Algérie - A la une

Le groupe Zine Gdah
Le groupe ouargli Zine Gdah (Arc-en-ciel) a fait sensation lors de la deuxième soirée du Festival de la chanson amazighe à Béjaïa. Avec au chant et à la guitare solo Tahar Idder, Hocine Salhi à la basse, Salah Baba à la batterie, Salah Karabi au tam-tam, Hakou Hechani à la guitare rythmique, et Mohammed Maârif au clavier, Zine Gdah marque les esprits partout où il passe et s'impose petit à petit sur la scène musicale algérienne avec un style et un talent qui ne laissent jamais indifférent. Pour mieux le connaître, nous avons profité de sa venue à Béjaïa pour interviewer son leader, Tahar Idder.- Est-ce que tu peux tout d'abord nous résumer le parcours artistique du groupe jusqu'à aujourd'hui 'Zine Gdah est né à Ouargla en 1984 de l'union d'un groupe d'universitaires et d'enfants de quartier dans un contexte où les associations et les espaces d'expression et d'échanges étaient quasi inexistants, et où notre wilaya était en train de connaître de profondes transformations qui risquaient d'impacter la culture locale.A vrai dire, il y a eu une transmission de flambeau à partir de 1990 des anciens aux actuels membres du groupe. Cela s'est passé sans trêve et n'a altéré en rien notre ligne artistique. Mis à part un bref repli sur soi durant la décennie noire, le groupe a toujours été actif.- Si on comprend bien, Zine Gdah fait de la défense de la culture ancestrale son cheval de bataille...Oui, entre autres. Dans le contexte que j'ai déjà décrit, il fallait faire quelque chose. Zine Gdah était un moyen de protéger, perpétuer et préserver la culture locale ancestrale devant l'expansion économique et les bouleversements qu'elle a engendrés. Des rituels ancestraux comme le célèbre Id Bouebrib, un carnaval typiquement ouargli, en ont déjà fait les frais.Nos deux albums, Noubia et Lala Mansoura restituent les légendes de Tamekrat (rituel de bénédiction) et les bonnes vieilles valeurs de solidarité et d'entraide. En outre, l'expansion économique s'est faite au détriment des palmeraies, le seul gagne-pain de beaucoup de familles pauvres. Ce sur quoi il ne fallait pas se taire. En somme, notre musique est au service de l'identité et des intérêts des plus démunis.- Ce sont donc tous ces aspects qui vous inspirent dans vos textes 'Absolument. Tout d'abord, nous revendiquons notre identité berbère. Ce que je souhaite le plus, c'est une convergence des luttes entre toutes les variantes de tamazight pour une Algérie plurielle où prime le respect de toutes les composantes. Par ailleurs, nous contestons à travers nos chansons la manière avec laquelle l'administration traite la propriété.Tout est à la merci des nouveaux riches qui veulent tout accaparer et ne rien laisser aux pauvres, en butte à une dégradation multidimensionnelle. Avec les autres membres du groupe, nous étions les premiers à s'élever contre cet état de fait, l'exploitation du gaz de schiste dans le Sud et à soutenir le mouvement des chômeurs de Ouargla.- Pour revenir au volet musical, on remarque dans votre style un mélange de zouk, de reggae, de blues et autres ; quelles sont vos influences 'Dans le passé, les fameuses pistes du sel et d'ivoire, par le brassage des populations locales et subsahariennes, ont donné lieu à la culture Gheraba, d'une richesse culturelle inestimable. Il existe 42 rythmes à Ouargla. Nous puisons de ce trésor inépuisable ce à quoi on ajoute notre propre touche, tout en gardant le cachet original. Des chanteurs et des groupes comme Bali Othmane et Tinariwen sont aussi pour nous comme des guides spirituels par leur engagement. Toutes ces influences sont reflétées dans notre style, que cela soit sans les paroles ou la musique.- Avez-vous des projets d'avenir 'Nous préparons un nouvel album qui sortira sur le marché en 2015. Comme d'habitude, ça parle d'identité et des thèmes que j'ai déjà évoqués. Sinon, ça sera les tournées en Algérie et ailleurs.- Le mot de la fin...Etant un lecteur assidu d'El Watan, je vous salue et vous souhaite une bonne continuation.


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