Algérie - Revue de Presse

Il y a quinze ans, l’attaque du poste frontalier de Guemmar



L’attaque du poste de Guemmar 3ème partie (suite et fin) L’attaque a commencé juste après minuit, en cette soirée du jeudi à vendredi. Le soldat en faction au poste de police a été abattu sans sommation par Ahmed Rouissi armé d’un fusil de chasse. L’effet de surprise est en faveur des assaillants. Les jeunes soldats, malgré le grand nombre des terroristes, se battent farouchement en tentant d’organiser la défense de leur poste. Ils parviendront à blesser quatre agresseurs: Tayeb Sennouga, Bachir Rezig, Abdelghani Brakri et Djamel Rouissi. Il s’avèrera, lors du procès, que c’est ce dernier qui a porté les coups d’épée au soldat qui assurait la garde du magasin et que c’était le terroriste Kamel Rokh qui avait été chargé de la fabrication des armes blanches. A l’»unité» de défense aérienne mitoyenne, il n’y avait, en fait, que trois militaires au poste de police. En entendant les coups de feu et les cris, le sergent Kamel est sorti et s’est trouvé nez à nez avec les terroristes qui les encerclaient et qui ont obligé ses deux autres collègues à se mettre à côté de lui. Un terroriste a tiré à bout portant sur eux et n’avait plus de balles dans le chargeur quand ce fut le tour du sergent qui a pris la fuite dans l’obscurité. Trois soldats, Maâmar, Achour et Ahmed, (deux appelés et un actif) sont égorgés, l’un d’eux horriblement mutilé, et un important lot d’armes et de munitions volé. Cinq autres militaires sont blessés dont un adjudant, deux sergents-chefs et deux appelés. Plus tard, lors des affrontements avec le groupe terroriste, lors des opérations de recherches, quatre militaires des forces spéciales sont tués.Comme en a fait allusion Dehane, l’attaque de Guemmar devait se faire en même temps, et au même moment, que d’autres attaques contre d’autres infrastructures militaires un peu partout à travers le pays, selon un plan élaboré par Saïd Makhloufi et Abdelkader Chebouti. Pour des raisons qui restent encore ignorées, il semble que ces deux chefs terroristes qui avaient prévu le Jour «J» pour la nuit du 28 au 29 novembre 1991 ont annulé l’ordre à la dernière minute, mais le contre-ordre n’est pas parvenu à Guemmar où a été exécuté ce crime de triste mémoire. Il sera établi que dans nombre de casernes, les islamistes avaient, bel et bien, des complices parmi les militaires. Et ce ne sera qu’une partie remise. Plusieurs d’entre elles seront attaquées et des vols d’armes opérés avec parfois un massacre de soldats, comme ce fut le cas à Boughezoul ou Telagh et ailleurs.   La traque des terroristes Le repli du groupe terroriste s’est effectué à la palmeraie de Boudjelkha où Mohamed Dehane a distribué les armes et munitions volées et chargé Abderrahmane et Djamel Chefah, Abdelkrim Chenna et Saoud Medillah de rejoindre leurs villages respectifs dans les environs de Guemmar pour recueillir l’opinion de la population à propos de cette attaque. Les blessés ont été évacués chez Noureddine Nguia, membre du groupe et infirmier de profession. Le reste des assaillants a été réparti par groupe d’une dizaine de terroristes dirigé chacun vers son lieu de refuge. Selon les déclarations des terroristes arrêtés, dans cette région de palmeraies, les planques étaient innombrables d’autant que certains propriétaires, à l’instar de Boudjelkha, étaient membres du groupe. Ainsi le groupe de Dehane, en quittant Guemmar, s’est dirigé d’abord vers le sud dans la région de Ourmes où il a passé la journée du lendemain dans la nature avant de rejoindre dans la soirée les environs de la localité de Khouinine, et, de là, celle de Zgoum (sud-est de Guemmar) où il a passé la nuit dans le jardin d’un membre du groupe, Youcef Chenguel. Après s’être approvisionnés en produits alimentaires, ils se sont dirigés vers Djedaida (nord-est de Guemmar) pour s’installer dans une palmeraie. La cavale a commencé. La traque aussi. Les terroristes sont localisés le quatrième jour. Aux sommations et appels les invitant à se rendre, Dehane répond par des harangues poussant ses terroristes à mourir en «martyrs». Tout le groupe est anéanti à l’exception de Antar Taraâ qui est arrêté grièvement blessé et évacué vers un hôpital. Le démantèlement est quasi-total et les armes volées récupérées, à l’exception de deux Kalachnikovs et une bonne partie des munitions du fait que leurs cachettes n’ont pas été repérées quand ceux qui les avaient cachées se trouvaient parmi les terroristes abattus dans les accrochages lors de la traque. Seul Tayeb El-Afghani parviendra à se cacher jusqu’au 28 février 1992 où il