La guerre des poissons

Après la forêt de Zéralda, c'est le complexe du Club des Pins qui a vécu l'état d'alerte. Un individu suspect se serait introduit dans la cité interdite.Résultat, la forêt est interdite au DRS, aux curieux et aux oiseaux, et pour le Club des Pins, il a été fermé 48 heures pour ratissage interne, ce qui est assez ironique pour un complexe fermé toute l'année à la majorité. Mais les deux événements, survenus à quelques jours d'intervalle, ont donné de la viande à hacher à tous les spécialistes en corrélations spatio-temporelles, c'est-à-dire 90% des Algériens.A Tindouf, on annonce que Bouteflika est mort, à Oran on jure que Saadani serait devenu président, à Béjaïa que Benyounès serait monté au maquis et à Alger qu'il se passe quelque chose.Mais quoi ' Des choses pas comme des choses, sur fond de rumeurs de coup d'Etat, de coups de feu échangés un peu partout et même de canon entendus par des témoins qui ne dorment jamais la nuit ; un été où la chaleur et l'humidité sont aussi particulières que la guerre des clans et la stratégie du complot permanent. Au-dessus de 40 degrés pour la première, seuil de dilatation des consensus politiques, au-dessus de 80% pour la seconde, limite de la liquéfaction des corps constitués.Ce qui est sûr, c'est que Zéralda et le Club des Pins sont tous les deux à l'Ouest, au bord de la mer et quasiment adjacents, alignés dos au pays, face à la Méditerranée Nord, le plus proche possible de l'Europe.Tout se passerait donc au bord de l'eau, et selon l'ensemble des gastéropodes effrayés par la fin des subventions sur la salade, si changement il y a, il se fera par la mer. Vrai ' Au fond, seuls les pêcheurs le savent, la particularité d'un poisson est qu'il glisse et qu'on ne peut l'attraper avec la main. La seule méthode est de l'accrocher sur un hameçon avec un appât au bout, en général un poisson plus petit. D'où le slogan, voyez grand, mangez gros.