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La Libye au bord du gouffre


La Libye au bord du gouffre
Les puissantes milices de Misrata et de Zenten ? qui se disputent avec acharnement le pouvoir et le contrôle des immenses réserves de pétrole du pay s? s'affrontent depuis le 13 juillet dernierà Tripoli à coups de roquettes et d'obus de blindés.Le temps risque de donner raison au défunt Mouammar El Gueddafi. Le renversement par l'OTAN de son régime en 2011 a provoqué un tel chaos que la Libye risque tout bonnement aujourd'hui de se désagréger. Depuis l'arrivée du Conseil national de transition (CNT) au pouvoir sur des chars britanniques, qataris et français, le pays est plongé dans un conflit intertribal et interethnique qui va chaque jour crescendo et que rien ne semble pouvoir arrêter.L'incapacité des nouvelles autorités ? arrivées au pouvoir après des élections en trompe-l'?il auxquelles les Libyens n'ont accordées aucun intérêt ? à prendre l'ascendant sur la multitude de milices armées créées par des seigneurs de la guerre durant l'agonie de la «Jamahiriya arabe libyenne» et à imposer un semblant d'ordre, a aussi fini par transformer la Libye en un sanctuaire du terrorisme. Ce cocktail explosif menace à terme de déstabiliser toute la région.Le Mali, l'Algérie et la Tunisie en font déjà les frais. Ouverts aux quatre vents, les immenses stocks d'armes et de munitions légués par le colonel El Gueddafi peuvent alimenter des actions terroristes pour une durée de dix ans.Les pays occidentaux ? qui ont scellé à la hâte le sort du colonel El Gueddafi et de sa famille au cours de l'été 2011 en dépit des avertissements de l'Union africaine (la guerre et l'élimination de El Gueddafi étaient un choix dès le départ) ? semblent, quant à eux, avoir pris la décision de refiler le cadeau empoisonné de la gestion de l'après-El Gueddafi à l'Algérie, à l'Egypte et à? l'ONU. Sarkozy, Obama et Cameron savaient probablement, dès les premiers jours de la chute du colonel El Gueddafi, que la stabilisation de la Libye allait être coûteuse tant sur le plan militaire que financier. Les risques d'enlisement étaient grands d'autant que le pays présentait déjà les symptômes avancés d'une «somalisation». Dans les faits, il n'y a pas d'autorités libyennes. Il y a un pouvoir fantoche.En première ligne, Alger et Le Caire se voient donc contraints pour faire face à la menace, de dépenser des milliards de dollars pour renforcer la sécurité à leurs frontières et s'équiper en armes.La Somalie du MaghrebCes investissements forcés sur la sécurité se feront au détriment de programmes de développement. Sans nul doute, la sécurisation de la Libye sera un gouffre financier et une tombe pour de nombreux soldats de la région. Pendant ce temps, l'Union européenne et les Etats-Unis se sont contentés d'organiser quelques conférences internationales lors desquelles ils ont proposé leur expertise en matière d'organisation d'élections démocratiques?alors que les milices, dont certaines reçoivent leurs ordres de l'étranger, avaient déjà commencé à dépecer méthodiquement le pays.Jusque-là épargnée par la terreur, Tripoli est devenue aussi, à l'instar de Benghazi dans l'est du pays où l'armée et les troupes du général Haftar combattent des milices proches du courant islamiste libyen, un terrain d'affrontements privilégié pour des seigneurs de guerre locaux. Les puissantes milices de Misrata et de Zenten ? qui se disputent avec acharnement le pouvoir et le contrôle des immenses réserves de pétrole du pays ? s'y affrontent depuis le 13 juillet dernier à coups de roquettes et d'obus de chars d'assaut. L'enjeu ' Le contrôle, dans un premier temps, de l'aéroport de la ville. Les combats d'une rare intensité ont déjà fait plus d'une centaine de morts et près de 500 blessés. Et aucune accalmie ou trêve ne pointe à l'horizon. Les personnalités qui incarnent l'autorité libyenne n'ont même pas pu obtenir hier un arrêt des combats pour éteindre un immense incendie qui s'est déclaré dans deux importants réservoirs de carburants non loin d'habitations jouxtant l'aéroport international de Tripoli. Le sinistre risque de provoquer une catastrophe humanitaire et environnementale aux conséquences imprévisibles.Si cette situation de guerre perdure, il faut appeler les choses par leur nom, la population risque d'être à court de vivres et de carburant. A la longue, les combats peuvent même dégénérer en guerre civile, la société étant fortement militarisée et les clivages régionaux et tribaux très forts. Actuellement, plus personne n'est épargné par ce déchaînement de violence. Pas même les représentants de pays occidentaux qui ont fait en sorte en 2011 que le vent des révoltes arabes souffle aussi sur la Libye. Directement prises pour cible et sentant que le pays est en train de se fragmenter, la plupart des ambassades occidentales ont décidé cette semaine de mettre la clé sous le paillasson et de quitter de toute urgence le navire. Bien évidemment, leurs ressortissants ont été appelés aussi à les suivre sans délai.Objectivement, pour le moment, on voit mal ce qui pourrait mettre un terme à l'engrenage infernal dans lequel est entraînée l'ex-Jamahiriya. Tout le monde semble s'être installé dans une impitoyable logique de vendetta. Seule, peut-être, la lassitude de la guerre pourrait faire aimer de nouveau aux Libyens la paix civile.



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