La récente rencontre de football entre l'Algérie et l'Allemagne, en Coupe
du monde de football au Brésil (dimanche 30 juin 2014) a été l'illustration
plus que parfaite que, chez nos «anciens », la vengeance est un plat qui se
mange froid.
Le hasard des rencontres et des victoires ou défaites des uns et des
autres a fait que nous tombions face à une Manschaft qui, il y a de cela trente
deux années, avait été accusée d'avoir «levé le pied» face à une équipe,
voisine, amie et sÅ“ur, l'Autriche en l'occurrence, empêchant ainsi les «Verts»
d'accéder au 2ème tour. Il est vrai que l'équipe allemande n'était pas arrivée
à avaler sa défaite de 2 à 1 infligée alors par une jeune équipe, paraissant
encore trop «verte» et au départ méprisée et même moquée. A ce moment-ci, la
vengeance avait été donc mangée toute chaude.
Voilà donc, en 2014, nos «Fennecs» qualifiés pour les 8èmes de finale
après un parcours presque exemplaire quoique quelque peu inattendu : une
défaite, une victoire, un nul, des buts, du style époustouflant et un gardien
«présidentiel»... Peu de commentateurs avaient fait le pari d'un tel parcours,
chacun se réfugiant dans : «l'essentiel est de participer»…, «faire bonne
figure». On est même arrivé à «descendre en flammes» l'entraîneur qui, il est
vrai, jaloux de ses prérogatives, connaissant les humeurs colériques de nos
foules et la versatilité de nos dirigeants, s'était cantonné dans une très
grande réserve communicationnelle.
Vinrent d'abord les journalistes, habitués, eux aussi, à faire et /ou à
défaire les carrières et les réputations de joueurs ou d'entraîneurs, épaulés
en cela par des dirigeants de clubs pour lesquels les choix «exogènes » de
l'entraîneur national (des joueurs, pour une bonne partie, «algéro-étrangers»
mais bel et bien Algériens corps et âme), faisaient baisser la côte des
joueurs... donc,des clubs algéro-nationaux… donc, faire diminuer les
retombées... financières... et politiques... Tout étant si mélangé chez nous!
Mais, ceux qui lui (à l'équipe et à son coach) étaient «tombés dessus» le
plus, dès le départ, ce sont surtout les «anciens» des anciennes équipes
nationales, joueurs et/ou entraîneurs, chacun y allant de son commentaire
d'«expert-consultant» sur les plateaux de télé désormais prolifiques et
demandeurs, concurrence aidant, bien plus de sensationnel que d'informations
professionnellement vérifiées, rigoureusement présentées et sereinement
commentées.
Qualification aux 8èmes de finale ! Objectif atteint…très largement. Par
la Fédération nationale de football. Par Raouraoua. Par l'entraîneur Halilodzic
! Par les joueurs ! Le public est tout content et les supporters sont tout
heureux d'être pris totalement en charge, par les sponsors, une semaine de
plus. Que demande le peuple ? Il a eu son pain (que dis-je ? sa brioche ou sa
part de rente) et son cirque. Bien !
Mais ne voilà-t-il pas que monte au créneau une (autre) vague de «vieux»
qui, certainement, forcément jaloux de cette montée (inattendue) victorieuse de
la nouvelle jeunesse, remettent sur le tapis une «histoire» vieille de trente
deux ans. Certains sont même montés au créneau en demandant, en plus des
encouragements habituels, tout à fait normaux, aux joueurs, de «ré-éditer
l'exploit de 1982», c'est à dire de vaincre l'équipe d'Allemagne. Et, de plus,
en faisant référence explicitement au mois sacré de Ramadhan, ils ont
transformé, subliminalement, une épreuve tout simplement sportive en bataille
presque religieuse. Vaincre pour l'honneur du pays et du sport national aurait
amplement suffi. Rajouter une mission politico- (presque) militaro-
«historique» ne pouvait être que très lourd pour des jeunes gens qui, tout en
voulant réussir, sous les couleurs de leur pays origine, natal…. leurs
carrières et leur aventure mondialiste, veulent aussi se «faire plaisir», faire
plaisir au peuple algérien et créer de la joie aux supporteurs en (bien) jouant
… et en gagnant. Elémentaire ! Souvenirs ? Nostalgie ? Rancune ? Politique
politicienne ? Le message est assez vite relayé par des «anciens » joueurs. La
presse reprend. Même l'entraîneur national, pourtant si discret, se laisse
prendre au piège de la diatribe et de la polémique en faisant allusion à 82, comme
si cela pouvait améliorer les performances. Car, polémique il y eut... avec une
réponse bien allemande, pouvant servir de démarche managériale de la société :
«La génération composant l'équipe actuelle (allemande) de football n'était même
pas née en 1982, et ne sait même pas de quoi il retournait en 1982 entre
l'Algérie et l'Allemagne». Donc, svp, «pas de rétroviseur» !
