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Les trois écueils d'une rentrée



Les trois écueils d'une rentrée
La société sera confrontée à un chahut politco-économico-social inédit, qui risque, à terme, de détourner l'opinion du véritable défi de l'heure.La scène nationale aborde dans trois semaines une rentrée très particulière. En effet, depuis l'indépendance du pays, les Algériens n'ont jamais été en face d'une situation plus ambiguë que celle qui s'offre à eux, présentement. Et pour cause, au plan économique, les finances du pays ne sont pas au mieux de leur forme, mais le pays dispose d'une marge d'au moins deux années pour voir venir. Une tripartite annoncée pour octobre prochain devrait défricher le terrain. Nous ne sommes pas dans le scénario de la rentrée de 1986 où la cessation de paiement était imminente avec, en prime une dette extérieure colossale de quelque 26 milliards de dollars. Au plan politique, le pays boucle avec cette rentrée l'un des chantiers les plus importants de ces deux dernières décennies. En effet, la révision de la Constitution qui a été l'une des promesses-phares du président de la République et qui devrait consacrer la naissance de la deuxième République, sera, en principe, au menu de la prochaine rentrée politique, qui s'annonce, de fait, très «pimentée». En débat contradictoire.Aussi, les Algériens auront la «chance» de ne pas trop stresser, mais devront discuter sérieusement de leur avenir immédiat. Et pour cause, le débat sera certes politique, mais il est clair qu'il sera aussi économique et social. Certains politiques n'hésiteront pas à entremêler les sujets et placer la destinée de la nation dans la balance. Car, si en plus de tous ces thèmes, très sérieux, les uns que les autres, on y ajoute une «prolongation» de l'amer débat sur la langue d'enseignement en mettant dans la balance l'identité algérienne et l'unité nationale, la rentrée sociale ne sera manifestement pas de tout repos. La société sera donc confrontée à un chahut politico-économico-social tout à fait inédit et qui risque à terme de détourner l'opinion du véritable défi de l'heure, à savoir celui qui consiste à construire un réel consensus autour de la nécessité de serrer la ceinture, abolir certains privilèges illégitimes et se mettre sérieusement au travail pour passer le cap de la crise financière annoncée. Au lieu de cela et compte tenu de la configuration du paysage politique national, il y a lieu de s'attendre à des échanges d'accusations, d'insultes et autres «peaux de banane» qui ne serviraient pas la cohésion sociale.Sur le terrain, la scène nationale se distingue par un pouvoir, actuellement aphone et généralement sourd, conduit sur son flanc politique par un parti qui a perdu toute initiative et qui s'est mis en vacances depuis plus de deux mois. Le FLN, c'est bien de lui qu'il s'agit, n'est pas du genre à voir les derniers propos de son secrétaire général, à construire une alternative pluraliste basée sur l'entente et le dialogue politique.Les autres formations du pouvoir, à l'image du RND seront, de fait, inaptes à faire quoi que ce soit. Dans l'opposition, les initiatives islamistes «font peur» et n'augurent pas d'un quelconque consensus national, bien au contraire. La scène nationale offre donc un tableau qui n'appelle pas à l'optimisme et il y a de fortes chances à ce que les débats sur la Constitution,l'école et la situation économique du pays tournent à la grande foire. Le consensus souhaité n'a objectivement aucune chance d'émerger. De fait, la révision de la Constitution, la réunion tripartite programmée à Biskra en novembre et les mesures d'austérité incontournables, seront autant d'écueils pour cette rentrée atypique.


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