Algérie - A la une



Fatwa
Par Aziz Farèsazizfareslesoir@gmail.comC'est bien connu : les insultes sont les armes des faibles. Quand ils sont à court d'arguments rationnels pour défendre leur point de vue, ils attaquent la personne au lieu de ses idées.Kamel Daoud est-il celui par qui le scandale arrive ' Son livre Meursault, contre-enquête semble soulever des passions démesurées qui oscillent entre le Goncourt et la fatwa.Qu'est-ce qui a fait réagir quelques énergumènes illettrés ' Son livre ' Impossible ! Car il aurait d'abord fallu qu'ils le lisent ! Et quand bien même ! De quoi serait-il coupable pour être condamné par un tribunal qui se croit populaire ' D'avoir, par un retournement de l'Histoire, abordé une question brûlante : le rapport clinique qui unit ET divise la France algérienne et l'Algérie française 'Je pencherai plus pour son passage, brillant, à la télé française qui a montré un homme en pleine possession de ses moyens. Prudent, calme, attentif, il a su se positionner dans un débat qui dérange ces bien-pensants qui ne cherchent qu'à imposer la loi de l'omerta.Chut?! Taisez-vous?! Et écoutez les voix qui hurlent dans la nuit de l'ignorance en appelant au meurtre. AU MEURTRE !En exprimant son idée de la religion, sa conception de l'algérianité, de la colonisation... Kamel Daoud n'a pas troublé l'ordre public comme le font des individus qui, sous d'autres latitudes, auraient immédiatement dû répondre de leurs propos devant la justice. Il n'a pas non plus remis en question une quelconque prescription divine.Il a fait ce que tout intellectuel est appelé à faire : il a réfléchi et dit, en son âme et conscience, ce qu'il pensait de la société, des questions d'actualité, du monde.Le crime de Kamel Daoud serait donc d'avoir dit une vérité qui ne s'inscrit pas dans le moule d'une pensée figée. Un crime ' Qui serait donc puni par un autre crime qui serait perpétré par des hommes qui se prennent pour Dieu. Quel blasphème ! Quelle honte !Il y a quelques années, une expression avait fait florès : «La régression féconde !» Nous y sommes.Cette régression mentale a enfanté un ogre qui vampirise toute la société qui voit des fantassins hirsutes partir à l'assaut de la Liberté au nom d'une religion dont ils sont, à leur insu, les principaux fossoyeurs. L'inquiétude de ces nouveaux croisés est de voir émerger une pensée qui les dépasse et les effraie. Ne leur reste comme refuge que la violence, seule langue qu'ils aient jamais apprise. La langue des faibles d'esprit.


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