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Déplacer In Salah au Mali et lui envoyer Lamamra




Déplacer In Salah au Mali et lui envoyer Lamamra
Tout le monde est étonné par ce paradoxe : un régime qui conseille le dialogue, la médiation, l'approche politique et le consensus pour les conflits internationaux, mais qui pratique matraque, déni, propagande haineuse et violence pour les conflits avec les siens, en mode national. Et l'opinion a bien ri (jaune) de l'accord de paix « réussi » entre Maliens par Alger et de l'usage de la force pour ce qui concerne le refus des gens de In Salah en ce qui concerne l'exploitation de gaz de schiste. Dilem l'a bien dessiné : un Malien qui donne rendez-vous à Bouteflika pour la signature d'un accord de paix entre Algériens, au Mali. En plus ample, c'est la même posture pour tout le reste : principe de non-ingérence internationale, de défense du droit de disposer de leur liberté pour les peuples (sauf pour nous), de l'approche non sécuritaire et non militaire pour les crises (sauf chez nous, entre le régime et nous) et de la nécessité de dialoguer avant de frapper, sauf chez nous, entre nous et le régime. On peut s'imaginer ce pays où le régime a la politique de Lamamra avec les Algériens et la politique d'El Hamel avec les pays de la main étrangère. Dans le délire et dans le désordre.Car ce qui se dégage d'abord quand on pense au traitement par le déni et l'usure qu'a décidé le régime pour le dossier du gaz de schiste, c'est l'évidence : le refus d'accorder aux gens le statut de l'interlocuteur reconnu, égal, légal et légitime. La tradition politique est celle du centralisme monarchiste qui dicte la raison nationale à la raison locale. Les administrés ne sont pas reconnus comme citoyens qui ont le droit de refuser ou de dire non. Le régime n'a pas à discuter avec eux ou à leur accorder le statut de débatteur. Un peuple, cela s'administre, se ramasse en salle pour les meeting et les élections puis se fait disperser par la matraque ou les interdictions de se rassembler. Pour conter les marches annoncées du 24 février, voulue par des partis d'opposition, on a mobilisé Sellal, le titubant Sidi Saïd, Bensalah, des chaînes TV et des médias ; mais pour traiter du refus des In Salhis, on a envoyé un policier puis on a dit qu'il ne s'y passe rien.Le déni sert de stratagème pour contenir la protestation mais il exprime aussi ce mépris d'essence qu'a un régime né de ce croisement qui nous a été fatal: la mentalité cachottière du maquis et la culture de domination du colon. Encore plus visible quand il s'agit de traiter de protestation chez les «administrés», au sens colonial du terme, les Algériens du Sud, supposés nourris et logés et donc inaptes à la contestation sauf par manipulation externe. D'ailleurs, quand le régime parle de main étrangère derrière les protestations du Sud, «il vise généralement le Nord» par le qualificatif d'étrangère, expliquera un ami. Etrange psychologie.Donc à In Salah il n'y a rien. Parce que In Salah c'est rien, comme le Sud, comme toujours. L'ENTV a repris même l'ancien qualificatif que nous connaissons tous « chahut ». Et c'est dommage : peut-être que si In Salah était située au Mali, Alger aurait trouvé un accord rapidement. Et avec le sourire et la fanfaronnade.



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