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Des policiers révoqués dénoncent la hogra




Des policiers révoqués dénoncent la hogra
Depuis que les agents des Unités républicaines de sécurité (URS) ont gagné la rue pour demander le départ du DGSN, Abdelghani Hamel, et de meilleures conditions de travail, les langues se délient?Il n'y a pas de hiérarchie ni de service public. Si tu ne leur fait pas allégeance, si tu ne les laisses pas t'utiliser dans leurs combines, ils te virent», crie un homme, la cinquantaine, entouré d'une vingtaine d'autres personnes rassemblées devant le siège de la DGSN. «C'est normal qu'il n'y ait pas d'autorité dans ce pays, personne n'est à sa place», hurle-t-il encore en fixant les policiers en tenue, venus encadrer ces manifestants qui se sont installés, hier, face au siège de la police avec banderoles et pancartes.Il s'appelle Ahmed Tadjine, ancien inspecteur de police affecté aux Renseignements généraux de la DGSN ; il a été licencié dans les années 2000. Il fait partie des 6000 policiers révoqués, cités dans la plateforme de revendications des URS qui ont manifesté durant deux jours devant le Palais du gouvernement et la Présidence. «Ils m'ont mis en prison parce que j'ai dénoncé des pratiques illégales au sein de la police. L'homme que j'ai dénoncé est devenu commissaire principal à la BNPJ et moi j'ai été jeté en prison sans raison.» Deux années de prison qui ont «détruit ma vie et celle de ma famille !» «Aujourd'hui, je me bats pour eux. Ils m'ont mis en prison et les ont jetés à la rue. Je ne veux pas être réintégré, je demande que justice soit faite !» Ils étaient une vingtaine à faire le pied de grue, hier, sur la place des Martyrs.Licenciements arbitraires«Nous sommes là pour représenter tous les policiers révoqués dans des conditions opaques», explique une femme ; elle aussi était inspectrice de police aux Renseignements généraux. Elle a été licenciée en 2000 après s'être absentée deux semaines pour des raisons de santé. Ils dénoncent des «licenciements abusifs et arbitraires». 6000 policiers révoqués, chacun son histoire. «Moi, j'ai été licencié pour complicité dans un réseau de stupéfiants, j'ai passé 27 mois en mandat de dépôt où j'ai été torturé», dénonce l'homme, en dévoilant les traces de graves blessures sur ses jambes. «Je m'appelle Abdenour Benmedour, je suis fils de chahid, j'ai été acquitté par la justice mais je n'ai pas été réintégré, je suis au chômage depuis 1998 !» hurle-t-il.Près de lui, un jeune, la trentaine, retrousse ses manches et montre des cicatrices : «Moi, j'ai été blessé lors des émeutes du sucre et de l'huile, le 6 janvier 2011, j'ai eu des blessures aux bras et aux pieds à M'sila. J'ai été révoqué juste après avoir repris mes fonctions», raconte-t-il. Originaire d'Oum El Bouaghi, ce jeune homme a rejoint les rangs de la police en 2010. «J'ai travaillé pendant un an et demi, j'étais armé. Après mes blessures lors des émeutes de janvier 2011, on m'a annoncé que mon stage était fini et que mon test psychologique n'était pas concluant. Pourquoi m'avoir armé et envoyé contre les émeutiers, alors», demande-t-il, les yeux exorbités de colère. Ahmed Tadjine, l'inspecteur des RG qui a fait deux ans de prison, l'interrompt : «Il a écrit 20 lettres au général Hamel, il n'a reçu aucun réponse, aucun accusé de réception. Comment fonctionne cette police '»«Gestion aléatoire»En 2012, le lieutenant-colonel Mohamed Benaired, responsable des ressources humaines à la DGSN, avait révélé ces dysfonctionnements dans une déclaration à la presse : «La gestion des carrières du personnel se faisait de manière aléatoire, ne reposait sur aucune règle», ajoutant : «Les mesures de suspension de fonction étaient souvent prises de manière arbitraire.» Mais il semble que rien n'ait été fait après ses aveux. «Certains de nos collègues se sont suicidés par désespoir, moi je ne suis pas suicidaire, je vais dénoncer toutes leurs combines, raconter tout ce que je sais sur leurs magouilles. J'ai été dans la garde rapprochée du Premier ministre, à la Présidence et à la DGSN», s'emporte Ahmed. Il dit avoir rejoint les rangs de la police en 1984. Il a été révoqué en 2005 et a écopé de deux ans de prison ferme suite à un «règlement de compte», dénonce-t-il en citant des noms.Depuis que les agents des URS ont gagné la rue pour demander le départ du DGSN, Abdelghani Hamel, et de meilleures conditions de travail, les langues se délient. Ces policiers révoqués se disent déterminés à dénoncer ce qu'ils ont longtemps tu et à lutter pour que justice soit faite. Licenciés durant la décennie noire, durant les années 2000 ou plus récemment encore, en 2011, ils réclament que leurs dossiers soient revus et étudiés l'un après l'autre.


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