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La leçon algérienne



La leçon algérienne
Les rendez-vous électoraux, a fortiori s'agissant d'une présidentielle, s'accompagnent toujours de tensions. Même dans les démocraties les plus enracinées, on ne peut faire l'économie de quelques dérapages et d'accusations entre candidats à la limite de la correction. On serait presque tenté de dire qu'il est de bonne guerre de voir et d'entendre s'échanger des accusations et se jeter à la face ses travers et se voir se rappeler ses mensonges. Cela fait partie du décor d'une campagne. Mercredi, des habitants mécontents d'une petite ville d'Afrique du Sud ont ainsi hué le président Jacob Zuma lors d'un meeting de l'ANC, au pouvoir, à trois semaines des élections générales dans ce grand pays. On se rappelle de l'ubuesque feuilleton de l'UMP en France où chaque prétendant accusait son adversaire de fraude. Une démocratie, démarche toujours à parfaire et consolider, se construit au gré de tels couacs. Elle n'est nulle part exempte d'imperfections. L'écart reste toutefois grand entre de telles algarades entre candidats impatients ou ambitieux et cette croyance que le pays sera livré fatalement pieds et poings liés à la violence et à l'anarchie. C'est méconnaître l'attente largement partagée par les Algériens de voir s'éloigner à tout jamais le spectre d'une violence dont les cicatrices ne se sont pas encore totalement cautérisées. C'est sans doute ce qui détermine les électeurs à se rendre aux urnes. Les sources de mécontentement sont nombreuses dans le pays. Peuvent-elles pour autant cacher les grandes réalisations de ces dernières années qui sont, aux yeux de beaucoup de citoyens, plus visibles et surtout plus importantes que les batailles pour la démocratie ' Sur le tableau des priorités, celle-ci est encore en bas de l'échelle. Un agriculteur de Bechar, un investisseur du côté d'El Oued ou un villageois de Kabylie ou du Titteri sont plus attentifs aux modalités des aides à l'autoconstruction, à l'arrivée du gaz naturel et aux facilités de remboursement de crédits bancaires. Beaucoup ne jugent pas le bilan de ces dernières années à tous points de vue catastrophique. L'Algérie n'a pas fait exception, hier, à cette mortifère habitude que répandent à chaque fois sur nous les adeptes de Cassandre. Les enjeux, les médias qui, en pareille occasion, trouvent matière à multiplier manchettes alarmistes et émissions incendiaires, concourent à faire d'une telle échéance politique un moment craint et redouté. La palme revient à des chaînes de télévision devenues, l'espace de quelques jours, de véritables déversoirs de haine. Si la liberté de dire et d'écrire est toujours meilleure que la censure, l'inflation verbale, les excès qu'elle charrie sont condamnables. Comme un multipartisme débridé, elle finira par provoquer un rejet, à tout le moins une juste suspicion. On aurait cru pourtant qu'en ce jour où les Algériens allaient exprimer leur choix, le ciel allait s'écrouler. Depuis plusieurs jours, les rumeurs les plus fantaisistes ont contribué à créer un climat malsain. La compétition qui allait se jouer dans les bureaux de vote avait, au fil des jours, pris les allures d'un combat de gladiateurs. Elle ne fut qu'une autre élection où les Algériens ont montré qu'ils pouvaient s'affronter, se battre, sans s'entretuer.


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