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Crépuscules des ombres, images de la bêtise de la guerre et du colonia



Crépuscules des ombres, images de la bêtise de la guerre et du colonia
Après une longue traversée du désert, le doyen du cinéma algérien et du haut de ses 85 ans Mohamed Lakhdar Hamina fait son come-back sur grand écran avec le long métrage de fiction Crépuscules des ombres. Coproduit par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel et Sunset entertainment, ce film nous plonge au c?ur de la Guerre de libération nationale dans le grand sud algérien. Khaled (Samir Boitard) est un jeune militant algérien. Etudiant à la Sorbonne, c'est en France qu'il a été recruté ainsi que ses amis. De retour au pays, Khaled et ses compagnons adoptent un sigle qui leur permettra de se reconnaitre entre eux plus tard, les jeunes optent pour «Ceca» qui n'est autre que l'abréviation de Communauté européenne du charbon et d'acier. Installé au c?ur du grand erg, le commandant Saintenac (LaurentHannequin) mène sans scrupule la chasse à l'arabe et c'est sur Khaled qu'il met la main. Cependant, un certain Lambert vient gâcher le plaisir deSaintenac. Lambert est un jeune soldat français, objecteur de conscience aux idées «altermondialistes», qui s'oppose à cette guerre. Dès son arrivée en Algérie, le jeune soldat exprime sa sympathie envers lesAlgériens et leur noble cause et c'est sans aucune hésitation qu'il vient au secours de Khaled qui allait être victime d'une «Corvée de bois», expression des militaires français pour désigner une exécution sommaire. Lambert kidnappe le comandant Saintenac et au bord d'une jeep fuit avec Khaled vers la frontière marocaine. Au milieu du vaste désert, les trois hommes que tout oppose se retrouvent face à leurs idéaux et leurs destins. Saintenac et Khaled, chacun porteur d'une mission et d'une conviction profonde quant à la justesse de sa cause, se confrontent régulièrement. Lambert, qui est le seul à être armé, reste neutre. Dans un décor rude, les masques tombent et les haines s'exacerbent. Le réalisateur a d'ailleurs construit son film sur cette confrontation d'idées, d'idéaux, de cultures et aussi de religions. Il montre des hommes perdus au milieu de nulle part, mais aussi à la quête d'eux-mêmes. «Ce film est une réflexion sur les politiques algéro-françaises de l'époque. Mes personnages ne sont qu'un support», diraM. Hamina. Le réalisateur aborde même le thème de la repentance avec une scène où l'on voit le commandant demander pardon, avant de retrouver sa véritable nature de colonisateur. Mais ce qui est intéressant dans l'approche de Hamina, c'est qu'il ne porte aucun jugement sur ces personnages car pour lui «ils ne sont que le fruit de leur éducation». C'est pour cela d'ailleurs, qu'il commence le film avec des flashbacks sur l'enfance de Khaled et Saintenac. Une sorte de road-movie, Crépuscules des ombres se distingue par sa fin où l'on voit les trois hommes traverser la zone sécurisée de Reggane avant d'être mitraillés par un avion de l'armée française. Les trois hommes tombent, un seul se relève.Profondément humain au discours politique engagé, le scénario a été écrit il y a vingt ans de cela affirme M. Hamina. Cependant, le rythme du film est assez long ce qui fait de lui une ?uvre fade. Tourné en dix semaines dans différentes régions d'Algérie dont Adrar en grande partie, le long métrage a coûté la bagatelle de 6 millions d'euros. Le réalisateur sortira bientôt une version série en trois épisodes. Quant à la sortie en salles du film, elle est prévue pour début 2015. W. S. M.


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