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L'engagement par le film



L'engagement par le film
Depuis la fin des années 60, la question de la portée politique de l'oeuvre littéraire et artistique n'a cessé de se poser, interrogeant sa capacité à concilier enjeux politiques et esthétiques.Depuis la fin des années 60, la question de la portée politique de l'oeuvre littéraire et artistique n'a cessé de se poser, interrogeant sa capacité à concilier enjeux politiques et esthétiques.Dans ce débat qui ne cesse de s'enrichir à mesure que la définition de l'oeuvre devient plus complexe, passer par l'exemple et le particulier devient inévitable et nous permet de saisir comment certaines oeuvres aboutissent à un équilibre, sinon à une conciliation, efficace. Artistes, historiens et critiques s'interrogent sur la possible réconciliation de ces deux dimensions et sur les modalités concrètes de l'engagement à travers toute création artistique.Aujourd'hui encore, la question de l'engagement s'est donc émancipée de la figure de l'artiste pour s'intéresser aux qualités formelles de l'oeuvre, mais aussi à son contexte dans le cadre de la cinquième édition du Festival international du cinéma d'Alger. Pour cette énième journée du FICA, la réalisatrice palestinienne Najwa Najjar, n'a pas ignoré le drame de l'éclatement des familles palestiniennes après la seconde Intifada (soulèvement), avec son oeuvre intitulée Ouyoun el haramia (Les yeux d'un voleur). projeté dans le cadre de la compétition officielle.Coproduite par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturelle (AARC) et le producteur palestinien Ustura films, ce film d'une durée de 98 mn, est inspiré d'une histoire vraie. Ouyoun el haramia relate l'histoire de Tarek, interprété par l'Egyptien Khaled Abol Naga, de retour dans sa ville natale après sept ans d'emprisonnement après l'Intifada et qui apprend que sa fille a été recueillie par une inconnue après le décès de sa mère.Parti à la recherche de sa fille Tarek s'installe à Naplouse où il se trouve un travail dans l'ingénierie hydraulique, commence à s'intégrer dans sa nouvelle communauté et tombe amoureux de la future épouse de son patron, Lila, - incarnée à l'écran par la chanteuse algérienne Souad Massi - couturière qui vit avec ses deux enfants, dont une fille Malakdoptée, après être rentré d'Algérie où elle a grandi. Dans ce nouvel univers Tarek retrouve un semblant d'équilibre entre Malak qu'il prend sous son aile comme sa propre fille et Lila, mais les secrets du jeune homme refont vite surface et risquent d'avoir des conséquences sur son nouvel entourage.Même si ce film regorge de belles images et de plans très symboliques, le scénario dévoile, quant à lui, trop vite le dénouement du film et s'attarde des petits détails qui interviennent sur le tard pour expliquer une énigme déjà résolue. Relatant une aventure humaine où se mêlent l'amour et le déchirement, Ouyoun el haramia garde toujours en trame le quotidien des Palestiniens, leurs espoirs et leurs désillusions. Le cinéma est donc un un baromètre qui permet de prendre la température de la société.À la lumière d'une tradition déjà séculaire d'art politique, et à l'aide de quelques outils conceptuels simples empruntés à la sociologie et à la philosophie politique, deux documentaires ont été projetés aussi à la même occasion, en interrogeant l'héritage de Fanon et de Mandela, en l'occurrence Concerning Violence (concernant la violence) du Suédois Goran Hugo Olsson et Mandela, The Myth and Me (Mandela, le mythe et moi) du Sud-Africain Khalo Matabane. Réalisé en 2014, Concerning Violence (75mn) se veutun hommage et une illustration de l'oeuvreLes damnés de la terre (1961) de Fanon, à travers une lecture des passages les plus marquants de ce livre- qui a pensé, entre autres, les luttes anticolonialistes et la place de la violence dans ces dernièresaccompagnés d'images d'archives journalistiques suédoise de combattants indépendantistes en