est arrêté. Lorsque le procès du groupe s’ouvre le 26 avril, «les accusés font leur entrée dans la salle d’audience en criant des slogans du FIS». L’attaque de Guemmar consacre ainsi, dans le sang, la jonction entre les terroristes du FIS qui se préparaient au «djihad» depuis la grève insurrectionnelle de mai-juin 1991 et les «Afghans». Le déluge de feu inauguré, cette nuit-là, a montré qu’il a trouvé les moyens de n’avoir plus de fin en se nourrissant de la chair à canon disponible à satiété dans les structures locales du FIS. Surtout que, déjà, à l’époque de l’attaque du poste frontalier de Guemmar, Aïssa Messaoudi avait révélé lors de son procès, qu’il avait été envisagé de s’attaquer à la Tunisie à la suite de la condamnation et l’exécution d’islamistes par la justice tunisienne. Son groupe montrait ainsi qu’il ne limitait pas son action aux seules frontières de l’Algérie d’autant qu’il ne s’agissait pas, déjà, d’un «simple» groupe autonome mais faisait partie de toute une organisation qui se faisait appeler le MIA et qui avait une présence dans plusieurs régions du pays, toujours en jonction avec le FIS. Les défenseurs de Messaoudi n’avaient pas tort d’évoquer, lors de ce procès, que «des associations islamiques internationales basées au Pakistan et en Grande-Bretagne» étaient à l’origine de ses malheurs. Et des Malheurs de l’Algérie, faudrait-il ajouter. L’organisation qui était derrière le groupe de Guemmar, à cette époque, était déjà implantée près de la frontière marocaine, notamment à Sidi Bel-Abbès et dans les Hauts-Plateaux. Plus tard, en revenant sur l’historique de l’AIS, Ahmed Benaïcha, son «émir» pour l’Ouest, parlant de cette région, déclarera qu’elle était formée de groupes qui, au début de 1992, ont commencé à Chlef, Relizane, Mostaganem, Tiaret, Oran, Tlemcen, El-Bayadh, Bechar, sous le MIA qui est devenu par la suite AIS. L’on peut se demander, aujourd’hui, ce qui aurait pu se produire non seulement en Algérie, mais pour une partie du reste du monde, si l’élan qui propulsait le FIS n’avait pas été cassé en janvier 1992. La coalition «afghano-fissiste» qui s’est manifestée à Guemmar n’aurait pas trop attendu de se transformer en une pieuvre dont les tentacules n’auraient eu plus de limites. Les autorités militaires procéderont à un grand mouvement au sein des différentes unités militaires au niveau national sans que cela ait empêché efficacement l’exécution de certaines attaques contres des casernes. Dans l’une de ses sorties médiatiques, Ahmed Chouchane dira qu’après son arrestation, «un groupe de soldats de l’école militaire de la santé de Sidi Bel-Abbès s’est rebellé et s’est emparé (d’un lot) d’armes et de munitions. Deux jours après, un autre groupe des forces spéciales de Béni-Messous a fait de même et a rejoint le mont Zbarbar, à proximité de la capitale. Des rebellions ont eu lieu à Reghaïa, Ténès, Aïn Defla». Ce que Chouchane appelle des «rebellions», ont, selon lui, «évolué sous forme de massacres collectifs à l’intérieur des casernes, comme ce fut le cas à El-Bayadh, Bechar, Boughezoul (Médéa), Telagh (Sidi Bel-Abbès), El-Ma El-Biodh (Tébessa), Koléa (Tipaza), et ailleurs». Cette situation confirme bien que l’attaque du poste frontalier de Guemmar n’était pas, en fait, un acte isolé imputé par lui à «24 adolescents», mais un large complot tramé par les islamistes qui sont parvenus, dans une période précédente, à se créer des relais au sein de l’institution militaire qu’ils n’ont pas hésité à infiltrer comme ils l’ont fait pour bon nombre d’autres institutions, selon l’aveu d’Anouar Haddam. C’était juste une question de perturbation dans le timing si nombre d’attaques qui ont suivi celle de Guemmar, n’ont pu être menées au même moment et ont dû être reportées à partir du début de l’année 1992.
L'operation Guemmar n'avais rien a avoir ni avec le FIS ni avec le MIA. C'etait une parti d'un plan etabli en Afganistan par les fondateurs du GIA qui etaient deja a cette epoque infiltres par les services de securite Algeriennes et qui complottaient contre le FIS et le MIA. Les seules personnages dignes de temoigner dans cette affaire sont les ex subordonnees de Said Mekhloufi et Chabouti qui n'avaient pas joigner le GIA; Tous les autres sont complices d'une facon ou d'une autre avec le GIA ou avec les services de securite pour creer le pretext d'impliquer le FIS dans la violance et ligitimer l'intervention criminelle du commandement militaire contre la population.
Ahmed Chouchane - Ex Capitaine des Forces speciales Algeriennes - Birmingham
24/05/2010 - 5359

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