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Rassemblés dans une salle de cours qui leur sert également de dortoir, studieux en pleines vacances, des étudiants grévistes de l'Ecole des Beaux-arts d'Alger, innovent dans le domaine des débrayages en "agrémentant" leur grève de rencontres avec des créateurs, autant d'échanges dont ils contestent l'absence dans leur programme scolaire.Une cinquantaine d'étudiants, sur les trois cents que compte l'Ecole supérieure des Beaux-arts d'Alger (Esba), occupe jour et nuit l'école, et y reçoivent des bédéistes et des réalisateurs de films d'animation pour des ateliers qu'ils estiment essentiels pour parfaire leur formation.Cette question des ateliers est justement une des principales revendications pédagogiques et sociales, à l'origine de leur mouvement de protestation, qui se poursuit depuis deux semaines."Nous avons décidé d'organiser ces Workshop (ateliers) pour encourager les étudiants à rester à l'école durant les vacances, c'est aussi une occasion de rencontrer des artistes engagés dans la vie active", explique Chentir Abd El Mounîim, interne à l'Esba.Ce dernier déplore le manque d'échanges entre étudiants et professionnels, surtout, dit-il, dans des domaines artistiques qui ne sont pas enseignés à l'école.Transportant les planches originales de sa BD "Fatma N'parapli", primée au dernier Fibda, le bédéiste et ancien étudiant des Beaux-arts, Mahmoud Benameur, qualifie l'atelier qu'il vient d'animer de "modeste partage" avec ces anciens camarades qu'il est venu soutenir.Cette solidarité est également affichée par le duo Chafik Rouag et Kamel Zakour, créateurs du film d'animation "Khamsa" (toujours en post-production) venus expliquer leur travail aux étudiants.En plus de ces rencontres, les grévistes, âgés entre 20 et 30 ans, organisent diverses activités artistiques (conceptions d'affiches, débats sur l'art, etc) en pleine grève.Ils s'organisent également en "cellules" pour accomplir diverses tâches destinées à assurer la logistique, les repas, la gestion du budget, l'entretien des lieux et autres.La touche artistique reste très présente, y compris dans ces activités, comme en témoignent les différents dessins et affiches appelant à veiller à la propreté des lieux, ou à l'extinction des feux à minuit pour tous les étudiants.Revoir la formation, condition pour l'arrêt de la grèveBaptisé "InfidjArt", (un jeu de mots entre explosion en arabe, et art) ce mouvement de protestation qui a débuté le 15 mars a abouti à la démission du directeur de l'Esba puis à une rencontre entre la ministre de la Culture, Nadia Labidi, et des représentants des étudiants.Parmi les points abordés lors de cette rencontre "la désignation d'un directeur par intérim (Kaddour Athmane, directeur de l'Ecole régionale des Beaux-arts de Tipaza) et la proposition d'adoption du système LMD" pour l'Esba, a indiqué la chargée de communication du mouvement, Marwa Fakir.Cette dernière proposition du ministère a été diversement accueillie par les grévistes, certains l'estimant "difficile à mettre en place au regard du manque d'enseignants qualifiés", alors que d'autres réclament "un LMD spécifique qui inclurait plus d'activités pratiques" en dehors des cours théoriques et des ateliers académiques dans les six spécialités de l'école."Nous voulons une feuille de route avec des délais précis quant à la réforme du programme d'enseignement et du diplôme de l'Esba avant d'arrêter la grève", explique Arbid Mohamed Nabil, un membre très actif dans l'organisation du mouvement.Outre ces revendications pédagogiques, les étudiants réclament, entre autres, une "actualisation du règlement intérieur de l'établissement, l'ouverture d'espaces de travail et de nouveaux ateliers et d'un campus rattaché à l'école", selon la plateforme de revendication adoptée après la rencontre avec la ministre de la Culture.Plus généralement, ces artistes-grévistes revendiquent d'élever l'Ecole des Beaux-arts au "rang d'élite" par une formation académique et des conditions de vie et de travail aptes à "faciliter l'insertion professionnelle et construire l'autonomie" de l'étudiant.Par Fodhil BELLOUL


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