Angola, en Tanzanie ou encore en Guinée-Bissau. Scandés par la chanteuse et actrice afro-américaine Lauren Hill, les extraits du livre de Fanon (sur la violence intrinsèque du système colonial, ou celle nécessaire du combat pour la décolonisation, etc) s'accompagnent d'interview de dirigeants des mouvements de libération dans ces pays d'Afrique ou de simples combattants.Le documentaire éclaire également sur l'actualité brûlante de la pensée fanonienne, particulièrement à travers les extraits mettant en garde les élites africaines postindépendance contre la reproduction des mêmes comportements que le colonisateur, ou encore sur la nécessité de "repenser l'humain" en s'éloignant d'un modèle européen pris dans la "course folle" au profit au détriment de valeurs essentielles d'égalité.Dans un registre plus personnel et avec une vision critique, Khalo Matabane s'adresse à la deuxième personne du singulier à son héros d'enfance, Nelson Mandela, dans une tentative de comprendre les conséquences de sa politique de réconciliation menée entre Sud-Africains noirs et blancs durant son unique mandat présidentiel (1994-1999).Dans ce documentaire, qualifié de "courageux" par de nombreux présents à la salle El Mougar où il a été projeté, le réalisateur interroge des militants antiapartheid, des hommes politiques étrangers ou des parents de victimes de crimes racistes, en essayant de brosser un portrait de Mandela éloigné du dirigeant "sanctifié" par l'Occident. Avec un souci constant d'équilibre dans le propos, Mandela The Myth And I évoque les questions du pardon, du besoin de vengeance chez certaines victimes ou encore de la réalité de l'égalité entre Noir et Blanc dans l'Afrique du Sud aujourd'hui.Le documentaire se conclut par le témoignage de jeunes Sud-Africains dont la formule "aujourd'hui, nous sommes libres mais pas encore égaux" renvoie à l'exigence de continuer le combat de Mandela, tout en proposant un jugement à la fois critique et lucide sur ces choix politiques. Cette justesse dans le traitement de l'héritage de Mandela a d'ailleurs valu à son réalisateur de nombreux prix, notamment une mention spéciale du jury des 25es Journées cinématographiques de Carthage (novembre,Dans ce débat qui ne cesse de s'enrichir à mesure que la définition de l'oeuvre devient plus complexe, passer par l'exemple et le particulier devient inévitable et nous permet de saisir comment certaines oeuvres aboutissent à un équilibre, sinon à une conciliation, efficace. Artistes, historiens et critiques s'interrogent sur la possible réconciliation de ces deux dimensions et sur les modalités concrètes de l'engagement à travers toute création artistique.Aujourd'hui encore, la question de l'engagement s'est donc émancipée de la figure de l'artiste pour s'intéresser aux qualités formelles de l'oeuvre, mais aussi à son contexte dans le cadre de la cinquième édition du Festival international du cinéma d'Alger. Pour cette énième journée du FICA, la réalisatrice palestinienne Najwa Najjar, n'a pas ignoré le drame de l'éclatement des familles palestiniennes après la seconde Intifada (soulèvement), avec son oeuvre intitulée Ouyoun el haramia (Les yeux d'un voleur). projeté dans le cadre de la compétition officielle.Coproduite par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturelle (AARC) et le producteur palestinien Ustura films, ce film d'une durée de 98 mn, est inspiré d'une histoire vraie. Ouyoun el haramia relate l'histoire de Tarek, interprété par l'Egyptien Khaled Abol Naga, de retour dans sa ville natale après sept ans d'emprisonnement après l'Intifada et qui apprend que sa fille a été recueillie par une inconnue après le décès de sa mère.Parti à la recherche de sa fille Tarek s'installe à Naplouse où il se trouve un travail dans l'ingénierie hydraulique, commence à s'intégrer dans sa nouvelle communauté et tombe amoureux de la future épouse de son patron, Lila, - incarnée à l'écran par la chanteuse algérienne Souad Massi - couturière