Algérie - Costumes traditionnels


Le Djabadouli
L'origine de la racine du nom djabadouli est partagée entre la Perse et la Turquie. Ce nom est attribué à un vêtement qu'on pourrait définir comme l'équivalent d'un caraco au masculin. Plus exactement, c'est une veste d'hiver masculine, pourvue de longues manches dont la particularité est la possibilité de les retrousser, au besoin, après les avoir déboutonné sur une partie de leur longueur. La veste n'est pas longue, s'arrête au-dessus des hanches et se porte ouverte par devant.
Fait de brocart ou de velours aux couleurs sobres, orné de broderies dorées ou argentées aux formes triangulaires ou ovoïdes, ce vêtement donnait encore plus d'allure et de classe à l'Algérois de l'époque ; plus son terraze était chargé et compliqué, plus il avait de valeur et se vendait cher.

Le Djabadouli était l'une des pièces principales qui constituaient le costume masculin, à l'ère où Alger était riche et puissante. En effet, tout Algérois apte à s'offrir le luxe de cette pièce de choix, tel qu'un dignitaire, la portait au-dessus d'un gilet « externe » ouvert appelé Bedïya Beraniya, porté lui-même sur un second gilet fermé connu sous le nom de bedïya dekhlania, avec un seroual, en s'enroulant la taille à l'aide d'une ceinture et se coiffant d'un turban Tarbeni, que lui enroulait savamment et artistement le barbier.

Malheureusement, après l'envahissement des Français, toute l'organisation sociale de la ville d'Alger se trouva changée, pour des raisons stratégiques, afin de mieux la contrôler. Ceci déstabilisa les artisans dont le tiers se vit contraint d'émigrer en Syrie et en Tunisie, emportant ainsi avec lui son précieux savoir-faire. D'autres, ne pouvant faire face à l'imposition des taxes et à la cherté de la vie, décidèrent de la quasi-fermeture de leur atelier et se reconvertirent à un autre métier.

Tout cela ne manqua pas d'influer sur l'ancien costume algérois qui devint un véritable luxe et que l'on ne revêtit plus que lors des grandes occasions. Même ses caractéristiques furent allégées. En effet, les velours et les brocarts du djabadouli furent remplacés par le satin ; le terraze devint moins riche et réalisé avec des fils de coton. Le djabadouli disparut peu à peu, cédant la place au qat et à la sedria.

Pourtant, c'est de lui que fut inspiré le tailleur européen dont la veste n'est autre qu'un djabadouli quelque peu modifié et auquel est rajouté un col.
En fait, sa disparition n'est pas totale puisque, après l'apparition du corsage en Europe, les Algérois influencés par la mode reprirent l'ancien djabadouli et le féminisèrent. Il fut pincé à la taille, légèrement évasé, ses manches longues et fendues, son devant complètement brodé et fermé par des agrafes dorées en forme de glands de passementerie pendus à des cordonnets d'or, prenant ainsi la forme de ce qu'on appelle de nos jours un caraco.

Et, même aujourd'hui, avec l'encouragement de l'apprentissage artisanal, l'ouverture du marché et la facilité de l'importation de la matière première, nos artisans ont mis au point une veste féminine, droite, plus courte que le mi-caftan et plus longue que la Ghelila, dotée de petites manches, ouverte par devant et sur les côtés, ornée elle aussi de terraze et qu'on appelle djabadouli, bien que les caractéristiques du nouveau vêtement ne ressemblent en rien à celles du djabadouli d'autrefois.


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