L'entrepreneur est un leader-né, il aime le risque, l'aventure, la création et l'innovation

-Comment vous est venue l'idée de reprendre une entreprise déjà existante ' Les démarches que vous avez entreprises ' Où en est votre projet '?.Après avoir obtenu mon baccalauréat en 2007, option langue étrangère, j'ai intégré l'université Badji Mokhtar Annaba et je me suis inscrite dans la filière littérature française. Issue d'une famille d'entrepreneurs, je commençais petit à petit à m'intéresser à l'entrepreneuriat et l'occasion s'était présentée pour moi d'entamer un mastère en entrepreneuriat et développement international. Durant cette formation académique, j'ai pu acquérir un bagage théorique en entrepreneuriat, et surtout en ce qui concerne l'entrepreneuriat familial, très étudié en ce moment au Canada surtout. Je me suis alors fixé comme objectif de reprendre l'entreprise familiale en commençant à aider mon père (qui est le PDG) à introduire quelques innovations. Cette entreprise est l'imprimerie Seybouse, qui imprime toutes sortes de produits pour une clientèle variée. Mon idée est d'introduire les techniques d'imprimerie numérique afin d'améliorer la production et de cibler de nouveaux marchés à l'étranger via un partenariat stratégique avec un imprimeur étranger. Néanmoins, mon projet reste encore à ses débuts.-Pouvez-vous nous citer d'autres exemples de projets innovants mis au point par vos camarades étudiants 'Par rapport aux projets de mes camarades, je peux en citer quelques-uns : une de mes camarades a intégré une association de lutte contre le sida à Annaba et elle a commencé un projet innovant concernant l'entrepreneuriat féminin pour les femmes séropositives. Ainsi, elle contribue à aider les femmes à améliorer leurs conditions sociales et économiques par le coaching, mais surtout elle les aide à s'auto-valoriser à travers l'acte entrepreneurial et l'estime de soi. On peut citer aussi le projet d'une autre camarade qui projette de développer un centre de loisirs.-Aux yeux de la majorité de notre jeunesse, entrepreneuriat rime avec argent. Ce rapport est-il légitime 'Etre entrepreneur, c'est d'abord une façon d'être, avant d'être une façon de faire, liberté d'entreprendre et l'envie de faire aboutir des innovations, de construire son image à travers une réalisation personnelle. Je ne cache pas que pour moi ça a été le déclic, une chance d'avoir acquis cette formation, j'ai toujours eu l'esprit qui bourdonne d'idées, le goût du risque, et c'est avant tout une histoire de passion. Dans un métier comme l'imprimerie, on a le contact avec le client, on est à l'écoute d'idées nouvelles, à l'écoute des autres, de son environnement, de son temps. On est le chef d'entreprise à part entière.-La créativité est un moteur pour inventer, innover, trouver des solutions, de nouveaux concepts de produits, de services, d'organisations. Est-ce ainsi que vous définiriez la posture créative innovante 'La posture créative est avant tout un désir de changement. Au fond, ce n'est pas une posture mais une nature. On est créatif parce que d'un côté nous portons une vision et certaines choses nous inspirent. Et de l'autre côté, l'environnement qui nous entoure ne répond pas à cette vision. On crée donc afin de réaliser cette vision et satisfaire notre désir de changement et notre nature créative.-D'après vous, les dispositifs d'aide à l'emploi (Ansej, CNAC, Angem?) mis en place depuis des années sont-ils efficaces ' Ont-ils un réel impact en termes de création de richesse et d'emplois 'A mon humble avis, ces dispositifs d'aide à l'emploi sont intéressants, mais insuffisants et pas très efficaces. Ils sont intéressants dans le sens où ils encouragent certains jeunes à entreprendre, mais ils restent inefficaces car ils limitent l'acte entrepreneurial (comme leur nom l'indique) d'aider l'emploi ! Or, l'emploi et l'entrepreneuriat sont deux concepts et deux mondes différents. Celui qui cherche un emploi, cherche la stabilité, la sécurité et un effort minimum de prise de décision, d'imagination et d'innovation. L'entrepreneur, lui, est un leader-né, il aime le risque, l'aventure, la création et l'innovation : il ne veut pas être aidé à trouver un emploi ; il crée des emplois, et c'est lui qui aide l'Etat et contribue ainsi à la croissance économique du pays.-Quel regard portez-vous sur les deux concepts innovation/créativité en Algérie ' Ont-ils leur place dans notre société ' Comment doit-on s'y prendre pour en faire le moteur de la croissance et le développement économique 'Les deux concepts innovations/ créativité en Algérie sont très présents chez certains jeunes talentueux, mais paradoxalement ce potentiel reste inhibé. L'environnement, bien qu'il change petit à petit, reste sourd à l'évolution des idées. Les concepts innovation/créativité sont plutôt présentés comme un langage marketing que des concepts pris au sérieux. Par exemple, il y a des jeunes qui ont appris sur le tas le coding en informatique et qui ont des projets innovants, mais qui voient leurs projets refusés ou qui sont découragés par des problèmes techniques (monopole d'internet haut débit par une société étatique par exemple) ou bureaucratique (ne pas avoir une formation universitaire dans le domaine qu'ils maîtrisent en pratique). En somme, la seule manière de faire converger la croissance et le développement économique et les deux concepts innovation/créativité est de les prendre enfin au sérieux, comme une réalité et non comme une terminologie de façade.-Cette approche des rencontres Ansej-Université pour sensibiliser les étudiants à la créativité et à l'innovation a-t-elle trouvé un écho auprès de vos camarades 'Personnellement, j'estime que ces rencontres sont une très bonne initiative. L'Université pourrait apprendre énormément du terrain et le terrain bénéficierait beaucoup de l'apport théorique et de la vision de l'Université. Je pense que beaucoup de mes camarades se sont enrichis de ces rencontres, j'ai pu le constater lors de certains débats qui ont eu lieu après certaines de ces rencontres.