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Le jeûne au temps de la



Le jeûne au temps de la
Depuis le début du mois sacré, le mercure frôle les 38 degrés. Chose somme toute « normale », au regard de la population locale. « Les gens ne s'aventurent que rarement dans les rues, notamment les week-ends. La chaleur en été est insupportable, d'ailleurs personne ne quitte sa maison », ajoute le chauffeur de taxi. Sur la route menant vers Sidi Okba, les champs et les palmeraies sont quasiment vides. Alors la sieste devient obligatoire et prolongée à souhait. Pour trouver âme qui vive, il faut aller à la mosquée de Sidi Okba qui semble être le refuge des citoyens venus pour accomplir la prière d'El Asr, mais aussi pour profiter de la fraîcheur des lieux. Le nombre de vélos et motos stationnés dans la grande cour est important. « Je profite pour lire quelques versets du Coran et me reposer. Beaucoup de fidèles viennent à la mosquée pour suivre le prêche donné par l'imam entre l'Asr et la prière du Maghreb. D'une pierre, deux coups », confie Mohamed, un habitant de la ville. Un vieux rappelle que les gens du Sud sont habitués aux grandes chaleurs, « mais la situation se complique durant le mois de ramadhan. On ne sort qu'en cas de nécessité, sinon reste chez soi jusqu'au soir ».Biskra se réveille à 18hMême constat au niveau de l'avenue commerciale Zgag-Benramdane, habituellement très animée, notamment avec la présence du grand marché de la ville, fermé à cette heure-ci, à l'exception d'un marchand d'épices. « Les gens ont fait leurs courses la veille du ramadhan. Les Biskris ont leur rythme de vie pendant l'été et durant le mois de ramadhan. Ils font le marché tôt le matin, pour éviter le soleil », précise le vendeur. Ce n'est que vers 18h que la ville commence à sortir de sa torpeur. Ici aussi l'activité commerciale obéit aux circonstances. On change de métier pour investir dans la préparation et la vente de friandises et autres gâteaux, dont la zalabia et le kalb el louz. Et sur le grand boulevard, les étals proposant le pain traditionnel se succèdent. Un rush sur les points de vente de « Doubara », une soupe épicée, préparée à base de pois chiches et de fèves et arrosée d'huile d'olive, attire l'attention. « C'est le plat principal des familles biskries, c'est comme la chorba à Alger. Il est très prisé, notamment par les gens issus d'autres wilayas qui viennent travailler à Biskra », souligne Noureddine, gérant d'un restaurant transformé en point de vente de la « Doubara ». Chose que confirme Mounir. Officier de la Gendarmerie à Biskra, ce natif de Tipaza se dit passionné de ce plat. « Je ne peux plus m'en passer durant le mois de jeûne », reconnaît-il volontiers. Les clients ne sont pas seulement de nouveaux consommateurs, même les gens de Biskra en achètent. « Ma femme est débordée par la préparation des plats, alors je préfère acheter la Doubara. Je ne veux pas m'aventurer, surtout qu'il s'agit de ramadhan », confie Sofiane, nouvellement marié. Les veillées sont timides en cette première semaine à Biskra. Après la prière des « tarawih », la place de la Liberté reste la destination fétiche des habitants de la ville. Une ambiance particulière s'installe peu à peu après la rupture du jeûne. L'espace est investi par des jeunes et des vieux, qui pour siroter un thé, qui pour une partie de dominos ou de cartes, jusqu'à l'approche du s'hour. Un espace jeux est également réservé aux enfants.Le combat dans les chantiersDimanche. 8h du matin. La journée commence sous un soleil de plomb. Au moment où beaucoup sont en quête de fraîcheur dans les maisons, les bureaux climatisés, d'autres continuent à travailler et affronter les conditions difficiles dans les chantiers. C'est ce qu'on a constaté lors de la visite de travail et d'inspection du ministre de l'Industrie et des Mines, Abdesselam Bouchouareb, aux chantiers de son secteur. Malgré la canicule, les ouvriers dans la zone d'activité de Branis étaient sur le terrain. « C'est notre gagne-pain, nous n'avons pas le choix », ont-ils déclaré. Sid Ali, un jeune de 23 ans, rencontré dans un chantier de cimenterie, la bouche sèche, avait mis une serviette imbibée d'eau sur la tête pour résister à la chaleur. « La première semaine, on souffre beaucoup. Après, on s'habitue », résume-t-il. Pour ce maçon, « c'est un travail qui demande beaucoup d'efforts et, quand on observe le ramadhan, nos efforts diminuent aussi, mais nous faisons avec » Et son collègue Omar de lancer : « ce n'est pas facile avec cette chaleur, c'est très dur et personne ici ne vous dira le contraire. » L'endroit dégageait une chaleur suffocante. « On commence le travail à 6h du matin et des fois juste après le s'hour. On termine vers 16h30. En fin de journée, après 11 heures de travail, on n'a même pas la force de prendre une douche ou de faire des courses. Parfois on ne peut même pas dormir à cause de la fatigue », renchérit un ouvrier âgé de 52 ans. Il est 11 heures dans le chantier d'une autre cimenterie à Djemorah. Sous un soleil impitoyable, une dizaine d'ouvriers sont sur les lieux, casque sur la tête. « C'est un peu plus dur de travailler, mais on a l'habitude. Le jeûne et la canicule ne changent rien à nos habitudes », affirment-ils. A les croire, travailler dur tout en observant le jeûne sous un soleil de plomb ne semble pas être une contrainte ou un obstacle pour eux. « Le travail est difficile mais il faut s'armer de courage et de patience. C'est l'esprit du jeûne », estiment-ils.


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