Algérie - Kays Djilali

Kays Djilali. Photographe indépendant une harmonie qu’on ne ressent pas quand on est au sol


Brumeuse et lumineuse, brouillonne et symétrique, ouverte et étouffante. L’architecte Halim Faïdi a eu l’opportunité unique de survoler Alger pour la photographier et il a confié ce travail à Kays Djilali. Les éditions barzakh les ont réunies dans un livre surprenant, coédité avec le Bec en l’air.
-D’après les petites anecdotes sur l’expédition, on apprend que vous n’avez pas pris les photos dans des conditions idéales…
Je voulais effectuer les prises de vue tôt le matin, avec un soleil bas. Nous étions en mai et il faisait assez chaud pour qu’en milieu de journée, on ait ce mélange de brume et de pollution caractéristique d’Alger. Seulement voilà, Hugo Chavez, en visite à Alger, avait décidé de reporter son départ. Jusqu’à ce que son avion parte, nous n’avons pas pu décoller. J’aurais aimé avoir droit à plusieurs vols, avec différents horaires planifiés, mais je me suis débrouillé avec les moyens du bord, dans un hélicoptère qui n’était équipé ni de harnais ni de trappe.
En plus des aléas de la lumière, il a aussi fallu gérer les contraintes techniques de la prise de vue aérienne. Quand on est en l’air, on évolue dans un espace en 3D. Il ne faut jamais perdre de vue la ligne d’horizon, même si on ne la voit pas, sinon on obtient des photos penchées. Par ailleurs, l’hélicoptère n’a jamais fait de vol stationnaire, je n’avais pas le temps de me poser pour faire du repérage ou cadrer tranquillement, je shootais toujours en mouvement. Mais voilà, c’était une occasion à saisir et pendant la prise de vue, j’ai oublié toutes mes angoisses !
-On ne peut pas s’empêcher de penser au travail de Yann Arthus Bertrand. Pour autant, vos photos ne sont pas uniquement esthétiques. Leur rareté leur donne aussi une valeur documentaire…
A ma connaissance, à l’exception des photos de Yann Arthus Bertrand, on n’a jamais vu Alger du ciel. Compte tenu des conditions de prise de vue, l’objectif n’était pas de montrer Alger sous son meilleur jour. Certaines photos, notamment comme celle de La Casbah –un véritable champ de bataille de paraboles– ne sont pas très flatteuses. J’espère qu’elles vont interpeller les gens sur la façon dont la ville s’urbanise.
-En tant qu’Algérois, qu’est-ce que ces photos révèlent de votre ville ?
Elles dégagent une espèce d’unité qu’on ne perçoit pas forcément quand on est à pied. Une harmonie qu’on ne ressent pas quand on est au sol. C’est une expédition extraordinaire de voir d’en haut la ville où tu es né, où tu as vécu. On a la sensation de sortir de soi-même, de se regarder, c’est assez bizarre. Et puis bien sûr, elles disent beaucoup de choses sur la lumière d’Alger, si particulière. Ce jour-là, le bleu de la mer tirait vers le vert…



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