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Les policiers crient victoire



Les policiers crient victoire
Criant victoire à l'arrivée de Tayeb Belaïz, dépêché à Ghardaïa pour les écouter, les policiers étaient satisfaits de leur double exploit : recueillir la gloire et la sympathie de la population et se faire entendre par le ministre de tutelle.La marée bleue de policiers continuait son sit-in, entamé lundi à 3h, en face du siège de la sûreté de wilaya de Ghardaïa pour la seconde nuit consécutive, quand des renforts sont arrivés. Sidérant, ce soutien de la part d'une population qui a tout à coup vu dans ces policiers battant le pavé de simples citoyens demandant pacifiquement leurs droits.Ceux qui usaient hier de leur matraque pour réprimer tout désordre public redevenaient humains, sympathiques. Il y a eu donc des témoignages de sympathie des citoyens, nombreux à ramener des sandwichs ou de l'eau fraîche mais aussi et surtout l'entrée spectaculaire de quelque 500 agents de maintien de l'ordre, arrivés lundi vers 22h de Berriane après un parcours pédestre de 42 km, la distance entre Berriane et Ghardaïa. Ils sont venus apporter leur soutien et leur solidarité à leurs collègues qui ont cristallisé, le temps d'une marche et d'un sit-in, les revendications d'un corps constitué dédié à la sécurité et au maintien de l'ordre qui a défié, pour la première fois, tous les interdits, y compris celui de marcher sans autorisation et d'investir un espace public qu'ils protégeaient à leurs corps défendant jusqu'à la veille.Les gendarmes prennent le relaisGhardaïa meurtrie par des violences inouïes, insupportables, que ses habitants vivent dans leur chair jusqu'à présent. Ghardaïa qui pleure ses morts, ses blessés, ses pertes matérielles et une paix qui ne sera sûrement pas de retour de sitôt. Ghardaïa, où les dérives sécuritaires non maîtrisées depuis onze mois sont légion, s'est donc retrouvée sans policiers en faction dans les zones tampon et les points chauds, en ce lundi 13 octobre 2014 historique. Tous les points dits «noirs» ont été investis par des escadrons de la Gendarmerie nationale, provenant notamment de Ouargla.Des boucliers de gendarmes antiémeute armés de matraques et de bombes lacrymogènes ont donc été postés à Hadj Messaoud et Salem Ouaissa, bloquant un déferlement de jeunes qui ont mis à terre le mur du cimetière Ammi Aïssa, où une nouvelle tentative de profanation a été empêchée de justesse.Pendant ce temps, des disputes se poursuivaient sur le lit de l'oued où des jeunes en furie s'affrontaient au corps à corps ou à coups de pierres. Même topo à Melika et Theniet El Makhzen, à quelques encablures de là, où les gendarmes ont également investi les endroits désertés par les policiers. Berriane, Kef Hamouda et haï El Moudjahidine ont également eu droit à leurs renforts de gendarmes venus de Ouargla.Les édifices publics et autres administrations, banques, écoles et centres de santé ont reçu une couverture sécuritaire, applaudie par une population lasse de perdre chaque jour un nouveau pan de la ville.Mardi bleu dans le M'zabLa journée d'hier a eu son lot de rebondissements. Alors que les policiers en colère attendaient la venue du ministre de l'Intérieur, tournant le dos aux émissaires du DGSN restés à Ghardaïa pour tenter d'apaiser les esprits, Chaabet Ennichene a brûlé de mille feux. A partir du mur de la prison, nul besoin d'être connaisseur pour comprendre que tout se jouait dans ce coin de la ville. Les colonnes de fumée se voyaient de loin, des hauteurs du Belvedère et de Bouhraoua, témoignent des habitants de ces quartiers. Neuf magasins ont brûlé, un centre de soins a été entièrement saccagé et incendié à Belladis et deux maisons ont été consumées par le feu à l'entrée de Melika.A Ghardaïa, en ce 14 octobre 2014, toutes les écoles étaient fermées. Les administrations, les banques et les bureaux de poste ont suivi le rythme d'une ville qui ne veut décidemment pas rompre avec la violence. Pendant toute la journée, des émissaires essayaient de faire plier les policiers qui ne voulaient pas en démordre : «On veut que le ministre de l'Intérieur nous écoute !» Toujours indésirable, Abdelghani Hamel a été hué et renvoyé de la salle de conférences de la wilaya ? où étaient massés plus d'un millier de policiers et les veuves de quelques agents décédés lors des événements qui ont secoué Ghardaïa ? peu avant l'arrivée de Tayeb Belaïz, en milieu d'après-midi.Les revendications des policiers ' L'amélioration des conditions de travail, de la considération notamment pour les agents morts ou blessés en mission, de meilleurs salaires et un changement de cap pour ce qui est de la gestion de la crise de Ghardaïa où des suspects ont été relâchés par la justice, sans aucune forme de procès, sous la pression de la rue.A l'heure où nous mettions sous presse, la réunion qui se tenait à la wilaya se poursuivait. K. Nazim, correspondant d'El Watan à Ghardaïa, a été chassé de la salle par le chef du cabinet du wali.




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