations complexes ' Les expériences réussies qui ont suscité l'adhésion populaire montrent la création d'une grande Agence des privatisations, ayant une mission transitoire, composée d'experts de haut niveau, relativement autonome sous la dépendance de la présidence ou du chef du gouvernement ou des parlements. Deuxièmement, il s'agit d'éclaircir concrètement les relations fonctionnelles qui ne sont pas clairement définies notamment entre le ministère chargé des Participations, les structures du ministère des Finances (direction des domaines, de la fiscalité, des douanes- et des banques primaires), les autres départements ministériels pour éviter les susceptibilités entre différents ministres- en termes de pouvoir économique-et les relations avec les autorités locales qui n'ont pas été associées à ce processus alors qu'ils entretiennent des relations directes avec l'environnement, et sans leur adhésion ce processus peut être avorté ' Troisièmement, ne convient-il pas de mieux définir à l'avenir ce que l'on entend par partenariat loin de tout slogan idéologique, l'objectif étant l'efficience économique, base de la cohésion sociale future, avec l'autonomisation de la décision économique évitant les fameux slogans des chartes socialistes du passé : secteur privé facteur complémentaire du secteur d'Etat ' Quatrièmement, qui est le propriétaire durant la période de transition de ces entreprises publiques lors de la cession d'actifs pour éviter la dilapidation du patrimoine public lors du transfert de propriété. Le cas des litiges est édifiant - tribunaux -conflits entre entreprises d'Etat pour des locaux appartenant en réalité à l'Etat - ce qui est paradoxal et absurde. Et enfin, quel est le sort des entreprises dissoutes (de ces centaines de milliers de surfaces dormantes, suscitant toutes les convoitises, localisées surtout dans les agglomérations au niveau des entreprises publiques- services collectifs et administrations) pouvant imaginer pour ce cas spécifique une TRUAND à l'allemande, où le prix de cessions serait le marché, car ne posant pas véritablement un problème d'effectifs. Par ailleurs, l'expérience menée sur le terrain a montré des comptabilités défectueuses, une non- délimitation des superficies acquises existant un écart entre le réel et le bilan coté terrain, la majorité des unités évaluées n'ayant pas de comptabilité analytique afin de cerner les coûts. Enfin, les délais entre le moment de sélection de l'entreprise à privatiser, les évaluations, les avis d'appel d'offres, le transfert au Conseil des Participations de l'Etat sous la présidence du chef du gouvernement, puis au Conseil des Ministres et la délivrance du titre final de propriété ne sont pas clairement datés, ce qui risque de décourager tout repreneur. Car, en ce monde les capitaux mobiles vont s'investir là où les obstacles économiques et politiques sont mineurs, le temps étant de l'argent. Or seule une synchronisation clairement définie permettrait d'éviter les longs circuits bureaucratiques du passé. Enfin -j, les textes juridiques actuels sont contradictoires, certains articles contredisant d'autres contraires aux règles élémentaires de l'économie de marché pouvant entraîner des conflits interminables d'où l'urgence de leur harmonisation, leur simplification par rapport au droit international. Les répartitions de compétences devront être précisées dans le cadre juridique en vigueur où il devrait être possible de déterminer qui a le pouvoir : de demander l'engagement d'une opération de privatisation ; de préparer la transaction ; d'organiser la sélection de l'acquéreur ; d'autoriser la conclusion de l'opération ; de signer les accords pertinents et enfin de mettre en ?uvre les accords de privatisation et s'assurer de leur bonne exécution.Cinquièmement, la léthargie de la Bourse d'Alger qu'il s'agit impérativement de dynamiser ' Outre la levée des contraintes liées à l'environnement des affaires (bureaucratie, état du système bancaire, foncier?), je propose une privatisation partielle de quelques champions nationaux pour amorcer le mouvement et la création de fonds de private P/P pour sélectionner quelques entreprises privées en vue de leur introduction ultérieure en Bourse. On pourrait mettre en Bourse, à titre d'exemple, 10/15 % de Sonatrach, 10 à 15 % de la BEA, 10/15 % de Sonelgaz, 15 % de Cosider et 15 % de deux banques publiques le CPA et la BADR. Elle peut se faire par la cession d'actifs, ne concernant pas seulement l'industrie, mais les banques, les assurances et la mixité dans certains segments des services collectifs pouvant se prêter au calcul marchand. Cela permettrait de constituer un indice boursier consistant en volume et en qualité, amorçant le cercle vertueux, et attirer des opérateurs privés. Ces fonds agiraient comme incubateurs de sociétés éligibles à la Bourse. Dans ce cadre, une aide au développement des acteurs privés du secteur de l'investissement (conseillers IOB, gestionnaires d'actifs) est nécessaire. Mais là n'est pas l'essentiel. La dynamisation de la Bourse passe forcément par la refonte du système financier algérien qui porte en lui la substance de l'enjeu, du fait qu'il cadre parfaitement la politique économique développée jusqu'à présent et son corollaire, une logique rentière néfaste. 