Happy end

Il n'est pas facile d'être un bienfaiteur en Algérie. Un geste de charité peut facilement se transformer en calvaire pour celui qui l'entreprend. C'est ce qui est arrivé à une femme qui a voulu aider une SDF handicapée mentale de 23 ans à Boumerdès.«J'ai trouvé une fille allongée devant la porte de ma maison, à la résidence Zidane à Boumerdès, vers 16h. Elle était dans un état lamentable. Alertée sur le coup, la police m'a orientée vers le commissariat le plus proche. Malheureusement, au commissariat, ils m'ont signifié qu'ils ne pouvaient que la laisser passer la nuit au siège. J'étais stupéfaite par leur réponse, surtout lorsque j'ai découvert que cette fille a déjà passé la nuit dans le siège de la 2e sûreté de wilaya dans des conditions affreuses», relate Wided Saâdaoui. La bienfaitrice décide alors de prendre la malheureuse fille chez elle après avoir eu l'accord au commissariat.Elle affirme avoir frappé à toutes les portes pour une prise en charge de la jeune SDF, sans résultat. «Je suis allée à la direction de l'action sociale (DAS), le directeur a refusé de me recevoir. Une employée à la DAS m'a sèchement dit que la DAS ne peut rien faire pour les malades mentaux. Ils m'ont suggéré d'aller à la direction de la santé et de la population (DSP). Là aussi, j'ai essuyé un refus froid», raconte amèrement Mme Saâdaoui. Ce problème aurait dû ne pas avoir lieu si la wilaya de Boumerdès disposait d'un hôpital psychiatrique ou d'une structure dédiée aux SDF.Le troisième jour, la bienfaitrice a pris attache avec l'APC de Boumerdès en compagnie de la malheureuse SDF. Là encore, elle fait face à une négligence totale. «L'APC de Boumerdès ne dispose même pas d'une ambulance de service. Le secrétaire général de l'APC a voulu tout simplement me chasser des lieux», déplore-t-elle. Pour faire entendre sa voix et crier au scandale, Wided n'a pas trouvé mieux que bloquer l'accès au siège de l'APC à l'aide de son véhicule pendant des heures, avec la SDF à bord.Sous le regard curieux des dizaines de personnes présents sur place, et vu l'embarras qu'a suscité la scène, les responsables de l'APC se sont précipités pour ramener une ambulance. Arrivés à Tiz -Ouzou, l'hôpital affiche complet, donc retour à la maison. Ce n'est qu'au bout du quatrième jour, et après la diffusion d'un avis de recherche via les réseaux sociaux, que les parents de la SDF originaires de M'sila, ont pris connaissance de leur fille. Ils ont contacté la bienfaitrice en vue récupérer leur fille perdue de vue depuis deux ans. La procédure s'est déroulée devant le procureur de la République.