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L'insoutenable fragilité du régime




L'insoutenable fragilité du régime
On éprouverait presque de la pitié vis-à-vis du régime, bien qu'il soit foncièrement autoritaire et donc moralement et politiquement tout à fait indéfendable. Jamais, depuis l'insurrection armée du FIS, le pouvoir n'a été aussi ébranlé dans son périmètre. Le sit-in des policiers ? qui ont, soit dit en passant, la main lourde quand il s'agit de réprimer des actions citoyennes ? devant l'enceinte du Palais présidentiel est un fait inédit dans l'histoire de l'Algérie. Ce fut un coup d'éclat du malaise national qui a touché y compris le bras armé du régime. Symboliquement, beaucoup ont assimilé cette mutinerie à un coup d'Etat à blanc? Le déploiement de la Garde républicaine prouve en tout cas que le Palais a vacillé face à ce bataillon de policiers poussés à bout.Comme cela a-t-il été possible ' La réponse coule de source : le régime, calfeutré dans sa tour d'ivoire et déconnecté de la société, a oublié sa clientèle. Du coup, il se réveille assiégé par un cercle de feu de protestation, qui a pris même dans les corps de l'Etat où la discipline et la réserve sont pourtant les maîtres mots.Signe aussi d'une déliquescence irréversible du régime, le Conseil constitutionnel, qui a validé la candidature de Abdelaziz Bouteflika clairement malade, a été hier le théâtre d'un sit-in de ses fonctionnaires tout aussi inédit que celui des policiers. Que la protestation transperce les murs opaques de cette institution de souveraineté, censée être la gardienne du temple de la République, est une preuve, si besoin est, de l'insoutenable fragilité du régime.Cerné de toutes parts de foyers de tension, le clan présidentiel panique. Il sort son chéquier quand il peut acheter la paix (policiers) et dépêche son Premier ministre là où la menace s'annonce inquiétante (Touareg). Pendant ce temps, il aggrave son cas en se proposant de jouer les réconciliateurs de nos voisins en Libye et au Mali où la situation sur le terrain n'est guère, hélas pour lui, rassurante. Le propos, ici, n'est pas de critiquer la volonté d'aider les Libyens et les Maliens à faire la paix chez eux. Mais pour mener à bien une telle mission, le pouvoir serait mieux inspiré de faire d'abord la paix ici, en Algérie.Renforcer le «front interne», ce n'est pas distribuer de l'argent à tort à et travers, qui plus est dans une conjoncture pétrolière en déprime. Au-delà des conséquences sur les équilibres économiques du pays, cette «gouvernance» par l'argent risque de coûter très cher au pays. Il serait suicidaire de ne pas décrypter politiquement tous ces mouvements sociaux qui, désormais, touchent même le Conseil constitutionnel.Par sa faillite, le régime a instillé dans les esprits l'action de rue comme unique moyen porteur de la revendication sociale. Et c'est là précisément que réside le danger.A trop vouloir sauver sa peau coûte que coûte, Bouteflika et sa cour ont mis le destin national entre guillemets, à quelques jours de la célébration du 60e anniversaire de la Révolution. Ironie du sort, la question posée par feu Mohamed Boudiaf, après la confiscation du pouvoir en 1962, est plus que jamais d'actualité : «Où va l'Algérie '»



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