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Le scandale des «escaliers bleus» fait mal à la ville


Le scandale des «escaliers bleus» fait mal à la ville
Ils ont résisté des décennies durant aux aléas du temps, mais ont fléchi devant «la bêtise humaine» et «l’ignominie des responsables» de l’antique Cirta. A coups de marteau-piqueur, les escaliers en pierre bleue reliant la rue Didouche-Mourad au Coudiat Ati ont été transformés en menus morceaux, suscitant du coup indignation et consternation parmi de nombreux Constantinois qui se sont mobilisés pour

arrêter le massacre.

Le mal est déjà fait et les dégâts sont irréversibles. Une bonne partie des escaliers en pierre bleue taillée reliant les Arcades (rue Didouche-Mourad) à Coudiat Ati ont été « massacrés » à coups de marteau- piqueur dans le cadre et au nom du « gigantesque » projet «Constantine capitale arabe de la culture ». Les responsables de l’antique Cirta, cité deux fois millénaire, berceau de plusieurs civilisations, qui croyaient qu’en «détruisant» des escaliers considérés patrimoine de la ville, ils allaient redonner à Constantine ses titres de noblesse, ont butté sur un «rempart » indestructible : les enfants de Constantine. «Maline dar ou wlad Ksentina » en fervents défenseurs de tout ce qui touche à l’histoire, aux traditions et aux valeurs millénaires de leur cité, se sont élevés contre le « non sens et la barbarie » des responsables chargés de « raser » un pan de la mémoire de Constantine.

Consternés et indignés au plus haut degrés par l’acte qu’ils qualifient de « criminel » et sonnés par le son assourdissant du marteau-piqueur en action, ils ont accouru dans tous les sens pour sauver ce qui peut l’être, en empêchant ce crime, et ont tenté d’interpeller les responsables de la ville, mais en vain. Au grand malheur de Constantine, dénaturée au nom de « capitale arabe de la culture », les donneurs d’ordres, en congé, se prélassaient au bord de la mer.

LA MOBILISATION CITOYENNE

La mobilisation des Constantinois, écœurés par ce énième acte de vandalisme touchant leur cité et auquel ils n’ont pas été associés - c’est d’ailleurs le cas pour tout ce qui concerne la gestion de la ville -, ne fléchit pas. Les réactions indignées des Constantinois et même d’illustres anonymes de toute l’Algérie et d’ailleurs fusent de partout. L’information, relayée à grande échelle par les internautes, a enflammé les réseaux sociaux, qui ont fait de cette affaire une cause de tout Constantinois. Une pétition citoyenne, intitulée «Sauver les escaliers en pierre bleue de notre ville Constantine», a été lancée en ligne par des citoyennes via le site «avaaz.org, pétitions citoyennes ». Jusqu’à hier, la pétition a été signée par plus de 500 personnes et a été diffusée à grande échelle via facebook et twitter par des centaines d’internautes.

LES EXPLICATIONS DES RESPONSABLES

Pour les responsables de la ville des Ponts, le projet de « destruction » des escaliers en pierre taillée de la ville entre dans le cadre de « l’accompagnement de la manifestation Constantine capitale arabe de la culture ». Le massacre déjà entamé devra toucher, selon les services de la DUAC, cité par l’APS, «15 escaliers séculaires situés aux avenues Mohamed- Belouizdad, Coudiat et la cité Bellevue ». Objectif de l’opération à laquelle une enveloppe de 8 milliards de dinars a été consacrée, « l’embellissement de la ville des Ponts ». Pour ces derniers, les escaliers en pierre taillée, au nombre de 80 à Constantine, seront «repris à l’identique avec de la pierre naturelle» d’importation. Expliquant les raisons ayant suscité cette opération, les responsables ont développé l’argumentaire suivant : «La majorité de ces jonctions, usées, ont été transformées en lieux jonchés de déchets où règne parfois l’insécurité » et « constituent un danger pour les usagers en raison des accidents de glissement ». Le cri de détresse lancé par de nombreux Constantinois soucieux de la préservation de leur cité sera-t- il entendu ? Les jours à venir apporteront leurs réponses. ï￾®



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