5.- Partenariat et démocratisation de la décision économiqueL'implication du secteur privé dans la relance économique du pays ne peut se faire sans un véritable transfert de technologie au profit des entreprises algériennes. Des entreprises qui ont aujourd'hui fortement besoin d'être mises à niveau , de se tourner vers les nouvelles technologies et consacrer une part de leur profit à la recherche développement si elles veulent devenir performantes dans le cadre des valeurs internationales car nous sommes à l'ère de la mondialisation. Ce n'est pas une question uniquement de capital-argent et combien d'entreprises privées favorisent les véritables compétences, illusion de la directive d'intégration du capital argent de la sphère informelle' Si on ne respecte pas cette condition, on ne pourra en aucun cas parvenir à un partenariat public-privé efficace. Pour ma part, la réussite d'un partenariat public-privé avec l'investissement étranger doit jouer un rôle important. Aussi, encourager le partenariat entre les secteurs public et privé implique certes le secteur d'Etat mais également à la fois l'opérateur privé national et l'opérateur privé étranger. Les entreprises étrangères intéressées par le marché algérien ont, dans ce sens, un rôle important à jouer en matière de transfert de technologie et de savoir-faire en direction de l'Algérie. La règle 51/49, où un bilan s'avère nécessaire, loin des discours populistes idéologiques, où selon nos enquêtes, ou souvent, existant quelques rares exceptions, l'Algérie supporte tous les surcoûts sans qu'existe un véritable transfert doit être assouplie. Elle peut s'appliquer aux secteurs stratégiques qu'il s 'agit de définir avec précision car ce qui est stratégique aujourd'hui tenant compte des nouvelles mutations mondiales peut ne pas demain. Il est aberrant de l'appliquer aux PMI/PME avec les partenaires étrangers qui ont un savoir-faire, où la minorité de blocage suffirait afin d'éviter des délocalisations sauvages. Certaines personnes défendent cette règle soit pour des raisons idéologiques dépassées, soit qu'elle leur procure des intérêts de rente sans que le partenaire étranger ne prenne de risques. Personne n'a le monopole du nationalisme et le véritable nationalisme est la contribution à l'accroissement de la valeur ajoutée interne, condition d'une croissance durable, de création d'emplois productifs afin d'atténuer les tensions sociales. N'oublions pas qu'avec la pressif démographique, donc des besoins croissants, l'épuisement progressive de la rente , en plus du taux de chômage actuel sous-estimé par les emplois rente, en plus du taux de chômage actuel , arrive sur le marché du travail 300.000/350.000 demandes d'emplois additionnelles par an . D'une manière générale, la réussite de la réforme globale dont la privatisation n'est qu'un facteur parmi tant d'autres, est conditionnée par une plus grande visibilité dans la politique socio-économique, un Etat de Droit, et la démocratisation des décisions économiques renvoyant à la transparence la plus totale, évitant ce slogan creux de bradage du patrimoine public par les tenants de la rente. Avec les scandales de corruption qui se socialise menaçant les fondements de l'Etat algérien et donc la sécurité nationale, rendent, à tort ou à raison, suspecte toute opération de privatisation et d'une manière générale tout processus de réformes structurelles. Certes, on ne peut mener des réformes structurelles en demandant des sacrifices à la majorité, dans un cadre général de suspicion et sans la moralité de ceux qui dirigent la Cité. La situation socio- politique actuelle en Algérie, caractérisée par des dépenses monétaires sans contreparties productives pour calmer le front social, reportant dans le temps la résolution des véritables problèmes où les ajustements économiques et sociaux seront plus douloureux, rendent pourtant ces réformes urgentes. Dans ce cadre l'Algérie doit mobiliser tous les acteurs afin de favoriser la croissance interne. Le rôle du secteur privé a besoin d 'être démystifié souvent assimilé faussement à voleurs à l'instar des entrepreneurs publics, alors que la majorité est honnête. Le secteur privé national productif a besoin de plus d'autonomie et d'espaces de liberté, ne signifiant pas capitalisme sauvage. L'Etat régulateur a un rôle stratégique à jouer afin de concilier les coûts sociaux et les coûts privés. Avec la chute des cours des hydrocarbures qui sera de longue durée, l'Algérie doit mobiliser tous ses enfants, au profit d'une patrie qui a besoin de retrouver la confiance et de libérer toutes les énergies créatrices.





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