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Les hôpitaux malades de manque d'hygiène Gestion des déchets et des risques d'infection est minorée



Les hôpitaux malades de manque d'hygiène Gestion des déchets et des risques d'infection est minorée
La saleté est une composante de la vie en Algérie. Personne ne l'apprécie, mais tout le monde tolère cet état de fait. Elle est partout et constitue un véritable problème de santé publique. Justement, on la retrouve aussi dans les établissements de santé publique où il est, plus qu'ailleurs, primordial de respecter les procédures d'hygiène. Une visite de n'importe quel hôpital public suffit à constater que ces procédures règlementaires (loi n°88-07 du 26 janvier 1988 relative à l'hygiène, à la sécurité et la médecine du travail) ne sont pas ou à peine respectées. Les patients comme le personnel se trouvent donc exposés aux risques de contamination. A titre d'exemple, le taux d'infections nosocomiales contractées en milieu hospitalier est en constante augmentation. Pour voir les normes d'hygiène appliquées dans le domaine de la santé, force est de constater qu'il faut se tourner vers le privé.
A la clinique Al Azhar, par exemple, le volet hygiène est intégré dans le processus managérial. «La direction médicale définit puis valide les procédures avant de les expliquer et ensuite de contrôler qu'elles sont bien respectées», explique Mme Ouared Yasmine, responsable du management de la qualité de la clinique. Le strict respect des procédures a permis à l'établissement de décrocher la certification ISO 9001v2008, qui est une norme générique pour la satisfaction du client, auprès de l'organisme belge AIB Vinçotte. Pour assurer l'hygiène quotidienne dans la pratique médicale, cette clinique dispose d'une quarantaine d'agents de surface. La direction leur a réalisé des démonstrations de la procédure à appliquer. Leur travail se limite au nettoyage des surfaces, mobilier et literie. En ce qui concerne l'entretien des matériels médicaux, ce sont des infirmiers et aides-soignants diplômés qui s'en chargent. Vient ensuite l'étape de la gestion des déchets d'activité de soin à risque d'infection (Dasri). La procédure exige de séparer les différents types de déchets dans des conteneurs de couleurs. «Sacs jaunes pour les déchets mous (ex : compresses, pansements imbibés de sang), sacs rouges pour le verre et les médicaments et enfin, conteneurs rigides pour les déchets coupants ou tranchants (ex : seringues, bistouris)», explique Mme Ouared. L'incinération est la dernière étape. «Nous confions nos déchets à l'entreprise Ecferal qui les incinère», précise la même responsable.
Cet exemple montre qu'il est possible de faire respecter les normes. Mais il pose également la question de savoir pourquoi ce n'est pas le cas pour le reste des établissements de santé, notamment ceux relevant du secteur public. «C'est une question de moyens et de volonté», répond un des responsables de la clinique. C'est sans doute pour cela que dans un même hôpital, un service peut-être mieux entretenu qu'un autre. «Cela dépend du degré d'exigence du chef de service», explique un médecin du CHU de Bab El Oued. Même lorsque le service est propre, le plus souvent ce n'est pas le cas des parties communes. Car, la responsabilité du chef s'arrête à la porte du service. En dehors des sentiers battus, les employés se renvoient la responsabilité et le travail n'est pas fait.
Lorsque le patient est confronté au défaut d'hygiène, c'est souvent la famille qui prend le relais. Ils nettoient la chambre, apportent leur propre literie et/ou nourriture. Mais ces derniers ignorent qu'en milieu hospitalier, ces actes banals sont strictement interdits et peuvent même constituer un danger, car vecteurs de germes. «Nous essayons d'empêcher ces comportements mais les patients n'obtempèrent pas», se justifient les médecins questionnés au CHU Mustapha Pacha. Quand on évoque la présence de chats dans les couloirs ou autres cafards et insectes, on se heurte au silence des responsables.
Respecter le processus d'hygiène garantit la qualité de service pour le patient, mais surtout les bonnes conditions de travail pour les praticiens. Deux points qui sont régulièrement soulevés par les travailleurs de la santé publique. Actuellement, ce secteur connaît un mouvement de protestation sans précédent. Outre les médecins et personnels paramédicaux, la grève s'est, cette fois-ci, élargie aux corps communs.
En effet, c'est à ces corps, qui comprennent l'administration et les ouvriers de la santé, que revient, en grande partie, la charge de l'hygiène. En grève depuis cinq semaines, ils réclament la révision des statuts particuliers, régime indemnitaire et des postes supérieurs. En somme, les revendications sont d'ordre financier. Pourquoi le respect des normes d'hygiène n'est-il pas une revendication clairement formulée par les différents syndicats de la santé ' A ce sujet, les responsables syndicaux ne cachent pas leur malaise. Même s'ils tentent de minimiser le problème, ils avouent les négligences et l'absence des normes.
«Nous allons au plus urgent dans la rédaction des revendications, mais, en réalité, nous avons plusieurs fois posé le problème de la formation des ouvriers de la santé au ministère de tutelle», se défend Moussaoui Azzedine, secrétaire général de la filiale Ugta du syndicat des corps communs du CHU de Bab El Oued. Depuis le début du mouvement de contestation, les travailleurs de la santé publique ont souvent comparé leur cas à celui des personnels de l'éducation nationale. «Pourquoi ont-ils eu gain de cause et pas nous '», demandent les syndicalistes.
De son côté, l'Etat a recours aux perfusions pour maintenir la paix sociale. Mais lorsqu'il se fait avare de budgets, il fait des jaloux, car les derniers arrivés sont les moins bien servis. Les professionnels de la santé publique sont dans ce cas de figure, et les plus grands perdants sont les patients.
A. H..


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