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La ville de Ghardaïa sous surveillance policière


La ville de Ghardaïa sous surveillance policière
L'entame du mois de Ramadhan dans la vallée du M'zab, en cette année 2015, est marquée par une atmosphère lourde et empreinte de tristesse, conséquence des derniers affrontements intercommunautaires qui ont fait une victime à Berriane, une de trop, alors que 4 autres ont miraculeusement échappé à la mort, lorsque leur véhicule a été attaqué à coup de cocktail Molotov, leur causant de graves brûlures.A Ghardaïa-ville, deux magasins, l'un de chaussures et l'autre une papeterie, appartenant à des Mozabites ont été saccagés et incendiés en plein jour, sur le grand et très animé boulevard Talbi Ahmed, à quelques encablures du foyer et du célibatorium de la police, mitoyen de la bâtisse abritant le tribunal de la ville.Mais c'est toujours la cité El Korti, enclave de 240 logements ETT et 90 autres CNEP, où des centaines de familles malékites, originaires de diverses régions du pays et installées ici dans les années 1980-1990 ? en 1985, Ghardaïa avait été promue au rang de wilaya ? sont maintenues dans un état de siège permanent, subissant de jour comme de nuit des attaques de quatre «fronts» distincts que sont Belghenem, Châabet Etteli, Ighouza et Beyn Djebleyn, toutes à population mozabite, qui fait l'actualité. «Ils veulent absolument nous faire sortir de chez nous et surtout effacer dans ce périmètre toute trace de citoyens malékites.Cela s'appelle du nettoyage communautaire et pas autre chose. Pour eux, nous sommes comme un cheveu sur la soupe en étant les seuls malékites à vivre et à posséder des biens dans ce réduit d'El Korti, enclavé dans une large zone entièrement habitée par des Mozabites», affirme Mustapha, cadre chez un opérateur privé de téléphonie mobile.«Certains ont eu la possibilité de partir vers des lieux plus cléments, ceux qui sont encore là n'ont pas eu le choix ni la même chance que leurs voisins. Ils sont condamnés à rester et faire de la résistance, espérant que les autorités arrivent à les protéger ainsi que leurs biens, mais jusqu'à quand '» se demande Nadir, enseignant universitaire.Au centre-ville de Ghardaïa, les magasins d'alimentation générale, les tables des marchands de fruits et légumes et les boucheries ne connaissent pas les mêmes pics de fréquentation que les années précédentes. Bien au contraire, à 10h, c'est pratiquement désert. Aucun afflux de ménagères n'est constaté et pourtant c'est jour de marché hebdomadaire.Par contre, à chaque coin de rue, sur tous les boulevards et lieux de fréquentation habituels, des éléments des forces de sécurité, harnachés de la tête aux pieds, sont déployés, rendant l'atmosphère de la ville, en perpétuelle agressivité nourrie de paranoïa, tout droit sortie d'un roman de Kafka, encore plus pesante.L'image constante de ces dizaines de camions et de 4x4 Nissan de la police qui tournent sans cesse, en usant et abusant inconsidérément de leurs stridentes sirènes et klaxons, dans une ville complètement congestionnée et pratiquement en état de siège, alors que les hélicoptères se relayaient 24h/24 dans le ciel, a fini par avoir raison du moindre cerveau cartésien.Même si ces deux premiers jours de Ramadhan se sont passés dans le calme, il ne faut surtout pas se leurrer, la suite peut toujours réserver de mauvaises surprises, dans un proche avenir, si l'on en croit les rumeurs propagées par des oiseaux de mauvais augure. Les récurrentes coupures d'eau ont aussi leur impact sur le moral des citoyens. «Comment passer Ramadhan sans eau et qui plus est un vendredi où les grands travaux de ménage sont exécutés», se lamente une voisine, médecin de son état, ajoutant : «Comme si cela ne suffisait pas avec les coupures d'internet, d'électricité qui, et il faut le reconnaître, sont moindres que les années passées, voilà maintenant que nous sommes très fréquemment privés de l'eau. Les services concernés ont pris habitude de couper l'alimentation pratiquement chaque soir et surtout les jours de repos.Ce n'est pas normal.» Malgré toute cette pesante atmosphère qui fait que ce mois béni est, cette fois-ci, accueilli sans saveur dans la vallée du M'zab par une importante partie de la population, il reste cependant des espaces de loisirs qui sont maintenus et entretenus, envers et contre tout, par un jeune jaloux de sa région qui, chaque soir, invite la population à venir chez lui, à la cabane ? cet espace de verdure et d'animation familiale, se trouvant au carrefour de Sidi Abbaz ? siroter un thé, fumer une chicha ou déguster une glace dans une atmosphère de convivialité, saluée par beaucoup.


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