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Le trader libanais et les gros contrats de Sonatrach



Le trader libanais et les gros contrats de Sonatrach
Les magistrats en charge de l'affaire dite Sonatrach II et les financiers de la Cellule de traitement du renseignement financier (CTRF) - ministère des Finances - se seraient récemment saisis du dossier des contrats internationaux de line-pipes destinés au transport d'hydrocarbures, ainsi qu'à certaines activités liées au forage, a-t-on appris de sources proches de l'affaire.D'après ces mêmes sources, c'est le montant des dépenses, plus de 700 millions de dollars, «engloutis» dans les achats internationaux de la compagnie pétrolière entre 2008 et 2009, de plusieurs km de tubes de différents gammes et diamètres, qui a accroché l'attention des enquêteurs.Aussi, à ces derniers, le nom d'une société libanaise, fortement présente dans plusieurs contrats, avait également mis la puce à l'oreille, d'après nos sources.Interrogés à ce propos, nombre de juristes, spécialistes des affaires pénales, s'accordent à dire qu'«en s'intéressant aux contrats des line-pipes, les enquêteurs cherchent peut-être à vérifier s'il existe d'éventuels rapports entre cette société libanaise et les activités commerciales de Farid Bedjaoui ? élément-clé dans l'affaire Sonatrach II ? au Liban».Quant au député Smain Kouadria, ce dernier a, dans un entretien téléphonique, en partie, confirmé nos informations. En effet, l'ex-n° 1 du syndicat ArcelorMittal Annaba a été formel : «Durant la période en revue ? 2008-2009 ?, Sonatrach avait effectivement passé des contrats dont le montant global s'était élevé à plus de 732 millions de dollars pour s'approvisionner, sur le marché international, en tubes pour le transport d'hydrocarbures et en tubes Tasing destinés aux activités de forage.Une bonne partie des contrats avait été attribuée à un trader libanais. Celui-ci, comme son nom l'indique, n'est pas un producteur. Il achetait lesdits tubes auprès de fabricants européens ? polonais surtout ? et asiatiques. A l'époque, nous avions saisi les plus hautes autorités du pays pour mettre un terme à cette situation qui avait lourdement impacté la Tuberie d'El Hadjar».Et la «préférence nationale», la «protection de la production nationale» dont s'enorgueillissaient nos gouvernant ' Car, en Algérie, deux entreprises Tuberie Sans Soudure (TSS), filiale ArcelorMittal Annaba, et l'Entreprise nationale de tubes et transformation de produits plats, Groupe Anabib, étaient en mesure de satisfaire une part non négligeable de la demande de Sonatrach.Subterfuge«Pour écarter ces deux entreprises, l'on avait trouvé un subterfuge des plus infaillibles : dans chacun des appels d'offres, nationaux et internationaux, les décideurs de Sonatrach rassemblaient tous les diamètres et gammes de tubes, sachant pertinemment que ni TSS ni Anabib n'étaient capables de fournir l'ensemble des gammes/diamètres requis. Les deux producteurs nationaux s'en retrouvaient, de fait, exclus après ouverture des plis», explique le parlementaire. Alors que, estime-t-il, «il suffisait à Sonatrach de répartir les gammes et diamètres de pipes sur des appels d'offres distincts et faire, ainsi, bénéficier TSS et Anabib de tranches non négligeables des contrats». Partant, l'ex-TSS, actuelle ArcelorMittal Pipes and Tubes Algérie (Ampta), s'en était retrouvée particulièrement sérieusement affectée ; elle frôlait le dépôt de bilan, faute de commandes Sonatrach, son plus gros client. «Il fallut toute une tempête médiatique, alors soulevée par le syndicat d'El Hadjar et l'implication active de la centrale syndicale avant que ne soient données des instructions politiques fermes à Sonatrach d'acheter algérien.Ce n'est qu'en renouant avec nos tubes qu'Ampta avait commencé à respirer. Le trader libanais et une poignée d'autres concurrents internationaux privilégiés l'avaient, en quelque sorte, condamnée à disparaître en raflant les gros contrats de la compagnie pétrolière nationale dans le segment tubulaire. Tout était fait pour nous mettre à l'écart de la compétition.Avant 2012, nous nous tournions les pouces par manque de commandes. Sonatrach préférait, pour des raisons que seule sa tutelle d'alors connaissait, acheter à l'étranger alors que nous produisions des tubes nobles dont la qualité n'avait rien à envier à celle des tubes européens ou asiatiques», soulignera, pour sa part, Lotfi Farah, SG du syndicat d'entreprise Ampta, dans une déclaration à El Watan Economie. Aujourd'hui, l'ex-TSS est de plus en plus sollicitée, la qualité de ses produits reconnue.Pour preuve, se réjouit-il, son entreprise a pu honorer ses engagements contractuels vis-à-vis de Sonatrach, et ce, aussi bien en termes de délais de livraison que de qualité : «Bien que les plannings contractuels de livraison aient été quelque peu compromis par l'arrêt, pendant des semaines, du Haut Fourneau, le dévouement et la détermination de nos 325 travailleurs et de nos collègues de la sous-traitance ont fini par porter leurs fruits.D'ici à fin juin prochain, au plus tard, devrait être satisfaite la dernière tranche du contrat nous liant à Sonatrach TRC (Transport par canalisation) depuis 2012». Ce contrat, rappelle M. Farah, porte sur la fourniture par Ampta de 420 kilomètres de tubes en acier sans soudure ? line-pipes de 10 pouces ? destinés au gazoduc appelé à alimenter en gaz naturel les villes d'Illizi et de Djanet. Aussi, des négociations en cours avec Sonelgaz et Naftal sont, selon notre interlocuteur, en passe d'être finalisées pour la fourniture de plusieurs centaines de km de tubes de différents diamètres aux fins du transport de gaz et carburants.


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