La ville sans nom du désert

Il y a un avantage en ce moment à être journaliste en Algérie, c'est de pouvoir donner les informations et les analyses que l'on veut, tant personne ne sait ce qui se passe en haut et en moyen lieu.Surtout, aucun dirigeant ne veut donner une quelconque explication à la planète, pas même Hamid Grine qui, de toute façon, n'a pas accès à la forêt. Aux dernières nouvelles d'une autre forêt d'ailleurs, celle de Dély Ibrahim, le DRS, excédé par tant de maltraitance à son égard, aurait déposé sa démission en bloc, et le général T. lui-même serait parti à la forêt de Zéralda pour remettre une lettre au chef du protocole présidentiel.Ainsi, le DRS, cadres et troupe, serait parti en exil dans le désert pour édifier une ville à l'image des ibadites chassés du Nord l'an 909, partis creuser des villes dans le Sahara. Aux dernières nouvelles, la cité-Etat aurait été établie sur le plateau du Tadmaït, entre In Salah, Adrar et l'axe El Ménéa-Ghardaïa, et d'après quelques témoins, la ville, qui n'a pas de nom pour des raisons de sécurité, ne ressemblerait à rien, toujours pour des raisons de sécurité.Ruelles étroites, caméras de surveillance partout, pas d'élection ni de taxiphone, pas de journal ni de visite, mais la sécurité, les rares délinquants étant des informateurs de la wilaya, qui est en même temps l'APC, le commissariat et le ministère de la Défense et de la Pêche. Aux dernières nouvelles, d'autres exilés seraient venus renforcer les rangs de la cité, Sidi Saïd, pour y monter le syndicat des travailleurs du sable, et Benyounès, pour y devenir concessionnaire automobile SangYong et Cherry.Mais l'histoire n'est pas terminée. Aux dernières des dernières nouvelles, la famille Bouteflika, accompagnée du ministre de l'Energie et du directeur des forêts au ministère de l'Agriculture, aurait décidé de se rendre dans la cité-Etat. Pour y creuser des puits de gaz de schiste.