L'après-pétrole en débat

L'Algérie accuse un retard préjudiciable à son économie en matière d'exportations hors hydrocarbures.Ce déficit risque de porter un sérieux coup aux recettes en devises, au moment où le marché pétrolier connaît une chute drastique du prix du baril. Une nouvelle politique, basée sur les exportations de produits hors de l'or noir et de ses dérivés, doit être engagée par les entreprises nationales. C'est dans cette optique qu'une journée, consacrée à la thématique «Exportation hors hydrocarbures», a été organisée, lundi dernier à Blida, par la Chambre de commerce et de l'industrie de la Mitidja (CCIM). Un peu plus de 70 chefs d'entreprise locale activant dans divers secteurs économiques ont pris part à cette rencontre qui a vu la participation de plusieurs experts et chercheurs spécialistes des questions du climat des affaires et du développement économique, ainsi que des représentants des institutions de la wilaya de Blida, telles que la direction de l'industrie, du commerce, de l'Agence nationale du développement des investissements (ANDI), et des Douanes.Dans son allocution d'ouverture des travaux du séminaire, Ryad Amour, président de la CCIM et vice-président de la Chambre algérienne du commerce et d'industrie, a mis l'accent sur la nécessité de mettre en ?uvre un plan d'action qui visera la promotion des exportations hors hydrocarbures en vue de renforcer l'économie nationale face au fléchissement des cours du prix du pétrole. Pour cela, et comme le souligne le président de la CCIM, l'aspect normatif est plus qu'une nécessité, une exigence même pour le développement de l'économie nationale. Par ailleurs, le patron de la CCIM exhorte les opérateurs de la wilaya de Blida à s'organiser dans le cadre de consortiums, un moyen pour «sa» présence sur le marché. «L'expérience algérienne, s'agissant des consortiums, est prometteuse et encourageante», révèle Ryad Amour.Surtout dans le domaine de l'agroalimentaire, dont Blida est le leader, premier secteur en exportation hors hydrocarbures, comme l'ont souligné certains industriels présents. Parmi les interventions ayant retenu l'attention des participants, notons celle de Ali Bey Nasri, président d'Anexal, qui a porté sur les procédures à l'export. Le communicant fera remarquer qu'exporter doit être une décision mûrement réfléchie, demandant une maîtrise parfaite des règlements et procédures de l'exportation. Un autre intervenant insistera sur la qualité du produit exportable et de la maîtrise des coûts afin d'être compétitif, sans oublier un savoir-faire dans le processus de production pour pouvoir honorer ses commandes.En somme, les industriels de Blida sont appelés à faire preuve de pédagogie pour l'exportation, dans un marché impitoyable et qui ne pardonne pas la moindre erreur. Pour bon nombre d'entre eux, le marché africain, le transsaharien aidant, et éventuellement celui du Moyen-Orient constituent les destinations à même de promouvoir le produit local pour s'installer durablement. Les exemples de réussite dans l'exportation de produits hors hydrocarbures sont nombreux, comme l'atteste Nabil Mouhtadi, exportateur de fruits et légumes originaire de la ville des Roses, patron de Fruits Tassili. «Je perpétue la tradition de mon grand-père qui exportait de l'alfa», nous confie-t-il.Et de poursuivre : «J'exporte des dattes, des truffes et même de la pomme de terre pour des pays du Golfe.» Avec un chiffre d'affaires de 3 millions de dollars annuellement, notre interlocuteur compte diversifier ses produits nationaux à l'export. La bureaucratie, le système bancaire, le rapatriement des devises et le transport de marchandises, entre autres, restent les éléments contraignants que les industriels de la Mitidja souhaitent voir lever pour mieux exporter.