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Le Bonjour du «Soir»




Le Bonjour du «Soir»
Par Maâmar FarahCes jours-ci, je suis au cœur de plusieurs affaires qui se rejoignent par leur thème commun : la harga. En lisant la presse et les nombreux articles sur les clandos interceptés par la marine, vous vous dites que le phénomène est maîtrisé. Nenni ! Ils sont encore plus nombreux à réussir la traversée vers la Sardaigne.J'ai pu avoir des nouvelles d'un groupe de jeunes qui n'en finissent pas de combler d'éloges les militaires, policiers et assistantes sociales qui les accueillent. Ils n'ont jamais vu autant de douceur et d'humanité. Ils le disent à leurs parents : oui, ce n'est pas comme en Algérie et ils ont bien fait de la quitter. Les émigrés clandestins sont nourris, logés et habillés. Les mineurs sont dirigés, par la suite, vers une grande villa où une vieille dame, la Mamma, les couve d'un amour incroyable ! Elle est aux petits soins avec eux. Bain à des heures précises, détente devant la télé mais «ça parle en italien», repas en commun dans une belle salle à manger, jeux, sorties et cours d'italien.Mais les harraga ne restent pas en Sardaigne. Ils prennent le bateau pour Rome, Naples ou Livourne, s'embarquent dans le train de Vintimille et les voilà à Marseille. Certains, qui sont déjà majeurs, peuvent se faire délivrer un extrait de naissance en français attestant qu'ils sont mineurs. ça coûte 7 000 dinars à l'APC d'Annaba.Et la vague grossit : les départs, diurnes et nocturnes, se font à une cadence effrénée. Maintenant, on utilise des hors-bords. Dans l'un de ces bateaux, une famille entière vient de s'envoler pour l'éden. La grand-mère fait partie du voyage. Elle a 65 ans et s'est écriée, aux premiers sillons dans la mer : «Je vais faire mon avenir, là -bas !»J'ai des dizaines d'histoires comme ça. Il faut les raconter. Il faut témoigner dans ce pays où les hôtes étrangers qui n'ont pas la chance d'être européens, sont jetés à la rue !



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