Algérie - A la une

Le hameau des damnés



Le hameau des damnés
Après avoir vécu la terreur des années 1990, les lieux semblent aujourd'hui avoir été oubliés par les autorités de l'APC de Belkheir, attendu que leurs habitants n'ont bénéficié ni de route, ni d'école, ni d'eau potable, ni encore moins de transport.A quelques encablures au sud du chef-lieu de la wilaya de Guelma, sur la RN 80 en direction de Sedrata, dans la wilaya de Souk Ahras, juste après le pont enjambant l'Oued Zimba, une plaque indique Hadjar Mangoub, 7 km. Beaucoup prennent ce chemin communal par curiosité, s'attendant à découvrir un village ou une agglomération secondaire, mais ce sont quelques taudis, une école et ses annexes en ruine et une antenne administrative désertée qui vous accueillent, rappelant que ce village était auparavant bien peuplé.En effet, le hameau de Hadjar Mangoub a connu, nous dit-on, ses décennies de quiétude avec son école primaire construite durant l'époque coloniale, puis agrandie juste après l'indépendance du pays pour accueillir des générations d'élèves des mechtas voisines. La construction d'une antenne administrative, durant la même période, atteste aussi de l'importance de ce district. Mais que s'est-il passé à Hadjar Mangoub' Pourquoi une telle désolation ' À cette question, l'un des agriculteurs que nous avons rencontré sur les lieux, raconte: «J'ai 74 ans et je suis né à Hadjar Mangoub ; je n'ai jamais quitté ma maison. Notre grand malheur est venu durant les années du terrorisme. Deux personnes ont été sauvagement égorgées, et si ma mémoire est bonne, en 1994, l'une d'elles était chef d'antenne administrative. Les vols de bétail, notre principale source de revenu, n'ont fait qu'accentuer les départs vers la SAS, Guelma ou Belkheir.» Et d'ajouter : «Depuis, rien n'a changé pour nous sauf bien sûr le calme.»Dans la discussion un homme se joint à nous et déballe son désarroi : «Il n'y a plus personne ici, sauf une poignée de ménages, de vieux éleveurs. Moi je suis resté, mais mes enfants ne vont pas encore à l'école. Bien sûr la nôtre, l'école primaire Boughazi Amar et ses deux logements de fonction, ont été transformés en étable. Quant à l'annexe administrative, l'APC de Belkheir l'a abandonnée. Pour le reste, nous avons une seule fontaine publique que nous réparons avec nos propres moyens. L'éclairage public fait défaut, et quant au transport il est inexistant. Depuis quelques semaines une entreprise répare la route mais les travaux ont été stoppés juste à l'entrée de la mechta.» En effet, non loin de cette lugubre annexe, une autre bâtisse sans toiture sur laquelle des espaces d'affichage réservés aux partis en lice de l'époque, rappellent que les gens ont déjà probablement voté ici.Une nouvelle ville à Hadjar Mangoub 'Dans ce contexte nous avons pris attache avec Abdelhamid Draar, P/APC de Belkheir. Il déclare : «Avec l'étude du nouveau plan d'occupation du sol (POS) de Belkheir dans la région de Hadjar Mangoub, cette dernière va connaître dans les prochaines années l'émergence d'une nouvelle ville qui sera bâtie sur une superficie de 153 ha. L'ensemble des programmes de logements et équipements de Guelma et Belkheir iront vers cette zone. Il est question de 28 000 logements.» Et de conclure : «Mais en attendant, une enveloppe devrait être allouée pour la réhabilitation de l'antenne administrative. Nous réglons un problème foncier de la bâtisse pour engager les travaux. Quant à l'école primaire, c'est aux habitants de formuler leurs besoins, qui seront transmis à la direction de l'éduction. Pour inciter les populations à revenir, 15 logements ruraux ont été attribués.» Quoi qu'il en soit, en attendant du concret, voilà une nouvelle qui fera chou blanc auprès des habitants de Hadjar Mangoub, sachant qu'en 1995 cette même région avait vu l'approbation d'un POS sur 29 ha, mais qui n'a, nous dit-on, jamais été exploité.





Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)