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Ibn Khaldoun de retour à Bejaïa



Ibn Khaldoun de retour à Bejaïa
C'est à un documentaire fort bien réussi sur les plans technique et narratif, que le réalisateur, Chergui Kharoubi, a invité le public bejaoui à apprécier. Ce dernier est venu nombreux dans la soirée de vendredi prendre place dans la salle du Théâtre régional de Bejaïa Malek-Bouguermouh, au point qu'il s'en est fallu de peu qu'elle ne puisse le contenir et qui est resté jusqu'au bout de la projection. Un public curieux de mieux connaître un personnage illustre, celui d'Ibn Khaldoun, qui a été, à un certain moment, un citoyen de leur ville et une de ses notabilités. Réalisé dans le cadre de la manifestation « Tlemcen, capitale de la culture islamique », le film n'a pourtant pas été diffusé au plus large public alors même que l'objectif de son concepteur, comme il l'expliqua durant les débats, était de faire connaître ce scientifique maghrébin des plus larges couches de la société. Ibn Khaldoun est, en effet, un personnage exceptionnel pour avoir vécu une histoire individuelle singulière, passant de la prison aux plus hautes charges honorifiques dans plusieurs royaumes grâce au succès qui couronnait souvent les missions impossibles que les monarques lui confiaient, naviguant au gré de l'histoire mouvementée du Maghreb, de l'Andalousie et du Moyen-Orient. Ambitieux à en mourir, Ibn Khaldoun n'était pas moins un esprit brillant qui savait prendre du recul et recadrer ses objectifs avec l'âge. Le pouvoir politique n'a jamais réussi à l'isoler de la sphère intellectuelle. Mieux, cette position politique privilégiée va l'aider à avoir une connaissance des tréfonds de la société maghrébine et des ressorts qui l'animent. Il en écrira l'histoire, et, ce faisant, il inventera tout simplement ce qu'on désigne aujourd'hui par « sciences sociales », de l'histoire à la sociologie en passant par l'économie, etc. Les plus grandes sommités intellectuelles modernes lui ont rendu l'hommage qu'il méritait. Le film, outre les reconstitutions de scènes, a également donné place à plusieurs chercheurs émérites de s'exprimer sur l'?uvre et le personnage d'Ibn Khaldoun. Durant le débat, certains spectateurs ont émis quelques reproches, mais le réalisateur Chergui Kharoubi n'a pas voulu s'engouffrer dans la polémique, expliquant que son film, qui s'est basé sur l'autobiographie d'Ibn Khaldoun, n'est qu'un point de vue car on ne peut traiter toutes les facettes et les péripéties vécues par le personnage, ajoutant qu'il avait l'intention initiale de diversifier les intervenants mais qu'il a dû faire avec les contraintes et les imprévus de la production. « Je ne suis pas spécialiste d'Ibn Khaldoun et je n'ai pas voulu faire une ?uvre destinée à des spécialistes », s'est défendu le réalisateur qui a insisté sur le fait que son film est une modeste contribution pour dresser un portrait d'une personnalité faisant partie du patrimoine culturel national que le grand public gagnerait à connaître. Pour rappel, ce documentaire a reçu le prix de la meilleure réalisation et celui de la meilleure reconstitution historique.


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