qui vit avec ses deux enfants, dont une fille Malakdoptée, après être rentré d'Algérie où elle a grandi. Dans ce nouvel univers Tarek retrouve un semblant d'équilibre entre Malak qu'il prend sous son aile comme sa propre fille et Lila, mais les secrets du jeune homme refont vite surface et risquent d'avoir des conséquences sur son nouvel entourage.Même si ce film regorge de belles images et de plans très symboliques, le scénario dévoile, quant à lui, trop vite le dénouement du film et s'attarde des petits détails qui interviennent sur le tard pour expliquer une énigme déjà résolue. Relatant une aventure humaine où se mêlent l'amour et le déchirement, Ouyoun el haramia garde toujours en trame le quotidien des Palestiniens, leurs espoirs et leurs désillusions. Le cinéma est donc un un baromètre qui permet de prendre la température de la société.À la lumière d'une tradition déjà séculaire d'art politique, et à l'aide de quelques outils conceptuels simples empruntés à la sociologie et à la philosophie politique, deux documentaires ont été projetés aussi à la même occasion, en interrogeant l'héritage de Fanon et de Mandela, en l'occurrence Concerning Violence (concernant la violence) du Suédois Goran Hugo Olsson et Mandela, The Myth and Me (Mandela, le mythe et moi) du Sud-Africain Khalo Matabane. Réalisé en 2014, Concerning Violence (75mn) se veutun hommage et une illustration de l'oeuvreLes damnés de la terre (1961) de Fanon, à travers une lecture des passages les plus marquants de ce livre- qui a pensé, entre autres, les luttes anticolonialistes et la place de la violence dans ces dernièresaccompagnés d'images d'archives journalistiques suédoise de combattants indépendantistes en Angola, en Tanzanie ou encore en Guinée-Bissau. Scandés par la chanteuse et actrice afro-américaine Lauren Hill, les extraits du livre de Fanon (sur la violence intrinsèque du système colonial, ou celle nécessaire du combat pour la décolonisation, etc) s'accompagnent d'interview de dirigeants des mouvements de libération dans ces pays d'Afrique ou de simples combattants.Le documentaire éclaire également sur l'actualité brûlante de la pensée fanonienne, particulièrement à travers les extraits mettant en garde les élites africaines postindépendance contre la reproduction des mêmes comportements que le colonisateur, ou encore sur la nécessité de "repenser l'humain" en s'éloignant d'un modèle européen pris dans la "course folle" au profit au détriment de valeurs essentielles d'égalité.Dans un registre plus personnel et avec une vision critique, Khalo Matabane s'adresse à la deuxième personne du singulier à son héros d'enfance, Nelson Mandela, dans une tentative de comprendre les conséquences de sa politique de réconciliation menée entre Sud-Africains noirs et blancs durant son unique mandat présidentiel (1994-1999).Dans ce documentaire, qualifié de "courageux" par de nombreux présents à la salle El Mougar où il a été projeté, le réalisateur interroge des militants antiapartheid, des hommes politiques étrangers ou des parents de victimes de crimes racistes, en essayant de brosser un portrait de Mandela éloigné du dirigeant "sanctifié" par l'Occident. Avec un souci constant d'équilibre dans le propos, Mandela The Myth And I évoque les questions du pardon, du besoin de vengeance chez certaines victimes ou encore de la réalité de l'égalité entre Noir et Blanc dans l'Afrique du Sud aujourd'hui.Le documentaire se conclut par le témoignage de jeunes Sud-Africains dont la formule "aujourd'hui, nous sommes libres mais pas encore égaux" renvoie à l'exigence de continuer le combat de Mandela, tout en proposant un jugement à la fois critique et lucide sur ces choix politiques. Cette justesse dans le traitement de l'héritage de Mandela a d'ailleurs valu à son réalisateur de nombreux prix, notamment une mention spéciale du jury des 25es Journées cinématographiques de Carthage (novembre,





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