De l'or pour les braves

Autour d'un bon repas, un verre ou un café d'importation, beaucoup sont ravis de la chute du pétrole, pensant en finir avec le système Bouteflika qui, faut-il l'avouer, n'est pas le meilleur modèle que mérite le pays.Pourtant, avec un baril à 40 dollars dans la durée, l'Algérie, faute d'avoir eu des dirigeants éclairés, va entrer en décadence. L'emploi, soutenu par l'investissement public, va se raréfier. Les dévaluations du dinar vont éroder encore le pouvoir d'achat et tout sera plus cher.Des entreprises vont fermer, l'inflation va se démultiplier et les salaires se bloquer, l'argent va manquer et des projets vont s'arrêter, les subventions vont diminuer et les impôts augmenter.Quant à Bouteflika, qui a attiré la détestation au point que certains souhaitent la faillite du pays, il va partir, peut-être même avant la fin. Débarquant à l'embellie pétrolière de 1999, il quittera sa forêt quand il n'y aura plus d'argent, sa seule façon de gouverner ayant été de distribuer la rente à des réseaux plus ou moins corrompus et de mater toute contestation par son alliance avec la DGSN.Ayant bénéficié de 800 milliards de dollars, il les aura dépensés, certes, en logements et quelques infrastructures de base, mais sans construire de grands hôpitaux, de grandes écoles ou un tissu de réindustrialisation et, surtout, sans mettre en place une dynamique économique permettant de survivre à un choc pétrolier.Que laissera-t-il à ce peuple qui l'a élu quatre fois ' L'angoisse des lendemains, un Sellal et un Saadani, une faible attractivité, très peu de libertés, de la corruption institutionnelle et un islamisme (re)conquérant. Lui qui voulait entrer dans l'histoire, il va probablement en sortir par la petite porte. On aurait souhaité avoir du Bouteflika mais sans argent, ou de l'argent mais sans Bouteflika. Prions pour que demain, Louisa Hanoune découvre un gigantesque gisement d'or à Aïn Dheb.