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L'hypocrisie envers les femmes débusquée




L'hypocrisie envers les femmes débusquée
Des clichés à la peau dure mais vraie et une mise à l'index d'un contraste entre tradition et modernité et ses conséquences insensées mises en dérision.De la liberté de choisir son homme, de jouir de son corps en faisant fi des rudes et obsolètes traditions qui pèsent sur la femme est le sujet traité dans le nouveau film de Mahmoud Zemmouri, Certifié hallal présenté en avant-première nationale mardi dernier à la salle Ibn Khaldoun en présence de l'équipe technique et artistique du film. Toujours fidèle à son style humoristique décalé quasi potache que l'on a déjà remarqué, notamment dans Beur blanc rouge, Mahmoud Zemmouri reprend les ingrédients habituels de la bouffonnerie avec un zest de sérieux pour traiter cette fois d'un sujet tabou dans les sociétés arabo-musulmanes et maghrébines.Lors du débat qui a suivi la project presse, le réalisateur a dit vouloir dénoncer ce que tout le monde sait déjà, en voulant donner un coup de pied dans cette fourmilière du monde féminin qui est scandaleux, en utilisant justement l'humour pour rendre les choses plus maniables, déstabiliser en évoquant ces choses épineuses mais sans pour autant heurter les gens et surtout susciter justement le débat.Le scénario est en fait inspiré d'un fait divers puis d'une scène à laquelle il a lui-même assisté dans sa région natale à Boufarik, où trois cortèges nuptiaux tournaient en même temps sur la place de Boufarik. Scène reprise dans le film. Et si tout cela tournait au drame' Des poussées d'adrénaline, des familles qui se disputent et puis des mariées qu'on confond dans la mêlée' C'est ainsi qu'est partie l'idée originale de ce film qui débute en France, lorsque Kenza alias Hafisa Herzi rentre à la maison après avoir été remaquée par toute la famille conservatrice dans une émission télé portant sur le militantisme au féminin au sein de l'association Ni poule ni soumise. Aussi pensant avoir déshonoré la famille, son frère décide de l'emmener en Algérie pour la marier avec un villageois, dans le fin fond d'un coin perdu du bled. Il est aidé par son cousin installé là-bas, Aziz alias Smaïn Fairouz qui, lui, combine toute l'affaire.Les transactions commencent et la fille est «vendue» en contrepartie d'argent et quelques bêtes. Elle est donc transportée inconsciente en Algérie après qu'on lui ait fait avaler du GHB, la drogue du violeur. Son heureux élu est un homme qui a déjà eu à son compteur neuf anciens mariages! A côté de cela, une autre fille se prépare à se marier. Elle est bien jolie et assez instruite pour ce douar-là. Elle doit son ouverture d'esprit à la parabole et l'Internet. Alors que le jour du mariage approche, le convoi de voitures est arrêté par les flics, il s'ensuivit une anarchie et des bagarres indescriptibles. Les deux mariées sont ainsi changées au grand dam de leur famille. Mais le pot au roses n'est découvert que trop tard...Extrêmement caricatural, avec des moments hautement cocasses, voire incongrus, Certifié hallal prend le parti pris de grossir les traits, avec parfois des scènes mirobolantes, un mise en scène dense et un rythme qui déménage mais s'essouffle par certains endroits. L'on rit c'est sûr mais parfois on se lasse de ces clichés à répétions, même si le ton est à la comédie légère et désinvolte avec des, somme toute, verrous qui sautent en éclats lorsqu'on touche à la nature profonde de l'homme quand son nif est ébranlé. De la fraîcheur également avec des paysages magnifiques qui balaient la région de Biskra de façon à faire rappeler le Far West américain y compris dans l'emploi de la musique qui vient appuyer en amont les intentions du réalisateur à vouloir sans doute s'extirper de ce point noir pour aller vers l'universel. Difficilement. Interrogé sur son rôle, Smaïn qui dira être très content de jouer de plus en plus dans des films algériens en étant justement ce trait d'union entre la France et l'Algérie de par sa naissance de coeur (l'Algérie) et son appartenance de reconnaissance (la France) fera remarquer que l'acteur est un outil qui sert un scénario et une cause. A propos de sa collaboration avec Mahmoud Zemmouri qui ne date pas d'aujourd'hui, il rappellera en anecdote qu'il avait justement joué le fils de ce dernier dans L'oeil au beur noir, film qui avait obtenu à l'époque le Premier César de première oeuvre. Refaire du cinéma avec lui était donc une évidence car dira-il: «J'avais confiance en lui.» Si le libre arbitre est une chose bien souvent reléguée au détriment du collectif dans les sociétés arabes, le film s'il entend dénoncer le mauvais traitement que subissent les femmes, il n'en relève pas moins l'esprit exigu dans lequel sont enfermés pas mal d'hommes victimes eux aussi de traditions séculaires qui ont la peau dure et dont il faut s'en débarrasser et vite dira le réalisateur, même s'il faut sauvegarder d'autres traditions qui font partie de notre culture, a-t-il estimé. La révolution viendra-t-elle des femmes' C'est ce que le cinéma maghrébin et du Moyen-Orient semble dire en ce moment... Coproduit par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc), la société de production Antinea Audiovisuel et Fennec Productions France, avec le soutien du ministère de la Culture - Fdatic, Certifié hallal gagnerait à être vu en salles ne serait-ce pour la pertinence du sujet traité et sa liberté de ton ayant trait à la virginité de la femme, sujet encore tabou en Algérie...



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