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La France soigne ses combattants




La France soigne ses combattants
Ce lundi 20 avril a été un grand jour pour cinq hommes âgés de plus de 80 ans. Ils ont été invités à la résidence de l'ambassadeur de France pour y recevoir la médaille française de la Légion d'honneur. Kaddour Sadok, Mohamed Ighilagha, Ziane Zeguir, Mohamed Djemai et Abdallah Amari ne se connaissaient pas avant ce jour. Ils ont en partage leur engagement, volontaire ou pas, dans les rangs de l'armée française pendant la Seconde Guerre mondiale. Le secrétaire d'Etat auprès du ministre français de la Défense chargé des Anciens combattants et de la Mémoire, Jean-Marc Todeschini leur a remis leurs décorations dans une ambiance, faut-il le souligner, bon enfant et qui reflétait comme un air de retrouvailles entre la France et ses combattants algériens, mais plus encore. Et pour cause, l'officiel français a su trouver les mots pour rendre un hommage appuyé aux «Chibanis» et lier cet attachement par les armes et le sang pour une France libre, au devoir de mémoire que l'Etat français se doit de faire pour solder un passé lourd par ses crimes coloniaux.Evoquant sa visite à Sétif pour se recueillir sur la tombe du premier martyr des massacres du 8 mai 1945, M.Todeschini a insisté: «J'ai tenu à ce que ce soit mon premier geste sur cette terre d'Algérie. Un geste sans précédent pour un membre du gouvernement français. C'est un geste d'apaisement et d'amitié que nous avons voulu accomplir en direction de nos amis algériens. Et je suis heureux que ce geste ait été compris.»Le rapport entre les sacrifices de 26.000 Algériens morts pour la France sur les 175.000 mobilisés pendant la Première Guerre mondiale, les 150.000 recrues qui ont combattu le nazisme de 1939 à 1945, et la terrible tuerie commise à Sétif, Guelma et Kherrata, le jour même où l'Europe se libérait du joug fasciste était difficile à faire. Mais il faut reconnaître que le secrétaire d'Etat français a eu le courage de le mettre en lumière. «Le 8 mai 1945, la République célébrait la victoire totale contre le nazisme. La France acclamait ses libérateurs en héros et célébrait la paix enfin retrouvée. Au même moment, pourtant, ici en Algérie, la France manquait aux idéaux qui n'avaient cessé de l'animer.» Même si les mots n'exprimaient pas toute l'horreur des massacres, ils en suggéraient l'ampleur.Cela ne suffira sans doute pas à panser toutes les plaies, mais l'on sentait bien dans cette belle villa à l'architecture ottomane, que des liens plus sincères se sont tissés entre Algériens et Français. Des liens que personnifient peut-être Kaddour Sadok, Mohamed Ighilagha, Ziane Zeguir, Mohamed Djemai et Abdallah Amari. Des hommes qui ont contribué à la libération de la France et qui vivent dans leur pays, l'Algérie, avec le sentiment du devoir accompli.Dans les regards de ces vieux hommes, l'on pouvait lire le sens de l'engagement pour une cause et le sentiment de la fraternité des champs de bataille. Abdellah Amari, né en 1919, a été de toutes les campagnes. Il en garde son sens de l'amitié et de la valeur d'une vie humaine. «Mon premier souci était de sauver mes hommes et tous ceux que je trouvais sur mon chemin».Cet homme qui a traversé la Seconde Guerre mondiale de bout en bout, jusqu'aux combats de rues dans Paris, ne garde en mémoire ni «la grandeur de la France», ni ses multiples décorations, dont une reçue des mains du général Leclerc. Sa grande fierté, il la résume en une phrase: «J'ai sauvé beaucoup de vies.» En fait, un soldat sert aussi à cela.


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