Algérie - Zianides (Abdelwadides)


Ibn-Khaldoun raconte que, dans les premières années du quatorzième siècle, Ténès faisait partie du royaume de Tlemcen et appartenait à la grande famille des Maghrâoua. Elle occupait la rive droite du Chélif et la partie du littoral comprise entre Mostaganem à l’Ouest et Cherchell à l’Est. Elle forma pendant quelque temps un petit royaume indépendant avec les autres villes de Brechk et Tipasa, et dans l’intérieur, avec Mazouna et Miliana. Dans son exposition de « La noblesse des Béni-Zyane », l’historien Mohamed Ettounssi (qui veut dire de Ténès) décrit la ville comme un modèle des écoles de la civilisation andalouse. Les Marabouts des Ouled-Abou-Abdellah dit « Sidi-Bouaâbida » habitaient la région du Chélif, ils étaient nobles et ils avaient une grande influence religieuse. On retrouve aujourd’hui leurs descendants dans les régions de Messelmoun et de Hadjret-ennous. Les Ouled-Iounès habitaient les montagnes au Sud-Ouest de Ténès, ils recueillaient une grande quantité de miel dans les arbres et dans les ruches dont ils approvisionnaient le marché de Ténès. Les Soueid habitaient les massifs montagneux de Ténès ; ils ont une grande réputation et une grande autorité. Le roi de Ténès leur allouait des subsides. Quant aux Béni-Bou-Saïd, du massif de Bissa à l’Est, leur payaient un petit tribut ; ils avaient aussi une grande quantité de miel, d’orge et de chèvres ; ils portaient la cire et les peaux également à Ténès.
El-Mouttaouakel, fils d’Abou-Zyane-Mohamed, fils d’Abou-Thabet, en fut le premier roi de Ténès de 1439 à 1461. Au seizième siècle, lorsque les Espagnols disputaient la possession de Tlemcen aux Turcs d’Alger, Abou-Abdellah-Mohamed-ben-Etthabiti y régnait encore en 1506. Son petit-fils fut le dernier roi de Ténès chassé par Aroudj lorsqu’il prit possession de son royaume en 1517.

Lettre du roi Moulay Abdellah-Mohamed-Etthabiti de Tlemcen adressée de Mostaganem au cardinal Ximinès, peu après l’assassinat du Cheikh d’Alger Salem Ettoummi par Aroudj Barberousse, c’est-à-dire vers 1516 au sujet du roi de Ténès :

Louange à Dieu,
Au Cardinal, conseillé du royaume de Castille, qui en est le grand dignitaire et le Lieutenant de son souverain ;
Après vous avoir adressé nos salutations, sachez que ce que nous avons à vous dire est relatif au fils du Sultan de Ténès, lequel est votre enfant qui vous est attaché et est compté comme l’un des vôtres ; et concerne aussi le fils de Toumi, votre ami d’Alger qui a été égorgé à cause de vous et pour votre service ; vous l’avez abandonné lui et le fils du Sultan et de même vous avez délaissé la totalité de ceux qui ont travaillé pour vous ;
Que Dieu vous garde d’agir de la sorte, et si vous voulez atteindre le but auquel aspire votre dignité, hâtez-vous d’accourir à l’îlot (à Alger) avant que n’y arrive la flotte du Turc et qu’il ne s’empare de tout ce pays-ci. Nous vous prévenons, de notre côté, quand bien même cette nouvelle vous serait déjà parvenue.
Nous ajouterons que le fils du Sultan de Ténès avait le Cheikh el-Mountancer, son oncle maternel, qui lui prêtait son appui et le protégeait, aujourd’hui que ce dernier est mort, il ne lui reste plus personne, si ce n’est Dieu et vous (pour le défendre). Si vous ne vous pressez pas pour le secourir, il sera corrompu et la situation de vos affaires en ce pays se gâtera considérablement.
Le Caïd Martin d’Argote est au courant de tout ; il a dû vous informer de tout ce qui se prépare pour l’avenir.
Cette lettre vous est écrite de Mostaganem.
Cette lettre parviendra à la main de l’excellent, du célèbre Cardinal.

*Archive de Simancas, revue africaine n° 17 ; pages 314 et 315,
année 1873.

Note sur le dernier roi de Ténès par Léon l’Africain :
« Appelé par la population de Ténès, Yahya ben Abdellah Mohamed ben Etthabiti, dont le père régna sur Tlemcen de 1515 à 1516, fut proclamé roi et y régna plusieurs années. A sa mort il laissa le royaume à son fils, jeune homme qui fut chassé par Barberousse. C’est pourquoi il dut aller trouver en Espagne sa majesté, l’Empereur Charles, qui n’était alors que roi d’Espagne. Ce dernier promit de l’aider, mais il fut si long à tenir sa promesse que ce seigneur de Ténès se fit baptiser ainsi qu’un frère puîné, et que tous deux restèrent en Espagne avec une bonne rente de l’Empereur. Aussi Ténès se remit-elle aux mains d’un frère de Barberousse (Kheir-eddine). »
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