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Des soirées en demi-teinte à El Bayadh



Des soirées en demi-teinte à El Bayadh
Après le f'tour et la prière des taraouih, les quelques placettes de la ville sont prises d'assaut par des dizaines de personnes en quête d'un bol d'air frais, sirotant un verre de thé à la menthe.Ne connaissant ni loisirs, ni ambiance festive, ces habitants préfèrent prendre le large et faire un saut chez le proche qui réside à la campagne, histoire de mettre fin à l'isolement. Les palabres s'articulent alors, toute la soirée, à la belle étoile, autour de la mauvaise saison agricole, la sécheresse qui s'est installée confortablement et surtout sur la cherté du prix de l'aliment du bétail.Retour à la ville.C'est un peu comme le Nord. Les soirées sont ponctuées par d'interminables parties de dominos. Autres temps, autres m?urs ! Dans cette région qui a vu défiler les maddahs et les poètes populaires qui se disputaient le moindre pouce de terrain de la place pour égayer un public très large, connaisseur et demandeur.C'était l'époque aussi des soirées ramadhanesques, passées en solitaire, pour ces innombrables nomades et éleveurs qui, du fin fond de l'immensité de la steppe, terrés dans leurs «zriba» en alfa, s'abritaient contre le soleil de plomb qui s'abattait sur eux en cette saison. Ils oubliaient le monde. Ils ne s'en rappelaient que le temps de faire de petites emplettes chez l'épicier du coin : des dates sèches, du thé, du café et du sucre constituent leur ravitaillement, de quoi tenir pendant un mois. Aujourd'hui c'est l'exaspération ! Chaque soir, c'est la cohue.On se presse dans les rues devant des cyclomoteurs qui détonent et dérangent. C'est l'encombrement et les nombreux bouchons sur toutes les artères de la ville.Des nuées d'enfants qui s'agglutinent devant les rares crèmeries. «Un Ramadhan totalement différent de ceux qu'on a vécus avant», nous confie avec amertume Si Kay, un quadragénaire, revenu au bled après une très longue absence, pour goutter, nous dit-il, aux délices de la hrira maison, de la semoule d'orge aromatisée de plusieurs pincées d'herbes sauvages soigneusement sélectionnées dans l'erg saharien et savamment préparée par nos vielles mamans.C'est d'ailleurs le seul plat qui fait de la résistance. C'est ce qui reste dans les chaumières et qui trône en premier sur la table dès l'appel du muezzin.


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