Algérie - Revue de Presse



Le procès de l?ex-wali d?Oran, Bachir Frik, fait dresser des oreilles attentives chez le commun des mortels. Non pas que ce dernier découvre soudain qu?il y a de la corruption dans le sérail algérien ; cela il le sait bien depuis que l?Algérie est Algérie. Ce qui suscite plutôt son intérêt, c?est qu?on cite nommément et publiquement des noms de puissants dans une cour de justice, parmi eux un général, un ancien chef de la Sûreté de wilaya et des notabilités locales de tout acabit, sur fond de terrorisme, de trafic de terres et de cocaïne. Pas moins que cela. Le procès de Bachir Frik est un véritable « travail pratique » sur le fonctionnement du système algérien dans sa facette hideuse que sont la corruption, le népotisme, la concussion, etc. Il permet aussi de mesurer autant les énormes pouvoirs d?un wali dans la distribution de terrains, de logements et de locaux commerciaux que les appétits qui gravitent autour de ces inépuisables rentes. Cela dit, l?ex-wali d?Oran a choisi un système de défense bien périlleux en s?attaquant à des puissants, c?est-à-dire en fin de compte au système politico-militaire lui-même qu?il présente comme totalement gangrené. Il n?a pas opté pour l?autre voie qui consiste à s?imposer la loi du silence, à minimiser les dégâts et à se présenter comme une victime, ce qui lui aurait donné divers atouts pouvant aller jusqu?à l?indulgence, la peine réduite ou la relaxe pure et simple. Apparemment si l?ex-wali d?Oran a choisi de jeter un pavé dans la mare et viser haut et fort, c?est qu?il paraît sûr de ses preuves. Mieux, il donne l?impression d?avoir reçu des assurances que désormais il n?y aura que la vérité qui compte dans les prétoires et non plus les coups de fil aux magistrats et les interventions de toutes sortes. Ce calcul est à haut risque, car il suppose, outre des dossiers solides sur ces graves accusations, une justice qui a définitivement tourné la page. Certes le procès actuel bénéficie d?une étonnante liberté, mais rien de fondamental n?indique que la justice a changé hormis un discours politique récurrent sur l?indépendance du magistrat et sur la loi « au-dessus de tous », ponctué de déclarations de guerre officielle contre la corruption. On voit encore mal aujourd?hui la justice fouiller dans les tréfonds du système et s?attaquer à des hommes dans des institutions intouchables. Mais peut-être que...

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