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Ghardaïa, gaz de schiste, front intérieur



Ghardaïa, gaz de schiste, front intérieur
Le Sud est indissociable de l'Algérie, et l'un ne peut exister sans l'autre. C'est en quelque sorte en ces termes que le président Bouteflika a tenu à recadrer le débat sur certains dossiers qui agitent la classe politique et les ONG, dont celui du gaz de schiste, ainsi que la situation prévalant dans le sud du pays, autant sur le plan sécuritaire que du développement local. En particulier à Ghardaïa, avec le clivage sur fond de violences entre les deux communautés (ibadite et malékite), choisie cette année pour abriter les commémorations du 19 Mars. En parlant clairement de ses ‘'inquiétudes'' sur certaines questions politiques et économiques qui agitent depuis quelques mois le landerneau politique national, le président Bouteflika a lancé de sérieuses mises en garde contre certains milieux qui ‘'s'évertuent, matin et soir, à effrayer et démoraliser ce peuple, à saper sa confiance dans le présent et l'avenir''.Dans un long discours lu en son nom à Ghardaïa par son conseiller Med Benamar Zerhouni, le président a appelé les deux communautés locales, les Ibadites et les Malékites à la sagesse, estimant qu'il est ‘'temps que (Ghardaïa) renoue avec la sécurité, la quiétude et la sérénité d'antan''. Pour rétablir la situation et normaliser les rapports entre les deux communautés et, surtout, relancer la croissance locale, le président a rassuré tout le monde en affirmant que ‘'l'Etat est déterminé à poursuivre ses efforts et à ne rien épargner pour rétablir le calme dans la région de Ghardaïa tout entière''. En outre, ‘'tous les moyens et capacités nécessaires (seront mobilisés) pour ce faire'', assure encore le président Bouteflika, qui a par ailleurs appelé les deux communautés (ibadite et malékite) à faire ‘'front contre la division et la discorde et contre toutes formes de régression''. Revenant sur les manifestations anti-gaz de schiste qui se tiennent depuis maintenant plus de deux mois à In Salah, le président Bouteflika, qui a confirmé que l'exploration du gaz de schiste se poursuivra en Algérie, a en fait dénoncé ces manifestations organisées par les citoyens d'In Salah au sein d'un vaste mouvement citoyen. Pour le président Bouteflika, il s'agit ‘'d'une partie de la population d'In Salah qui persiste dans ses protestations, en dépit de toutes les assurances qui lui ont été données''. Même s'il a affirmé qu'‘'In Salah est la prunelle de nos yeux'', il n'en a pas moins estimé être ‘'particulièrement affligé' devant ces manifestants anti-gaz de schiste, qu'il assimile à ‘'des enfants de la région poussés à nuire à l'Etat de leur pays'', alors que d'autres, relève-t-il, ‘'tendent à mettre en doute le dévouement et l'intégrité des dirigeants de leur Etat, et à s'inscrire en faux contre le bien-fondé de leurs actions, décisions et plans conçus pour réaliser le développement du pays dans son ensemble''.GAZ DE SCHISTE, LA MALEDICTION D'IN SALAHDès lors, et en dépit de ces mouvements anti-gaz de schiste, il a expliqué que ‘'sans une connaissance suffisante des potentialités de notre sous-sol en gaz et en pétrole et gaz de schiste, il ne nous sera pas possible de planifier les étapes futures du développement de notre pays''. Le chef de l'Etat tempère cependant, affirmant que l'option gaz de schiste ne se fera pas au détriment de l'environnement et de la santé des Algériens. Et, sur ce dossier, Bouteflika rappelle que la décision a été prise ‘'d'engager les travaux d'exploration et d'évaluation, uniquement, des potentialités du pays en gaz de schiste. Nous nous conformerons à cette option jusqu'au bout''. Avant d'appeler les anti-gaz de schiste à In Salah et ailleurs ‘'à privilégier la sagesse et à faire prévaloir la raison'', rappelant que ‘'la préservation de la santé des citoyens et de leur environnement est la ligne rouge que ni l'Etat ni nulle autre partie ne peut franchir''.Sur le prochain découpage territorial annoncé pour les régions du Sud et des Hauts-Plateaux, le président Bouteflika a indiqué que ‘'les mesures arrêtées seront concrétisées dès que sera réglée la