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LAGHOUAT
Il vous suffit d'y passer pour constater qu'elle est devenue un véritable dépotoir à ciel ouvert, constituant un vrai foyer microbien.Le nom de Laghouat est celui d'un prince berbère assassiné. La ville qui mérite amplement le titre de "cité d'art et d'histoire" fut d'abord la capitale d'un royaume amazigh indépendant. La nécessité de sauvegarder ses vestiges historiques face aux appétits féroces des prédateurs de tous poils n'est plus à démontrer. En effet, il existe encore plusieurs merveilles à découvrir ou à redécouvrir.Toutefois, le qualificatif de "cité d'art et d'histoire", on ne peut plus noble, semble malheureusement perdre au fil des ans toute sa signification et son aura. En effet, la cité qui naguère avait inspiré hommes de lettres, artistes et autres peintres, n'offre presque plus rien de magique aux visiteurs étrangers et encore moins aux autochtones. A Laghouat, on avoue sans gêne qu'il n'y a plus l'enthousiasme de jadis. Le stress est lisible sur les visages car l'avenir est incertain, et les destructions des arbres et de toute la belle luxuriance ont laissé des blessures qui ne se refermeront pas de sitôt. Pour beaucoup de citoyens, "en l'absence de véritables élus et d'une véritable société civile, la ville de Laghouat se meurt au vu et au su de tout le monde". A croire les Laghouatis, le foncier susceptible d'être mieux rentabilisé par l'Etat n'est pas épargné. Et le plus désolant c'est cette attitude du citoyen qui a fini par baisser les bras et s'accommoder à un quotidien qui l'agresse sans réagir. L'on parle de plusieurs hectares squattés indûment par des citoyens indélicats. Les élus locaux, censés faire opposition quand le foncier est mal géré, sont souvent pointés du doigt.Sur le plan environnemental, la cité des Maghraouas croule sous les ordures. Beaucoup de citoyens s'interrogent pourquoi la ville de Laghouat est-elle si sale, si polluée et si gangrenée par des bidonvilles, à la dérive, qui fleurissent en toutes saisons ' Pourquoi a-t-elle l'air d'être pour la plupart abandonnée à elle-même dans l'amoncellement des déchets, des détritus ' La ville croule en effet, sous le poids de la saleté. L'exemple de la place des Oliviers (Rehbet Ezzitoun), jadis chantée par tous, est édifiant. Il vous suffit d'y passer pour constater qu'elle est devenue un véritable dépotoir à ciel ouvert constituant un vrai foyer microbien.Dans de nombreux quartiers nouvellement créés à la périphérie de la ville, les constructions de fortune pullulent, les déchets ménagers s'enfouissent dans le sol et des flaques d'eau boueuses et nauséabondes favorisent la propagation de toutes sortes de maladies à transmission hydrique (MTH). Laghouat et ses environs ne sont plus ces espaces magnifiés qui ont autrefois fasciné les artistes et les poètes. Le ksar Kourdane peut toujours s'accrocher à son "passé mythifié" et à la belle histoire d'amour entre Sidi Tidjani et Aurélie Picard, la fille de Bordeaux, et les amis du Vieux Laghouat pourront toujours verser une larme sur la ville d'art et d'histoire qui n'en est plus une.Les nostalgiques de la belle époque et tous les autres qui ont connu la ville de Laghouat au temps de sa splendeur souffrent aujourd'hui d'un vague à l'âme. En effet, dans un passé récent, Laghouat était effectivement très propre. Les citoyens agissaient au quotidien par des efforts soutenus d'intérêt général d'embellissement et d'assainissement de toute la ville. Il n'y avait pas d'eau qui suintait de partout. La ville, comme le reste, était présentable ! Il y avait des poubelles un peu partout, des services étaient chargés de ramasser les déchets, et on ne pouvait pas jeter les ordures par terre et n'importe où. Tout le monde nettoyait sa cour, son pré carré et devant sa porte. Jadis, au printemps, comme partout ailleurs, la nature se débarrassaient de ses lourds habits hivernaux, s'invente des toilettes colorées et scintillantes qui lui donnaient l'air d'une demoiselle se réveillant après un long sommeil. Au sortir de l'hiver, Laghouat est comme la princesse au bois dormant. Le baiser printanier lui ouvre les yeux sur le spectacle féerique des prés et des bosquets secoués par les frémissements de la régénération. Partout, c'est l'invasion des genêts (les ouzzou), violettes marguerites, des pâquerettes, des primevères et des ficaires. Et quand le printemps s'installerait pour de bon, aux premiers souffles d'un été qui inciterait les familles à aller chercher un peu de fraîcheur vers les plages d'Alger et ailleurs, ce sera au tour des coquelicots d'entamer leur chevauchée fantastique dans les champs agités par les premières brises estivales. Le même vent salvateur fera pousser les bourgeons des cerisiers et des figuiers qui livreront leurs beaux fruits juteux, éclatants de santé, que des vendeurs proposaient jadis à chaque coin de rue, à l'ombre de platanes centenaires, aux côtés des sours, murailles ocres rappelant les remparts imposants de jadis, ouverts sur un "Laghouat-jardin" aux mille et une senteurs.B. A.NomAdresse email





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