Là est le nÅ“ud de la problématique.
Pourquoi cette manie de nos décideurs, tout particulièrement nos
«anciens», de cantonner notre société, surtout les parties les plus jeunes, les
«nouvelles générations», à toujours regarder en arrière et à «forcer» les gens,
aussi patriotes et nationalistes qu'eux, à reprendre ( ?) un flambeau presque
éteint et épineux , à «venger» les offenses ou supposées telles (même les plus
farfelues) subies par le passé … par eux, par d'autres anciens, par d'autres
générations…. aux idées toutes autres, et dans des contextes bien différents ?
Hypothèses !
- Le souci de se maintenir au pouvoir par le biais du maintien sous
pression «historique» des jeunes et nouvelles générations afin que celles-ci
restent toujours redevables de quelque chose, à la nation et à ses «leaders».
- La «fuite en arrière» des décideurs qui, incapables de gérer et de
développer comme il se doit l'entreprise Algérie en devenir, tenant compte des
capacités humaines et matérielles disponibles, ressassent, depuis
l'Indépendance, les mêmes arguments autour des mêmes «ennemis» (il y en a
toujours un, interne ou externe, «tapi» quelque part) et des mêmes concepts
- L'incompréhension du monde nouveau, avec ses nouvelles valeurs et
visions, monde qui, avec internet et toutes les nouvelles technologies, a déjà
«avalé» nos jeunes. Du «tab jn'anhoum mahroug » comme on n'en fait que chez
nous !
Chacun, chef ou pas chef, patriarche ou pas patriarche, a le droit d'être
«ancien» ou vieux, mais chaque ancien ou vieux n'a pas le droit d'empêcher les
autres d'être jeunes, et de leur faire assumer des «missions impossibles»
(gagner les Allemands n 'en était pas une, puisqu'on les a battus par deux
fois, déjà), tout particulièrement en faisant appel, à tout bout de champ, à
des passés encore mal déchiffrés, ou à des concepts vieillots, populistes et
/ou démagogiques .
Ps : - L'équipe nationale de football a perdu, après prolongations (il
faut le faire !), sa rencontre contre l'Allemagne (1-2). Mais, quelle rencontre
! Les spécialistes disent que ce fut la plus belle rencontre de tout le
Mondial. A mon avis, c'est l'équipe nationale de football (l'ensemble : staff
technique et dirigeants y compris) la plus formidable d'entre-toutes, celle de
82 et les autres brillant surtout par les prouesses individuelles.
- La France l'a échappé belle. Imaginez les conséquences – en Algérie,
mais surtout en France - d'une victoire (ou d'une défaite) de l'équipe
nationale face aux «Bleus».
Enfin de compte, la rencontre avec l'Allemagne a arrangé tout le monde…
même Le Pen qui, paraît-il, a envoyé un «tweet» de félicitations aux joueurs
algériens pour leur combat face… aux Allemands (du racisme vicelard comme seul
un vieux c… peut en faire).
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Posté Le : 10/07/2014
Posté par : sofiane
Ecrit par : Belkacem Ahcene-Djaballah
Source : www.lequotidien-oran.com