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La non-voyante qui pousse la chanson


La non-voyante qui pousse la chanson
Encore inconnue du grand public, elle ne rate pourtant pas les fêtes de mariage et les galas artistiques qu'organise, à l'occasion de la saison estivale, la direction de la culture de Jijel pour faire entendre sa voix de chanteuse. «Je veux chanter», insiste-t-elle. Non-voyante, Hayet Merouane, est cette jeune fille de 22 ans qui s'accroche à son art malgré son handicap.Rebelle, elle s'est imposée contre le rigorisme des m?urs familiales pour sortir donner libre court à sa voix. «Je chante Al Assimi et l'Andalous», affirme-t-elle d'une voix toute aussi spontanée qu'innocente. Après quelques années d'études qui n'ont guère été achevées dans une école pour non voyants à Constantine, Hayet est revenue à la maison retrouver ses frères et s?urs souffrant tous du même handicap. Issus d'un mariage consanguin, les membres de cette fratrie sont tous non voyants.Et pourtant, au sein de sa famille elle était loin de douter qu'elle était une personne diminuée. «Les commentaires et les chuchotements des autres m'ont fait découvrir mon handicap, les dires des gens, notamment à Sidi Abdelaziz, sont durs à supporter », lâche-t-elle. Désormais consciente de son handicap, Hayet a appris à se battre pour faire imposer son talent de chanteuse. «On me dit que je chante bien», se réjouit-t-elle.L'innocence de ses propos n'a d'égal que son désir d'aller plus loin dans son combat de porter tout haut la voix des non voyants. Ses péripéties illustrent cette marginalisation dont font l'objet les handicapés dans les domaines où ils peuvent s'imposer. Même l'ENTV ne lui a pas permis de saisir l'opportunité de la fenêtre qui s'est ouverte devant elle à l'occasion du passage de l'émission «Alhane Oua Chabab» à Jijel.«On m'a dit qu'ils ne peuvent pas me prendre en charge à Alger», regrette-t-elle. «C'est parce que je suis non voyante qu'ils m'ont éliminée ou c'est parce que je n'ai pas d'appui '», s'interroge-t-elle encore avec dépit. Prise en charge par l'association Défi et espoir des handicapés qui l'a initiée à l'action associative, Hayet est aujourd'hui employée comme standardiste à l'APC de Sidi Abdelaziz.C'est grâce à un programme d'accompagnement des handicapés pour leur insertion professionnelle, mis en place en collaboration avec l'organisation Handicap international, qu'elle a décroché ce poste. Pour s'adonner à son art préféré, Hayet se déplace à Jijel, à la maison de jeune Rachid Bounab, pour ses répétitions. Son handicap est loin d'avoir raison de son défi de vouloir s'imposer comme chanteuse reconnue. Souhaitons bon courage à Hayet.



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