question préjudicielle liée aux procédures réglementaires'', alors que ‘'les secteurs concernés seront mobilisés pour réunir les conditions techniques et préparer les divers moyens nécessaires, afin de garantir l'aboutissement du processus''. Par ailleurs, les périls sont nombreux sur le ‘'front interne'', estime-t-il, dénonçant ceux, ‘'nombreux, à se laisser aller, pour des motifs futiles, à commettre des actes de vilenie morale et d'incivilité'', et a manifesté son inquiétude devant ‘'la nocivité de ceux, d'entre nous, qui se sont laissés glisser sur la dangereuse pente de la politique de la terre brûlée dans le dessein d'arriver au pouvoir, même en mettant notre Etat en ruine et en marchant sur les cadavres des enfants de notre peuple''. Pour le président Bouteflika, il y a donc sur la scène politique nationale ‘'des pseudo-hommes politiques'', qui, a-t-il dit, ‘'s'évertuent, matin et soir, à effrayer et démoraliser ce peuple, à saper sa confiance dans le présent et l'avenir (...)''. Toutefois, une première version de ce texte, qui a été corrigée par l'APS, contenait une phrase relative à la presse, que le président accusait d'être à la solde de ‘'pseudo-hommes politiques''. Une phrase qui a sauté dans la seconde version, corrigée. Voilà ce que disait la phrase tronquée du texte initial de l'APS : ‘'Je constate que des pseudo-hommes politiques, soutenus par une presse qui n'a aucun souci de son éthique professionnelle (…)''. Menaçant, il avertit que ‘'cet état de fait nous met dans l'extrême obligation d'user d'un surcroît de fermeté et de rigueur, pour défendre l'Etat'', avant de mettre en garde, car ‘'c'est un devoir constitutionnel, légal, légitime et moral qui ne peut souffrir ni report ni dérobade''. Un message clair, en fait, pour ceux qui veulent ‘'remettre en cause ce qui a été consacré conformément à la Constitution et par la volonté populaire clairement exprimée''.BENFLIS, LA REACTIONLa réaction de Ali Benflis, candidat malheureux à la dernière présidentielle, est sans équivoque: ‘'La vacance du pouvoir rend particulièrement difficile de savoir qui fait dire quoi au premier responsable du pays''. Pour lui, ‘'le message prétendument présidentiel lu à Ghardaïa à l'occasion de la célébration de la fête de la Victoire'' suscite quatre lectures politiques essentielles. La première, pour M. Benflis, est que ‘'dans sa lettre comme dans son esprit, le message prétendument présidentiel n'en est manifestement pas un'', car ‘'il n'en a ni la hauteur de vue, ni le sens de la mesure et de la responsabilité, ni la vision toujours rassembleuse qui forment les traits distinctifs des messages présidentiels respectables''. Il ajoute que ‘'le message lu à Ghardaïa (...) agresse et stigmatise en un moment de célébration nationale alors que partout dans le monde, les célébrations nationales constituent le temps fort de l'union sacrée''. La seconde lecture du message du Président, selon Benflis, est que le message ‘'présidentiel lu à Ghardaïa n'a rien de particulièrement rassurant, et (...) révèle aussi un régime politique qui n'a plus prise sur les réalités et un régime politique qui ne sait plus quoi dire, quoi faire et quoi inventer pour cacher ses innombrables faillites politiques, économiques et sociales qu'il laissera pour seul héritage à la génération présente comme aux générations à venir''. La troisième lecture du message du président, selon M. Benflis, relève que s'il a été lancé à partir de Ghardaïa ‘'un appel à la consolidation du front intérieur et de diriger vers l'opposition nationale un doigt accusateur l'incriminant dans son affaiblissement'', c'est bien cette ville elle-même qui ‘''peut témoigner que c'est bien la vacance du pouvoir, un gouvernement à l'abandon et des institutions en déshérence qui sont les sources réelles de l'effritement de notre front intérieur''. ‘'Un choix bien mal inspiré'', suggère Benflis, pour qui la quatrième lecture du message présidentiel est qu'elle ‘'concerne les boucs émissaires et les fausses cibles que le régime politique en place semble s'être choisi. Il s'agit de la presse et de l'opposition nationale''.





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