Algérie - Divers Métiers d'Artisanat

Journées d’exposition sur l’artisanat à Tamanrasset: Les participants de Tinzaouatine racontent leur calvaire


Journées d’exposition sur l’artisanat à Tamanrasset: Les participants de Tinzaouatine racontent leur calvaire




«La femme artisane» revendique une prise en charge réelle et désintéressée.

A l’occasion des journées d’exposition et d’animation sur l’artisanat saharien organisées dernièrement par la direction de l’artisanat et des métiers de la wilaya de Tamanrasset, les participants représentant la commune de Tinzaouatine ont égrené un chapelet de difficultés auxquelles ils font face au quotidien.

Tout en fustigeant les élus de cette collectivité de l’extrême sud du pays, la présidente de l’association Amanar pour le soutien de la femme rurale de Tinzaouatine, Kirami Fatma, déplore «l’indifférence des autorités» et «l’exclusion de la femme artisane» dans cette région frontalière, à laquelle on ne fait appel que lors des occasions éphémères avant qu’elles se voient laisser tomber comme de vieilles chaussettes.

«Dernièrement, on a invité quelques artisanes à participer à la fête du chameau qui s’est déroulée à Timyaouine, dans la wilaya d’Adrar. Quatre femmes ont été contactées par l’APC afin d’exposer leur production symbolisant la culture millénaire des Touareg. A la fin des festivités, on les a abandonnées sur le site. Le pire est qu’une partie des objets exposés a été endommagée et l’autre complètement volée. Pour indemniser les concernées, les autorités avaient donné à chacune d’elles un sac de semoule et quelques boîtes de lait périmé. Ce n’est pas normal! Pour dire que ce qui se passe à Tinzaoutine est plus qu’une aberration. L’artisanat n’est pas du tout au centre des préoccupations des responsables locaux.»

Depuis sa création en 2012, l’association en est à sa première exposition officielle.

«Sincèrement, nous avons rencontré beaucoup de difficultés pour se constituer en association. Toutes les portes de l’administration nous ont été fermées. Nous n’avons trouvé aucune oreille attentive à nos doléances. On voulait en parler au wali de Tamanrasset, malheureusement toutes nos tentatives se sont soldées par un échec, car à chaque fois on nous trouve des excuses pour nous envoyer balader», se désole-t-elle.

Et de poursuivre : «Les responsables doivent comprendre que Tinzaouatine n’est pas à côté et que quand on parcourt 500 km de piste, ce n’est pas pour nous amuser, mais pour exposer des problèmes de fond dont souffrent les habitants en général et la femme en particulier dans cette contrée sensible.»

Déterminée à faire entendre la voix de ses concitoyennes qui butent sur le problème de l’opacité administrative, Fatma refuse l’idée d’être rejetée par sa société où le taux d’illettrisme est de plus en plus important. Selon elle, la plus instruite parmi les villageoises se limite à la 5e année primaire.

Revenant à l’initiative, notre interlocutrice dit que «c’est un rêve qui se réalise pour les femmes de Tinzaouatine. Le DAM a insisté à ce que les invités soient de vrais artisans et non pas des usurpateurs qui font fortune sur notre dos».

Signalant le problème de transport qui freine sérieusement les activités de l’association, elle a tenu à expliquer que «pour venir à Tamanrasset, on débourse entre 23.000 et 25.000 DA par personne. C’est à la guise du transporteur. On a sollicité l’aide du P/APC de Tinzaouatine, mais il n’a affiché aucune volonté de le faire. On dirait que ces élus ne cherchent qu’à nous briser.»

Le DAM, Saïdani Mourad, fraîchement installé à Tamanrasset, s’engage, quant à lui, à prendre en charge les préoccupations des artisans et insiste à ce que la maison de l’artisanat, érigée au chef-lieu de la wilaya, leur soit exclusivement dédiée.

«Il faut que cet espace destiné à la promotion des petits métiers soit animé par les artisans qui contribuent pleinement à la sauvegarde du patrimoine culturel de la région. Pour ce faire, un programme offrant l’opportunité aux artisans issus des 10 communes de la wilaya d’exposer leur production a été concocté», souligne M. Saïdani.

Un concours visant à sélectionner les trois meilleurs artisans qui vont honorer la wilaya au prochain salon national de ce créneau d’activité est au menu de ces journées, lesquelles s’inscrivent essentiellement dans la perspective de recenser et de régulariser l’ensemble des artisans de cette wilaya millénaire.

Ravah Ighil

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