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Générale de la pièce "Le retour du ouali en son saint lieu", de Omar Fetmouche


Générale de la pièce
La nouvelle ?uvre de Omar Fetmouche Le retour du ouali en son saint lieu, du théâtre régional de Batna, a été présentée au public constantinois dans le cadre de la manifestation "Constantine, capitale de la culture arabe 2015". Cette adaptation du roman de Tahar Ouettar, Le retour du ouali en son saint lieu, est d'une mise en scène assez originale et atypique de Omar Fetmouche et une réécriture de l'auteur Mohamed Bourahla, qui a pris des libertés et des risques contrôlés en étant peu fidèle au texte original. Il n'y a point d'ouverture de rideau, puisque l'occupation de l'espace n'est point limitée, même s'il est clos. Dans les airs, des cordes suspendues rappellent un castelet de marionnettes ou peut-être des fils d'araignée, installées comme un piège fatal qui peut se retourner contre son propre tisseur. El-ouali, interprété magistralement par Samir Oudjit, est une sorte de gourou et gardien de la mémoire et de la morale, il règne en maître absolu, sans partage. Il ne cesse de répéter que hors de ce lieu, c'est le chaos, le péché, la peste, celui qui doute de ses paroles en subira les conséquences : il meurt. Le monologue et la tirade expliquent le monopole de la parole mais aussi de la décision. Seul ou presque, le ouali parle de ce qu'il a pu voir comme horreur hors de l'espace clos situé on ne sait où. Quand on lui adresse la parole on baisse les yeux et on dit "sidi". Comment a-t-il acquis cette suprématie, cette domination, cette autorité absolue ' Est-ce par sa malice, sa force ou par le silence complice de ses serviteurs ' Verser et faire verser le sang est chanté en ch?ur ; tuer est un acte de bravoure. Aimer et sourire est réservé aux faibles ; seul le sang de l'autre purifie et permet l'équilibre et la vie en paix. Nous sommes les élus, les autres c'est l'enfer... Le dénouement a failli être le plus heureux, sauf que l'amour vient en retard pour des êtres déshumanisés, qui semblent avoir perdu le sens d'aimer et de partager et qui croient dur comme fer qu'ils ont toujours raison. Un amour rôde autour d'un lieu de haine, du rejet de l'autre. Morjana (Draghla Johra) fait une apparition comme pour sauver et récupérer l'irrécupérable. Elle rencontre le gourou qui, hélas, ne sait plus aimer, ne sait plus être courtois ; la haine niche dans son c?ur, comme tout le groupe qui niche dans une casemate, il y a quelques années, peut-être pendant la décennie noire. Aimer mène à la mort, à la pendaison. Pris au mot, un émir remplace un autre, pour perpétuer la haine et la mort, et c'est le sort réservé au ouali. Un autre le remplace, la boucle est bouclée, aucun chamboulement, sauf peut-être attendre la prochaine dérive. Ouvrir un livre, dire un mot d'amour, aller vers les autres... Le refus et l'absolutisme semblent avoir encore de bons jours devant eux.R. H.


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