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Les élus de la wilaya de Tizi Ouzou disent oui, mais...



Les élus de la wilaya de Tizi Ouzou disent oui, mais...
Malik BoumatiLa participation des citoyens dans la gestion des collectivités locales a encore une fois fait l'objet d'annonces de la part des responsables de l'Etat. La dernière en date vient du dernier Conseil des ministres restreint qui a précisé que la gestion participative des collectivités locales était une exigence du président Bouteflika. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et le ministre de l'Intérieur, Tayeb Belaïz, ont également évoqué cette notion avant le chef de l'Etat. Cette insistance des hautes autorités du pays sur la notion de démocratie participative et de communication entre les gouvernants et les gouvernés intervient à un moment où l'on parle d'un nouveau découpage administratif visant la création de nouvelles wilayas dont l'objectif déclaré est de rapprocher les citoyens des centres décisionnels locaux.C'est, semble-t-il, la décision de mettre en ?uvre un nouveau découpageadministratif qui a poussé l'Etat à relancer cette idée de participation citoyenne à la gestion des collectivités. Dans la wilaya de Tizi Ouzou, les citoyens doivent être patients pour voir se créer les deux nouvelles wilayas-déléguées, Azazga et Draa El Mizan, puisque les pouvoirs publics comptent mener l'entreprise de façon graduelle, la priorité étant donnée aux wilayas du Sud et des Hauts-Plateaux. Mais les élus locaux ne sont pas très convaincus que la création de nouvelles wilayas favorisera une démocratie participative efficace. Certains rejettent même l'idée, estimant que leurs communes font déjà participer les citoyens dans la gestion et soupçonnant les autorités centrales du pays de vouloir réduire de leurs prérogatives déjà limitées. Des animateurs du mouvement associatif disent saluer cette idée de démocratie participative mais ne croient pas à un succès sans que la société ne soit mobilisée autour de l'idée d'intérêt commun.Il faut rappeler cependant que la commune de Ouaguenoun a déjà fait l'expérience à partir de la mandature 2007-2012 durant laquelle l'équipedirigeante, issue d'une liste FFS, a tenu l'une de ses promesses électorales eninstallant un Conseil consultatif communal (CCC) composé de représentants de comités de villages, du mouvement associatif et d'universitaires. Une démarche qui a beaucoup participé à la réduction de l'animosité entre les villages de la commune, du fait que les projets de développement local étaient discutés au sein du CCC avant d'être soumis aux délibérations de l'Assemblée communale. Surtout que les enveloppes allouées par l'Etat ne sont pas suffisantes pour satisfaire tous les besoins des villageois. Mais la réussite de cetteexpérience n'a malheureusement pas servi d'exemple aux autres communes de la wilaya, mais de nombreux élus estiment que la participation citoyenne est effective sur le territoire de leurs communes respectives, même si elle n'a paspris la forme d'un Conseil comme celui de Ouaguenoun.Et si les élus locaux ne sont pas contre le principe de participation citoyenne dans la gestion de la cité, ils préfèrent «attendre pour voir les véritables intentions des pouvoirs publics», la confiance entre élus locaux et administration centrale n'étant pas encore une chose évidente. Ce manque de confiance est palpable particulièrement chez les élus des formations politiques d'opposition, comme le FFS et le RCD et certains indépendants, qui suspectent encore le pouvoir de vouloir «museler les élus locaux et, à travers eux, leurs partis politiques, en empiétant sur leurs maigres prérogatives». «Je suis de ceux qui font participer mes concitoyens à la gestion de la commune dans les limites de nos moyens, donc, je ne peux être contre ce principe fondamental de la démocratie, mais je dois vous dire que je n'ai pas confiance en ce pouvoir machiavélique qui ne rate aucune occasion pour mettre des bâtons dans les roues des élus», affirme le maire d'une commune déshéritée des hauteurs de la wilaya, estimant nécessaire d'attendre «que les intentions du pouvoir soient visibles pour se prononcer sur la question». En somme, les élus locaux ne veulent pas que leurs prérogatives déjà limitées par les codes communal et de wilaya, ne soient encore réduites par cette idée de faire participer les citoyens dans la gestion des communes. D'autant plus qu'ils posent le problème de la représentativité dans un certain nombre de comités de villages et de quartiers, peu légitimes du fait de la démission populaire des affaires de la communauté. Il s'agit donc de remobiliser les citoyens autour des questions d'intérêt commun pour que la démocratie participative soit efficace et légitime, estime certains élus interrogés ainsi que le président d'une association activant dans le domaine social et culturel. «Il faut que les citoyens retrouvent l'envie de s'impliquer en masse dans l'action commune, qu'ils se remobilisent pour réussir cette entreprise de démocratie participative qui pourrait être salutaire pour nos communes», affirme de son côté un président d'APC qui a longtemps activé dans le mouvement associatif avant de se lancer dans la course électorale, il y a plusieurs années.M. B.


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