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El Bayadh
Dans cette commune steppique, les villageois n'ont qu'un centre de santé, vidé de tout son sens, pour se soigner.Premier poste avancé ouvert par les premières cavaleries coloniales lors de leur avancée vers le Sud du pays, stoppées net dans leur avancée par un chott inondé tout au début de la seconde moitié du 19ème siècle, Kheiter leur offrait l'avantage d'avoir un ?il sur plusieurs dizaines de kilomètres à la ronde sur l'immensité des hautes plaines steppiques et c'est ainsi que fut érigé le premier fortin militaire français, actuellement dans un état de vétusté avancé, qui devait être suivi par le tracé du chemin de fer et celui du village qui garde encore les vestiges d'une époque à jamais révolue.Bien qu'il constitue le premier jalon de tout un chapelet de hameaux, ce chef-lieu de commune, l'un des plus vastes de la wilaya d'El Bayadh, compte quelque 8000 âmes. Il y a quelques années seulement, des pionniers venus des wilaya de Mascara et de Sidi Bel Abbès se sont lancés avec succès dans le maraichage et l'arboriculture mais comme la main d'?uvre faisait cruellement défaut, ils ont dû abandonné laissant derrière eux des terres alluvionnaires envahies par les mauvaises herbes.Défavorisée par rapport à sa position géographique, une place sur la RN 6 que lui envient le reste des autres villes de la wilaya, un carrefour entre les régions du Nord et du Sud-ouest du pays, Kheiter est resté quelque peu replié sur lui même et figé dans le temps et l'espace. Les équipements collectifs n'ont pas suivi le rythme de la croissance démographique, et seuls quelques établissements scolaires et un centre de santé, vidé de tout son sens, mettent un peu de baume sur le c?ur des habitants qui aspirent à plus de progrès.L'important axe routier, la RN 6, est réputé pour être l'un des plus meurtriers de l'Ouest du pays, détenant le triste record mensuel d'une vingtaine d'accidents mortels mais, hélas, aucune structure sanitaire n'y a été prévue par le passé pour faire face au flot de blessés graves signalés sur cet axe routier et la seule unité de la protection civile, avec ses faibles moyens, est dépassée et ceci en raison du déficit en personnel hospitalier qui ne dispose que de quatre lits réservés à un service de maternité, lui-même dépourvu des commodités les plus élémentaires, sans sage-femme, ni accoucheuse rurale.Etat de déliquescenceLe compter sur soi, l'entraide et l'esprit de solidarité entre les habitants de cette commune a sauvé des centaines de vies. De pareils cas sont orientés vers le chef-lieu de wilaya de Saida qui est le plus proche. Seul un dentiste et un infirmier assurent la permanence dans cette structure hospitalière qui bat de l'aile, une ancienne construction dépourvue de chauffage et de produits médicaux de première nécessité, exceptés des pansements et du mercurochrome, et c'est le maire qui prend financièrement à sa charge les cas jugés graves.L'état de déliquescence dans lequel se trouve la seule salle de soins, a fait sortir les habitants de leurs gongs plus d'une fois et leur parler du reste des autres équipements collectifs revient à attiser leur colère. Sur ce même axe routier meurtrier, Mosbah, autre hameau qui compte quelque 250 âmes et à une trentaine de kilomètres au Nord de Kheiter, dont les habitants viennent enfin d'être consolés par l'arrivée du gaz de ville, ne sont pas au bout de leurs peines.Quelques hangars et habitations éloignées les unes des autres datant des années soixante dix, période de la collectivisation, une seule école primaire et une salle de soins glaciale et vide sont les uniques bâtisses qui demeurent encore debout et donnent un air de vie au hameau. N'était-ce le courage du seul infirmier qui fait à lui seul le tour de toutes chaumières pour assurer les soins basiques, et la récente route qui le relie au second hameau de Bordj El Mey distant de plus de 40 km, ce village aurait depuis belle lurette sombré dans l'oubli.La céréaliculture a fait les beaux jours des gros propriétaires terriens de cette région réputée pour ses champs de blé qui s'étendent à perte de vue et la présence permanente, en cette période automnale, d'une nuée de tracteurs agricoles laisse présager que la céréaliculture assurera l'avenir de cette région.En matière d'emploi, la commune n'a rien à offrir aux jeunes en dehors d'une poignée de postes accordés dans le cadre du pré-emploi dans l'unique siège de la mairie qui fait l'objet d'une pression sans cesse croissante surtout lorsqu'on sait que pas moins d'une cinquantaine de jeunes diplômés, filles et garçons, ne cessent de harceler les autorités locales pour obtenir ne serait-ce qu'un hypothétique emploi.Désormais, le train ne sifflera plus jamais devant l'imposante bâtisse, gare bicentenaire envahie par les herbes avec quelques wagons abandonnés par la SNCFA, autrefois importante aire de conditionnement de la production de l'alfa qui assurait des centaines d'emplois saisonniers.



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